La collection de maisons d’hôtes au style italien du chef Guy Martin

Bienvenue dans le sud des Pouilles, au cœur du Salento sauvage, dans les palais classés du chef français, devenus maisons d’hôtes d’exception. À quelques kilomètres de la mer Ionienne.

Texte Anne-Marie Cattelain Le Dû / Photos Michel Figuet

Italie du bout du monde, Italie oubliée, jusqu’à ce que des esthètes jettent leur dévolu sur ces palais érigés dès le xvie siècle par les marchands et les vignerons, et ces villas construites au bord de la mer Ionienne. Dans les gros bourgs, comme Nardo, les palazzi baroques, délabrés, recouverts de végétation, côtoient des églises enluminées d’angelots, d’or, de vitraux voués à Dieu et à ses saints. En détruisant les vignes, à la fin du xixe siècle, le phylloxéra ruine les nantis. Ils s’expatrient alors vers le Nouveau Monde, vouant à la déchéance leurs merveilles de pierre qu’aucun toit ne coiffe plus. Un soir, à l’aperitivo, Guy Martin s’étonnant de ces abandons, se voit proposer par un convive de visiter le palazzo Maritati. Collectionneurs depuis de nombreuses années d’objets de designers italiens, toutes époques confondues, le chef et son épouse Katherina rêvent de sortir leurs trésors des entrepôts où ils s’entassent, de les mettre en valeur dans un cadre digne d’eux. Le palais, dans sa fragilité et son délabrement, les émeut.

Guy Martin, charmé par l’architecture des palais du Salento, son littoral sans pareil, sa campagne sauvage et la gentillesse de ses habitants, a restauré deux demeures en péril du xviiie siècle.
Derrière le porche du palais Muci, le patio et le bassin jouant les piscines ont séduit les époux Martin. Tout comme les fresques religieuses délavées et les sculptures.
Palazzo Muci, classé : dans l’entrée, canapé 1960 et table basse de Davide Caprioli. Dans l’alcôve, bureau noir Empire, machine à écrire Olivetti. Un artisan a gratté les murs pour retrouver les patines d’origine.

Le lendemain, ils sont invités à franchir le porche du palazzo Muci. Même émotion. Les herbes courent comme des folles du jardin à la terrasse. L’eau croupit dans le bassin. La bâtisse, dont certaines parties datent du ixe siècle, agonise. Ni une ni deux, les Martin sauveront aussi cette ancienne coquette, avec l’aide de Luigi Rippa, architecte des monuments historiques italiens, de Claudio, le peintre, de Fred, le ferronnier expert en outils anciens, qui réinvente les volutes des balcons, de Manco, le carreleur, qui dessine gracieusement deux mosaïques sur les sols. Katherina s’investit à fond, aux côtés de Jérôme Faillant-Dumas, ancien directeur artistique de la maison Yves Saint Laurent.

Palazzo Muci, panneaux de tissus chinois de François Dautresme, CFOC, fauteuils « Cantilever » d’Alvar Aalto.

Les murs relevés, mobilier et objets de designers italiens intègrent peu à peu les demeures, aux côtés d’œuvres contemporaines, tableaux en papier de Claudine Drai, sculpture de Laurence Bonnel, lit de Jérôme Faillant-Dumas. Chacun trouve sa place : tables basses de Gianfranco Frattini, table haute de McIntosh, chaises Ico Parisi, vase de Gio Ponti, chaises Paolo Buffa. « Récemment, confie Guy Martin, j’ai chiné un fauteuil Le Corbusier et une chaise longue Gio Ponti. Maintenant, dès que j’achète une pièce d’éditeur, je la projette à Nardo. Et puis, après le Covid, pour casser le côté minéral, l’adoucir, j’ai arborisé les terrasses, planté des citronniers, des oliviers, des manguiers, qui invitent à tendre la main pour cueillir les fruits. »

L’une des quatre salles de bains du palazzo Maritati. Au-dessus du lavabo début xxe chiné, un miroir Gio Ponti.
Façade plein soleil du palazzo Muci offrant une belle vue sur Nardo. Terrasse désormais arborisée.

Scoop à la une

Guy Martin vient de racheter un troisième palais à Nardo, qui rejoindra sa collection de maisons d’hôtes. L’État et la région, souhaitant redonner vie au Salento, aident particuliers et sociétés en finançant 30 % des travaux de restauration, à condition qu’ils s’engagent à louer pendant 10 ans minimum les propriétés remises en état. L’épouse du chef, Katherina Marx, créatrice du studio de décoration intérieure 27 juillet, après avoir achevé la décoration d’un château en Angleterre, planche sur ce projet.

Rien d’impossible

Palazzo Muci, une des chambres du rez-de-chaussée. Au-dessus du lit, œuvre de Torrick Ablack, alias Toxic.

Les deux palais regroupent dix chambres et suites qui se louent seules, mais on peut aussi privatiser entièrement les demeures, dotées chacune d’une grande cuisine pour préparer petits-déjeuners et repas. Comme dans un cinq-étoiles, un hôte joue les concierges et organise le séjour : navette pour l’aéroport ou la plage, prêt de vélos, de voitures, réservation de tables, livraison de plats de traiteurs triés sur le volet, etc. Chambre à partir de 188 €, privatisation totale d’un palais à partir de 1 100 €. maritatiemuci.com

Article paru dans le numéro 169 de Résidences Décoration.

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