Le Maximalisme, lorsque trop n’est pas encore assez

En réaction à l’esthétique minimaliste, ce mouvement, datant de plus de quatre siècles, revendique une certaine excentricité doublée d’un brin de provocation. Une exubérance à ne toutefois pas assimiler au mauvais goût.

Texte Cécile Olivéro

La date clé

Le XVIIe siècle. En Europe, à cette époque-là, lorsque l’on était riche, il fallait le montrer. Et où, mieux que dans son château, afficher sa fortune ? Mobilier, tapisseries, lustres, animaux naturalisés… tout est bon pour faire des chambres, salons, boudoirs et salles à manger des pièces hautes en couleurs. L’opulence s’invite partout, excepté dans les cuisines.

Protagonistes

L’architecte américain Robert Venturi bien sûr, mais aussi l’antiquaire et décoratrice française Madeleine Castaing, qui, en 1930, osa les associations les plus inattendues de textiles, de matières et de couleurs. S’affranchissant des modes, elle mélangea les motifs léopard inspirés de l’Empire, les losanges et les palmettes Directoire, les courbes Biedermeier… Certains architectes d’intérieur, décorateurs et designers contemporains ont expérimenté le maximalisme (ponctuellement pour la plupart) : India Mahdavi, Jacques Grange, Alberto Pinto, ou encore Jonathan Adler.

Philosophie

En réponse au « less is more » de l’architecte germano-américain Mies van der Rohe, Robert Venturi assène un « less is bore » (« moins, c’est ennuyeux ») qui donne le ton. Place à l’excès, à l’extravagance, à l’exubérance, voire à la provocation. On maximise les formes, les textures et les nuances. La profusion et la démesure deviennent la norme.

Matériaux

Rien n’est interdit pour arriver à ses fins, y compris en terme de supports : bois, tissu, céramique… C’est surtout la profusion qui crée le style, et le mélange de pièces et d’objets qui, au premier abord, ne seraient pas « design compatibles ». 

L’objet iconique

Difficile d’extraire une pièce en particulier, mais le lit à baldaquin, très prisé aux XVIIe et XVIIIe siècles, peut symboliser ce goût quasi immodéré pour l’accumulation sur un seul et même objet. Sa structure, en bois ou en métal, supporte des tentures plus ou moins opaques, plus ou moins chamarrées. 

Parfait exemple du maximalisme, le salon de la résidence de la créatrice de mode Eva Cavalli à Florence (2018). 

Pour aller plus loin

Ce livre rassemble une sélection de 200 intérieurs, du XVIIe siècle à aujourd’hui, qui, tous, sont représentatifs du maximalisme à travers le monde : du château de Versailles au palais de Buckingham, en passant par les demeures de Gianni Versace, Iris Apfel
ou Trixie Mattel.

Maximalisme. Excès, extravagance et exubérance en décoration, éd. Phaidon, 79,95 €


Et pour retrouver le style inimitable de Madeleine Castaing, rendez-vous au showroom Edmond Petit, 23 rue du Mail, à Paris, qui lui dédie un espace. 

Article paru dans le numéro 172 de Résidences Décoration.

Inscription à notre NewsletterInscrivez-vous pour être informé en avant première et recevoir les offres exclusives !