Une rareté, un jardin estampillé remarquable depuis vingt ans, en plein cœur de Montpellier. Avec son vignoble, son parc à la française et ses espaces paysagés, la balade est appréciée, même par les enfants.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû
Jamais Étienne de Flaugergues, conseiller à la Cour des comptes, n’aurait imaginé que son domaine acquis en 1696 et sa folie, résidence d’été qu’il y fit construire et où il séjournait trois mois par an, situés en pleine campagne, se retrouveraient au cœur de Montpellier, en milieu urbain, sans perdre ses hectares cultivés, plantés, entretenus. Au fil du temps, la ville a grignoté la campagne. La famille Colbert, aujourd’hui propriétaire, s’attache coûte que coûte à préserver le caractère du château hérité de ses ancêtres et ses parures végétales. Elle a même, avec le paysagiste Emmanuel de Sauveboeuf, redessiné dans les années 1970, son parc à la française avec ses buis taillés, ses fontaines, ses cyprès florentins et son orangerie riche d’agrumes l’hiver. En parallèle, elle s’investit, avec son équipe forte de 25 personnes, afin que ses 18 hectares de vignoble, sur deux sites, certifiés HEV – exploitations à Haute valeur environnementale –, cohabitent avec des espaces jardiniers. Ainsi, quelque 44 variétés de rosiers embaument dès avril et 35 de palmiers s’ébouriffent dans le ciel souvent bleu, louchant avec un rien de jalousie sur la collection d’essences collectées au hasard des voyages sur tous les continents. On y trouve la préférée des enfants, l’oranger dit des Osages, tribu amérindienne qui utilisait le latex laiteux de son fruit non comestible pour balafrer leurs visages de couleur et teindre leurs vêtements.
Au sud-ouest de la propriété, sur 400 mètres, l’allée d’oliviers semblable à celle voulue en 1731 par Étienne de Flaugergues, ponctue le chemin vers les différents jardins ouverts toute l’année aux visiteurs. La bambousaie avec ses troncs noirs, verts, jaunes, striés, tremblant au moindre souffle ombrant à leurs pieds, des parterres de tulipes, le jardin des cinq sens et ses zones interagissant sur l’odorat, le goût, la vue, le toucher et l’ouïe, et enfin le dernier-né, balbutiant juste, le jardin à la japonaise. Et, parce que plus que jamais il faut surprendre, étonner, se renouveler, à côté de ses 4 hectares de jardins, le château en partenariat avec l’association Oasis Citadine développe l’Oasis de Flaugergues, ferme pour s’initier à la permaculture, apprendre à cultiver des plantes nourricières en suivant des ateliers animés en fonction des saisons par différents spécialistes. Quant aux enfants, entre les jeux de pistes aussi ludiques qu’instructifs et l’abri en pierres écolo pour les hérissons et les insectes, ils plébiscitent les dimanches et les mercredis passés à arpenter le domaine, classé aux monuments historiques et contant 330 ans d’histoire vigneronne et botanique.
Cultiver, se cultiver
Chaque année, le château programme des séries d’événements, entre balades musicales, découvertes épicuriennes, dégustation de vin, caviar, chocolat, halte au Folia, son restaurant où la cheffe Léa Roque propose chaque jour carte et menus de saison. Et pour les enfants, de nombreuses animations.
Château de Flaugergues,
1744 avenue Albert-Einstein (quartier Millénaire), 34000 Montpellier. Domaine ouvert toute l’année. 04 99 52 66 37 – www.flaugergues.com
Article paru dans le numéro 180 de RD – Résidences Décoration.
