Sarah Lavoine : « La lumière est ma source de vie »

Hyperactive, la décoratrice d’intérieur n’en est pas moins une contemplative, capable de s’émerveiller de chaque coucher de soleil et de se poser pour capturer l’air du temps. Ce qu’elle a fait au Jardin des Tuileries, inspiration de sa nouvelle collection en collaboration avec le musée du Louvre.

Propos recueillis par Elodie Declerck

Est-ce parce que les voyages sont empêchés que vous vous êtes recentrée sur une inspiration plus locale, qui est votre quotidien, votre quartier ?
C’est vrai que j’adore voyager, mais en réalité, tout est parti d’une demande du Louvre il y a un an et demi. J’ai eu la chance de visiter le musée les jours de fermeture, de prendre le temps de tout admirer, de m’inspirer. Après avoir parcouru une galerie à l’étage, qui offre une perspective extraordinaire jusqu’à la place de la Concorde, j’ai fait part de mon envie de créer quelque chose autour des jardins, où j’ai énormément de souvenirs puisque je vis dans ce quartier depuis 25 ans. Mes enfants y ont grandi, y ont couru, joué… alors ce jardin, c’est beaucoup d’émotion pour moi. Certes c’est un voyage différent, mais c’est un beau voyage !

Tout à son image, le loft d’artiste où vit Sarah (ses anciens bureaux qu’elle a réaménagés) allie luminosité, couleurs et éclectisme dans le mobilier. « Et rien n’y est figé ! », sourit-elle. 

Avez-vous eu carte blanche ?
Totalement. J’ai eu accès aux archives de Le Nôtre, aux plans, aux dessins centenaires, j’ai eu droit à une visite privée avec la conservatrice en chef Emmanuelle Héran qui m’en a expliqué chaque détail. On ne se rend pas compte à quel point ce jardin et les gens qui y travaillent au quotidien sont dynamiques. Par exemple, tous les jardiniers d’art plantent en fonction des expositions qui sont présentées au Louvre ! J’ai beaucoup appris.

Comment cela s’est-il traduit dans votre collection ?
Je me suis vraiment basée sur les éléments emblématiques, les socles des fontaines et des statues, les bassins, les voiles des petits bateaux, les bosquets… pour les transcrire sur mes objets : appliques, coussins, bougeoirs, foulards… 

Inspirés de la vue aérienne des Tuileries, ce bandana en soie « Bosquet » et ce coussin outdoor arborent les lignes architecturales qui composent le jardin. Carafe « Daria », en céramique émaillée, Maison Sarah Lavoine.

Vous avez souvent déménagé, mais toujours dans le même quartier. Pour quelle raison ?
C’est un village au cœur de Paris, ici tout le monde se connaît : les commerçants, les habitants. Les Tuileries, c’est vraiment à part. Dans tous les cas, ce qui fait que je choisis un appartement, c’est la vue. La vue et la lumière ! J’ai besoin du ciel, du soleil, de voir les toits, besoin d’être « là-haut ». À l’intérieur, je peux tout transformer, mais la lumière est ma condition sine qua non.

Comment vivez-vous, dans quel type d’habitation ?
Je vis dans une « auberge espagnole », très ouverte, où il y a toujours les copains des enfants, mes amis, des gens de tous âges… j’aime la vie, j’aime recevoir. Ma cuisine est une pièce à vivre où l’on se rassemble. Pas du tout une maison show-room, bien que peuplée d’œuvres d’artistes à qui je voue une admiration sans borne, comme Yayoi Kusama ou des photographes d’art comme Araki. J’aime aussi les modernistes, Charlotte Perriand, mais en ce moment je suis très attirée par l’art contemporain : son univers, sa sensibilité… et sa folie.

«Les bougies, je ne pourrais pas m’en passer  ! »

Telle une signature, la bougie est l’objet fétiche de Sarah. Que ce soit chez elle, dans ses réalisations menées chez des particuliers ou ses projets hôteliers (comme prochainement à Bruxelles ou au Café de Paris, célèbre hôtel-restaurant de Biarritz), elle en essaime partout et en toute saison. « J’aime la lumière de la bougie, son halo, sa douceur, son parfum ». Alors, après la sortie ce printemps de sa première collection de lunettes de soleil en partenariat avec les Ateliers Roussilhe, pourquoi pas une création avec un grand parfumeur ?

Ci-contre, bougeoirs « Diane », « Concorde » et « Castiglione », issus de la collection Tuileries, de 32 à 48 €, Maison Sarah Lavoine.
Portraits © Julia Petroff ­– Appartement © Francis Amiand 

maisonsarahlavoine.com

Entretien paru dans le numéro 157 de Résidences Décoration

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