Château La Gordonne, de roses en vignes

Ce fleuron des vignobles Vranken Estates est une appellation, mais aussi une propriété varoise du XVIIe siècle campée en majesté au milieu de ses jardins, où les rosiers le disputent aux arbres centenaires.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû

Dans cette Provence de caractère, le Réal Martin, rivière limpide aux berges verdoyantes, trace son chemin au pied des vignes, et déboule des collines, avec en toile de fond le massif des Maures. C’est dans ce paysage où les villages se blottissent autour de leurs ruelles étroites pour résister tantôt au soleil, tantôt au vent, que le Château La Gordonne, propriété viticole et demeure patriarcale, écrit depuis presque trois siècles son histoire. Davantage si l’on en croit les documents certifiant que les Romains cultivaient déjà ici la vigne, au premier siècle de la chrétienté, et au vu de certains vestiges dont la cloche de bronze datant de 1654, classée monument historique, un des 174 spécimens antérieurs à la Révolution que compte le Var.

L’art tient une place de choix dans la demeure, telle la tapisserie monumentale d’André Derain L’âge d’or ou Paradis terrestre, qui habille la salle de réception.

La famille Vranken, propriétaire de ce domaine, a entrepris une restauration d’envergure du château pour lui redonner son caractère d’élégante gentilhommière et proposer aux visiteurs de la découvrir pour mieux appréhender son terroir et ses vins. Les meilleurs artisans ont été choisis pour, pièce par pièce, corps de métier par corps de métier, intervenir. Décorateur, maçon, carreleur, tapissier, ébéniste, marbrier, peintre, électricien, se sont succédé, avec fierté et compétence, s’appliquant à respecter l’existant tout en magnifiant l’architecture et les intérieurs exceptionnels. Trois ans de chantier pour tout reprendre, de la cave à la toiture aux tuiles romanes cylindriques en terre cuite, dont la légende assure que les femmes les moulaient sur leurs cuisses. Deux étages recomposés : le rez-de-chaussée avec son enfilade de pièces de réception, et le premier, plus intime, que dessert un bel escalier orné de fresques. Deux étages où le mobilier remis en état se marie avec des pièces de collection glanées par la famille.

La restauration d’ampleur a mis en valeur des peintures murales de toute beauté comme, dans cet escalier, la fresque ornée de grives, mais aussi des ouvrages forgés uniques et des luminaires raffinés. Tout un patrimoine évoquant l’histoire du château et de ses habitants.

« À l’heure où beaucoup de propriétés viticoles succombent à la mode de l’art contemporain, d’un design international souvent sans âme, nous avons voulu, confie Nathalie Vranken, offrir à celles et ceux qui s’arrêtent au Château La Gordonne un voyage au cœur des grands savoir-faire, tout à la fois des artisans et des vignerons, une découverte de l’art de vivre en Provence, de jardins aux essences et senteurs mêlées et le privilège de savourer les meilleurs vins du domaine. » Des flacons dans les trois couleurs dont une rareté – et une nouveauté –, le vin millésimé La Chapelle Gordonne, rosé à la robe claire, minéral, aux arômes de petits fruits rouges.

Visites et dégustations tous les jours. Renseignements : lagordonne.com

Révolution

À 24 ans, Julien Fort, maître de chai, veille sur la production des vins issus des 330 hectares de vignes en un seul tenant. Pour apporter de la fraîcheur, de la vivacité à certaines cuvées, il a, avec Nathalie Vranken, expérimenté l’élevage sur lie dans des œufs en grès de 400 litres. Ainsi est née une trilogie : Le Cirque des Grives en rosé, Sémaphore en blanc et Les Planètes en rouge. Une production d’environ 15 000 bouteilles sur un total de 2,5 millions pour l’ensemble des crus du château.

Article paru dans le numéro 173 de Résidences Décoration.

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