Julie Gayet : « J’aime ce que racontent les objets »

Héroïne de la mini-série Une mère parfaite diffusée sur TF1, l’actrice est également férue de décoration. Une passion héritée de sa mère antiquaire et décoratrice. Entre style contemporain et pépites chinées, elle nous livre les clés de son univers.

Propos recueillis par Christelle Laffin

D’où vous vient votre passion pour la décoration ?
Ma mère, journaliste déco, tenait une boutique d’antiquités rue de Luynes à Paris, non loin du boulevard Saint-Germain. Les clientes y venaient prendre le thé, ce lieu avait une âme incroyable. Elle s’est spécialisée dans le style XVIIIe, XIXe, la peinture danoise, l’école du Nord… Elle m’emmenait aux Puces, je faisais les déballages avec elle, à la lampe torche et au pas de course. Elle s’arrêtait d’un coup devant la bonne pièce, décelait immédiatement l’authentique de la copie. Un œil incroyable ! Elle m’a transmis une sensibilité certaine. En parallèle de ma formation de comédienne, j’ai pris des cours d’histoire de l’art. C’est à ce moment-là que j’ai eu une révélation pour l’art contemporain et que j’ai commencé à aller à la FIAC…

Comment définiriez-vous votre style déco aujourd’hui ?
Éclectique. Un mix de contemporain et de pièces anciennes. Je suis une vraie chineuse ! J’apprécie aussi les meubles suédois, mais je ne pourrais pas habiter dans une maison complètement moderne. The Conran Shop, les grands designers, c’est bien, mais j’aime ce que racontent les objets : de l’histoire, de nos racines…

Curiosité. « Ces miroirs convexes, dits “de sorcière“ sont apparus en Europe du Nord au XVIe siècle. Je les trouve très beaux. »
Miroir Ateliers C&S Davoy.

Vous avez déménagé en août. Quels étaient vos critères de recherche ?
Un logement atypique. Déjà, mon deuxième appartement était un atelier-studio rue Popincourt à Paris, avec un magnifique petit escalier Eiffel qui menait à une mezzanine sur laquelle on tenait à peine droit. J’affectionne les espaces biscornus, baignés de lumière traversante. L’orientation est importante. Et j’ai besoin de verdure. Je préfère perdre des mètres carrés pour gagner une terrasse, un lieu où l’on peut planter et se cacher dans les feuillages ! J’ai désormais une maison avec jardinet dans lequel je compte faire un petit potager. Un changement d’ambiance par rapport aux arrondissements dans lesquels j’ai déjà vécu. Des 11e et 20e, je suis passée Rive gauche.

Duo culte. « Les frères Bouroullec font partie des designers que je suis depuis leurs débuts. J’ai gardé une de leurs premières tables, avec un tabouret qui ressemble à un livre ouvert. »
Ci-dessus, table « Baguette », Ronan et Erwan Bouroullec pour Magis.

Avez-vous tendance à accumuler ?
Non, je n’ai pas de problème à trier, ranger. Je pourrais tout quitter, à part mes livres. Trier des choses que l’on ne regarde plus, se dire « à quoi bon les garder ? » et s’en débarrasser, cela prend du temps, mais c’est la partie agréable d’un déménagement. Cela permet de faire de la place aux coups de foudre, comme ce vase surprenant, décoré de petits oiseaux dont je suis tombée amoureuse.

Que rapportez-vous de vos voyages ?
J’aime le travail des céramiques. Je peux rapporter un plat, par exemple. En Afrique du Sud, j’ai craqué pour deux sculptures sur bois d’un couple, de longues silhouettes à la Giacometti. Au Japon, j’ai eu le béguin pour une estampe… Je ne suis pas une « dingue de souks », j’achète juste une belle pièce de temps en temps.

Création singulière. « J’adore ce tube, que l’on retrouve à la BNF. Un luminaire entre James Bond et Jules Verne. Visionnaire ! »
Lampe « In The Tube », de Gaëlle Lauriot-Prévost et Dominique Perrault pour DCW éditions.

Meuble fétiche : « La bibliothèque, c’est la pièce centrale de ma maison »

« La bibliothèque est un reflet de soi. La mienne a grandi en même temps que moi, elle m’a accompagnée au fil de mes déménagements et occupe toujours une place centrale. Dans ma dernière maison, j’en avais fait fabriquer une carrée, contemporaine – un quadrillé blanc de 50 par 50 –, incrustée dans le mur. Je l’y ai laissée en partant, elle faisait partie de l’architecture. Et puis j’ai vu la bibliothèque de Denis Podalydès, constituée d’étagères modulables, créée par un chef décorateur de cinéma. J’ai voulu la même ! En fait, j’ai trois bibliothèques : la grande, dans le salon, dédiée à la littérature, à la poésie, à la philosophie ; une petite bibliothèque de livres d’art et une bibliothèque de BD que se partagent mes fils Tadeo et Ezechiel. »

Rencontre parue dans le numéro 159 de Résidences Décoration

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