Chic à la française pour un cinq-étoiles époustouflant… Au cœur du quartier Bauhaus, ce boutique-hôtel de onze suites se dresse légèrement en retrait du Boulevard Rothschild, l’artère la plus élégante et la plus animée de Tel-Aviv.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Mario Palmieri
Une volée de marches, un jardin végétalisé par Piet Oudolf, paysagiste qui a imaginé la High Line de New York, une façade immaculée, une gigantesque cage d’ascenseur vitrée. Ainsi s’aborde le R48, sis au 48 du boulevard. Choc esthétique, promesse d’un séjour rare, serein, dans le quartier le plus agité de l’ancienne Jaffa, mix entre les Champs-Élysées et la 5e Avenue. La longue piscine en terrasse, où se déforme le reflet des immeubles alentour et des graminées ébouriffées de Piet Oudolf, ajoute au charme de cet hôtel, le premier signé par le studio parisien Liaigre. Pour transformer ce bâtiment Bauhaus classé au patrimoine mondial de l’Unesco tout en conservant son caractère, il fallait l’intelligence d’une équipe d’architectes, de designers et d’agenceurs capable de s’imprégner des éléments existants et des particularités de Tel-Aviv, à la fois urbaine et balnéaire.
C’est le groupe hôtelier R2M qui, ayant repéré et apprécié le potentiel de ces murs, décida de les restaurer, sans imaginer que cette réhabilitation s’étendrait sur une dizaine d’années. Après la rénovation de l’immeuble par les architectes israéliens de l’agence AN+ qui, au bâtiment historique, ajoutèrent deux ailes en verre se déployant sur la ville, l’équipe Liaigre, sous l’autorité de Frauke Meyer, directrice du bureau d’études, prit la relève, s’inscrivant dans la même logique de mise en valeur de cet édifice de 1930. Son parti pris : accentuer sa luminosité par l’usage de couleurs claires, le blanc en priorité, ponctué de touches vertes et jaunes. Mixer les matériaux bruts et précieux : granit, béton, travertin, essences de bois aux nuances contrastées (tulipier, assamela, noyer allant du blond tendre au noir profond), les étoffes soyeuses, les tapis. Et puiser dans le catalogue de Liaigre les pièces de mobilier iconiques.
Un sans-faute que soulignent les 25 œuvres exclusives choisies par Art Source, conservateur d’art israélien. « Le travail tout en transparence des architectes, leur aptitude à marier le passé et le présent nous ont inspirés, confient les curateurs. En accord avec R2M, nous avons souhaité soutenir les artistes israéliens et privilégier les créations contemporaines capables de résister aux modes, tels les tirages d’Ori Gersht, photographe exposé, entre autres, au Guggenheim de New York et au musée d’Art de Tel-Aviv. » Des œuvres qui cueillent les hôtes dès leur arrivée et donnent le ton d’un hôtel design conçu pour recevoir des voyageurs exigeants pendant de longues années.
Un regard précis et sensible
Allure de mannequin, intelligence vive, sens extrême du beau, du détail, du fonctionnel, amour de l’art, Frauke Meyer, architecte d’intérieur, diplômée de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris (Ensad), est entrée chez Christian Liaigre en 1998. Elle dirige désormais le bureau d’études. Avec ses équipes, elle réalise, signe et suit tous les projets et les chantiers internationaux. Le R48 résume à la perfection son regard, son savoir-faire, et sa sensibilité.
Article paru dans le numéro 171 de Résidences Décoration.