Paris, un appartement avec vue tour Eiffel

Hors d’atteinte, à l’étage le plus élevé d’un immeuble art déco classé monument historique, cet appartement a inversé tous ses plans pour faire la part belle à sa plus grande originalité : 27 fenêtres en bow-windows. Une ode à la lumière.

Texte Laurence Dougier / Photos Nicolas Mathéus

LIGNES RYTHMÉES. Ouverte sur la cuisine grâce à un large panneau vitré, la salle à manger est baignée de clarté. Une table avec piètement en métal et plateau en verre Colombus International et des chaises « Penelope » Bontempi surmontent un tapis Angelo Rugs. Bougeoirs Caravane; suspension « Dot Atomium » Lambert & Fils. Des assiettes de Picasso reposent sur les deux consoles Caravane. Lampe formant un ensemble de cercles « Sorry Giotto 3 » Castellani&Smith; sculptures de Marine de Soos. Au mur, peinture de Françoise Danel.

Autour du Trocadéro, un parfum années 1930 flotte dans l’air, jusque dans les parties communes de cet immeuble à la splendide façade Art déco. Ici, on s’imprègne de l’élan novateur d’un monde en bascule, entre classicisme et modernité, si caractéristique de cette époque où régnaient les lignes géométriques, le design industriel, la symé- trie parfaite. De l’ascenseur pourrait presque sortir une silhouette habillée par Paul Poiret, Jean Patou ou Coco Chanel. Aujourd’hui cependant, pas de fantôme de ces années d’entre- deux-guerres : la cabine revêtue de bois précieux est vide. Elle parcourt lentement les étages et s’immobilise au cinquième, où les vues sur la tour Eiffel sont impressionnantes. Certes, Hélène Boucher n’est pas en train de battre des records de vitesse dans les airs, pas plus qu’à Auteuil, non loin, Suzanne Lenglen n’aligne les victoires sur terre battue; toutefois, le classement de la bâtisse à l’inventaire des Monuments historiques nous rappelle la créativité d’une période foisonnante.

MÉTAL ÉMOI. L’un des espaces du double salon s’organise autour d’un tapis Toulemonde Bochart. Table basse et fauteuil rouge en métal Stephane Ducatteau, fauteuil bleu Knoll. Sur le mur peint en gris ardoise de chez Argile, liseuse murale « Link » CVL et œuvre d’Arthur Dorval. Rideaux en toile Antoine d’Albiousse.
« BEAU » WINDOW. Sous les suspensions de la collection « Collect Lighting » Ferm Living, la table de cuisine a été réalisée avec un pied AM.PM. Carafe et verres Monoprix; chaises Maison Sarah Lavoine. La banquette conçue par Agathe Lesage a été recouverte d’un tissu Pierre Frey. Coussins Élitis. Stores réalisés sur mesure dans un tissu Antoine d’Albiousse.

L’architecte d’intérieur Agathe Lesage, très attachée à cette partie du 16e arrondissement, quartier de son enfance, nous accueille dans le salon. « Je suis toujours sensible au charme de la combinaison parquet-moulures-cheminée, qui ne se démode pas et s’accorde avec tout style de mobilier, avoue-t-elle. Ici, le plan initial a été chamboulé car étrangement, les pièces de réception de l’ancien appartement donnaient sur une rue plutôt sombre, tandis que les chambres se situaient côté tour Eiffel. La décision de basculer le double living du côté de “la Dame de fer” (et donc de déplacer les chambres) et la cuisine à la place de l’ancien salon (à l’angle de l’immeuble) pour profiter de la clarté a tout changé. » Débarrassé des ombres du passé, le logement compte désormais trois chambres, une cuisine, une salle à manger, un double salon et deux salles de bains. C’est à présent un autre univers, une expression de la joie de vivre de la famille et le reflet de l’attrait des propriétaires pour les beaux objets. « Cela m’a permis de faire une jolie sélection de meubles et de luminaires », se souvient Agathe. Les maîtres des lieux sont également des fidèles du Trocadéro. « C’est un quartier hétéroclite où se côtoient résidents et touristes, très agréable au quotidien. Nous l’aimons pour sa proximité avec les commerces, mais aussi car il est bien desservi par les transports en commun », résument ils, conquis par la vue sur la tour Eiffel et par les neuf bow-windows, au point de leur faire oublier la terrasse qu’ils cherchaient. Au lieu de ce Graal initial, une lumière très chaude grâce aux 27 fenêtres, dont la couleur des huis-series donne un petit air de Manhattan à l’appartement.

EAU DOUCE. Les meubles-vasques de la salle de bains parentale, créés sur mesure, sont surplombés par un miroir et des appliques Maison Sarah Lavoine. Robinetterie Cristina & Ondyna. Le sol et la crédence sont en marbre de Carrare Arabescato. Sur les murs, nuance « Porte cochère » Ressource.

Pour parvenir à ce lieu personnalisé, alliant style contemporain, pièces anciennes et œuvres d’art, les acquéreurs se sont impliqués au côté de l’architecte d’intérieur, séduits par son goût pour les détails et les finitions. « Nous aimons sa disponibilité, sa capacité à proposer des styles qui nous ressemblent tout en nous poussant vers des choix que nous n’aurions pas fait seuls. Agathe a été capable de nous faire sortir de notre zone de confort sans nous bousculer, tout en respectant nos envies ! » poursuivent-ils. Confié à l’entreprise de bâtiment Mètres Carrés, le chantier fut un peu compliqué par les confinements, mais mené en huit mois. D’un passage par le monde du marketing, Agathe a gardé un certain goût du challenge. « Je me tiens toujours à l’écoute du client dans une relation de confiance mutuelle », confie-t-elle.

ALCÔVE FEUTRÉE. Pour l’entrée, Agathe Lesage a imaginé des rangements menuisés aussi astucieux que discrets. La confortable banquette est tapissée d’un tissu Pierre Frey et habillée de coussins Élitis. Au mur, lithographie de Vasarely. Tapis Silvera; suspension Le Deun.
ASSOCIATION FÉCONDE. Spacieuse, cette partie du salon mêle deux canapés « Alto » Caravane en velours et des coussins La Redoute Intérieurs. Sur un tapis Toulemonde Bochart, coffee table de la collection « Bell Table », design Sebastian Herkner, et table basse ClassiCon. Vase Cristal de Sèvres; coupelles CFOC. Un fauteuil médaillon ancien retapissé d’un tissu Pierre Frey dialogue avec une assise Gallotti&Radice. Bout de canapé en céramique curry « Pawn » Serax. Au mur, appliques « Ginger 42 » Marset et œuvre de Pelayo.
JUNGLE NOCTURNE. Dans la chambre parentale, qui associe les bleus et l’ocre, la tête de lit et le dressing ont été dessinés par Agathe Lesage et réalisés sur mesure. Papier peint « Jungle Jive » Au Fil des Couleurs; draps en lin La Redoute Intérieurs; plaid en coton bleu Haomy et plaid en laine curry Maison de Vacances; coussins en lin Lissoy et en laine ocre El Camino de Los Altos; applique Serax; liseuse Meljac.

Pour preuve, les menuiseries sur mesure témoignent non seulement d’un regard talentueux, mais aussi d’un profond sens de l’adaptabilité. Il a d’abord fallu s’acclimater avant de proposer les aménagements dessinés par son agence Urban D&CO parfaitement adaptés aux souhaits et besoins des commanditaires. Ces derniers s’enthousiasment : « Au premier jour d’emménagement dans cet appartement finalisé avec l’ensemble du mobilier et des rideaux, grâce à l’organisation d’Agathe, c’était comme si nous avions toujours vécu ici. »

AGATHE LESAGE

Après avoir travaillé dans le secteur du marketing au sein de grands groupes, Agathe Lesage s’est reconvertie dans l’architecture d’intérieur. Déterminée à se consacrer à sa passion du design, cette créative suit une formation à l’École Boulle. En 2012, elle crée Urban D&CO. Son activité se développe progressivement, aussi bien auprès de particuliers que de professionnels. Ce qu’elle aime? La diversité que lui offre ce métier, les rencontres et les chantiers qui ne se ressemblent pas : appartements parisiens, maison en bord de mer, chalet, péniche sur la Seine, bureaux place de la Bastille, boutique de kitesurf… elle cumule les projets très variés.

Article paru dans le numéro 168 de Résidences Décoration.

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