À Radda dans le Chianti, perché sur la colline coiffée de cyprès, le domaine de Santa Maria Novella s’ancre depuis presque 1 000 ans dans ce paysage poétique. En intégrant Fontenille Collection, rebaptisé Pieve Aldina, son nom évoque ses origines romanesques.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû
En 1043, le comte de Piancaldoli, offre à Aldina, son épouse, le lendemain de leur lune de miel, cette propriété de 30 hectares au cœur de Pieve di Santa Maria Novella, entre Florence et Sienne. Attention chevaleresque de ce noble Florentin dont 982 ans plus tard la mémoire s’égare dans les méandres notariés. Au xviie siècle, séduit par la chapelle romane, les hectares en restanques et la sérénité extrême, l’archevêché de Sienne l’élit résidence d’été. En 2016, Frédéric Biousse et Guillaume Foucher, créateurs de Collection Fontenille, repèrent la propriété. Ils l’achètent en 2020 à sa propriétaire italienne, collectionneuse d’œuvres d’art, et l’ouvrent trois ans plus tard. « C’était avant tout un domaine agricole composé de quatre bâtiments, rappelle Guillaume Foucher. Cette dame n’occupait que la partie noble, classée, à l’intérieur très daté. Certaines des œuvres inestimables de sa collection, couvertes de poussière s’entassaient dans une annexe. Un seul de ces tableaux aurait permis de financer l’ensemble du chantier »,s’amuse le nouvel acquéreur. Car, pour que Santa Maria Novella devienne Relais & Châteaux, de 23 chambres et suites, avec restaurant, bar, spa, les travaux, sous l’autorité de l’Istituto centrale per il restauro, qui veille au respect du patrimoine, sont d’envergure, minutieux. « Avec le studio Pierattelli Architetture, nous avons sondé, étayé tous les murs pour nous assurer de leur solidité. Dans la partie classée, nous avons tout à la fois pratiqué des saignées pour cacher les fils techniques et repris, sous les grosses poutres séculaires, les fresques néoclassiques, les trompe-l’œil. Les professionnels hautement diplômés, restaurateurs, patineurs, aussi habiles à manier les pinceaux, les brosses, les spatules que les pochoirs, ont utilisé les matériaux, les peintures, les couleurs d’origine. Parallèlement, la tâche pour aménager les jardins, enrichir les plantations en oliviers, amandiers, vignes, a été aussi délicate. Tout le paysage du Chianti étant classé, pas question d’ajouter ou de retirer un seul arbre, de reprendre les restanques, d’aménager une piscine sans moult autorisations »,
précise encore Guillaume Foucher, l’ex-galeriste qui a passé des heures et des jours, dans la boue, sous le soleil, la pluie, aux côtés des jardiniers et des ouvriers avant d’accueillir ses premiers hôtes, charmés par l’authenticité des lieux.




Une église consacrée

Si Santa Maria Novella est devenu hôtel, son église romane, reprise au xixe siècle, reste ouverte à tous. Le curé y assure des offices, en priorité les fêtes carillonnées, les baptêmes et les mariages. Et, pour créer avec élégance un lien entre le Relais & Châteaux et la chapelle, Guillaume Foucher, historien d’art, sensible à l’âme des lieux, a multiplié dans les parties communes et les chambres, les petits retables, les gravures mythologiques et les cierges à la cire pastel. « Alléluia ! » S’unir, renouveler ses vœux, ici, c’est possible. Sans rêver de recevoir le domaine en cadeau. Juste d’y séjourner quelques nuits.
Article paru dans le numéro 181 de RD – Résidences Décoration.