Le postmodernisme : jouer avec les sources

Au début des années 1970, l’architecture moderne, celle de Le Corbusier et de ses disciples, celle des lignes pures et des blocs dépouillés, disparaît au profit de références classiques comme la colonne, le péristyle ou la rotonde. Un retour aux sources pimenté d’un regard contemporain…

Texte Marie Godfrain

Sur deux décennies

À la fin des années 1960, les architectes et designers sont de plus en plus nombreux à penser que le modernisme a produit des objets, des œuvres d’art sans âme et des bâtiments dans lesquels les gens ne supportent plus de vivre. Dans son ouvrage Learning from Las Vegas, paru en 1966, Robert Venturi remet en cause cet ordre, puis, au milieu des années 1970, des architectes américains introduisent des formes inspirées de l’antiquité dans leurs créations. Un style très – trop ? – puissant qui commença à s’étioler à la fin des années 1980 mais que l’on réapprend à apprécier aujourd’hui…

Iconique

Les designers de Studio 65 ont imaginé « Capitello », une colonne tronquée inspirée de l’Acropole dont le chapiteau, tombé par terre, forme un fauteuil. L’ensemble a été développé dans une mousse de polyuréthane. Un mariage de forme antique et de matériau contemporain toujours édité aujourd’hui…

Philosophie

L’architecture postmoderne valorise les références historiques (colonne, péristyle, rotonde…) qu’elle s’amuse à pasticher et à assembler dans des bâtiments éclectiques. Rejetant l’uniformité fonctionnaliste, elle lui préfère des formes variées et expressives teintées d’ironie mais aussi d’un certain désenchantement. 

Protagonistes

On peut citer cinq architectes qui ont construit essentiellement aux États-Unis et en Europe des projets signature : l’Italien Aldo Rossi avec son « Teatro del Mondo », le Suisse Mario Botta, auteur de la médiathèque de Villeurbanne, le Catalan Ricardo Bofill, mais surtout les Américains Michael Graves, pour son Portland Building, et Charles Moore, pour son extravagante Piazza d’Italia, à La Nouvelle-Orléans…

Le « Teatro del Mondo » d’Aldo Rossi, un « théâtre vénitien » inspiré des constructions flottantes du bassin de Saint-Marc au XVIe siècle, est un mythe de l’architecture postmoderniste.

Matériaux

Le postmodernisme encourage l’expérimentation et le mélange des matériaux en les combinant de manière créative pour donner ces architectures expressives. Idem dans le design, où le mélaminé se marie au métal et le verre à l’acier, provoquant des jeux de contrastes qui font la signature de ce mouvement, porté notamment par le groupe Memphis.

Pour aller plus loin

Le livre Bofill, les années françaises, très complet, revient sur la carrière hexagonale de Ricardo Boffil et sur ses projets les plus marquants à Montpellier, à Paris et ailleurs…

De Dominique Serrell, Norma éditions, 45 €.

Article paru dans le numéro 174 de Résidences Décoration.

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