Carte blanche pour le noir, l’élégance au masculin

Cet appartement parisien s’est habillé de noir, ni funèbre ni mystérieux en raison de sa clarté, mais bien au contraire élégant et masculin, puisqu’il a été rénové par f+f architectes pour un homme divorcé. Bon vivant, il y jouit des ses passions : les grands crus, la musique et le cinéma, surtout, bien sûr, en noir et blanc.Par Philippe Seulliet

 

carte-blanche-pour-noir_12Dans la cuisine, tabourets en bois (Crassevig), bar en granit du Zimbabwe, luminaire Modular, hotte Pando et appareils Miele.

 

carte-blanche-pour-noir_03Au bout du salon, le foyer de la cheminée, en Inox brossé, fonctionne à l’éthanol (EcoSmart Fire). Près de la table basse MDF Italia et du radiateur Varela Design, un ficus cinquantenaire taillé en bonsaï.

 

carte-blanche-pour-noir_18-OKDans la salle de bains du maître de maison, tout le mobilier a été dessiné par l’architecte et réalisé en Corian noir par Design & Création. Robinetterie Boffi Bains, suspension « Skygarden » de Marcel Wanders pour Flos), applique Modular Lighting Instruments.

 

carte-blanche-pour-noir_16-OKUn couloir-dressing, aux portes coulissantes en verre opaque (Albed), ouvre sur la chambre : surmontant le lit dessiné sur mesure, fresque de Bruno Anselmi (Couleurs Etrusques), luminaire Modular, rideaux en velours (Conran Shop), literie Ralph Lauren. Les sols en larges lattes de béton noir, ont été réalisés par Francesco Passaniti.

 

carte-blanche-pour-noir_05Dans le salon, un portrait de Marilyn par Troy Henriksen, tableautins newyorkais de Roberto Alberto, canapé Living Divani. Sous le lustre sur mesure fait par Baguès, table en béton coulé et chaises en aluminium créées par Norman Foster (Emeco).

Cet appartement domine du haut de son troisième étage la place des Petits-Pères, ainsi nommée d’après les moines déchaussés dont le vaste couvent, fondé sous Louis XIII, ferma ses portes à la Révolution. Seule subsiste leur église, aujourd’hui basilique Notre-Dame-des-Victoires, connue pour ses milliers d’exvoto et la dévotion de ses fidèles.

D’où la présence, en face, du Moulin de la Vierge, fameuse boulangerie parisienne, du Coeur Immaculé de Marie, boutique d’objets de piété, jouxtant la Maison Bleue, où un salon de coiffure et de mode a remplacé les bondieuseries. Un seul voisin dénotait jadis au milieu de cet univers très religieux : le Canard Enchaîné, fondé en 1915, journal anticlérical comme on sait, mais se voyant très bien en congrégation de petits pères. Après avoir franchi le porche d’un hôtel particulier du XVIIe siècle, restauré il y a une dizaine d’années, on découvre un vestibule banalement moderne, orné d’un portrait plutôt naïf de Gabrielle d’Estrées : erreur du promoteur, candide ou finaud, car ce n’est pas la célèbre maîtresse d’Henri IV qui vécut là, mais une maréchale d’Estrées, bien des années plus tard. Peu importe en fait, car ce spacieux logis (160 mètres carrés et 2,85 mètres de hauteur) a été choisi surtout pour ses agréables proportions et pour le charme du quartier, calme et central. « Il fallait cependant transformer entièrement l’endroit, beaucoup trop cloisonné », explique le nouvel acquéreur, un homme d’affaires toujours en voyage, qui a confié la tâche à Aurélie Fechter et à Johann Fritzell, de l’agence f+f architectes. Depuis 2006, outre des bâtiments collectifs, institutionnels, industriels et commerciaux, ils ont signé une trentaine d’habitations individuelles, construites ou rénovées. S’adaptant aux besoins familiaux, ils ont simplifié ici le plan en forme d’équerre : une seule grande pièce de séjour occupe un côté, tandis que l’autre abrite la cuisine et trois chambres, dont celle du maître de maison. Ce dernier, d’emblée, a accepté l’idée du noir proposée par Aurélie, selon elle très masculin, donc parfait pour un divorcé vivant seul avec deux de ses quatre enfants. Excepté les plafonds et quelques murs blancs, tout est donc noir, mais lumineux, grâce aux nombreuses fenêtres.

Noir comme le sol créé en larges lattes de béton par Francesco Passaniti, qui introduisit ce matériau dans la déco il y a plus de quinze ans. Noir comme le mobilier, profond canapé en cuir, table en béton coulé monobloc pesant plus de trois cents kilos, bar en granit du Zimbabwe, tabourets design et radiateurs d’esprit industriel. Noir comme le coin cuisine, laques mates ou brillantes et verre laqué noir reflétant une baie du salon. Noir comme le Corian des éléments de la salle de bains et le miroir opaque des portes du dressing. Les seules touches de couleur sont le vert du bonsaï cinquantenaire et le rouge d’un portrait de Marilyn Monroe, témoin de la passion pour le cinéma du propriétaire, qui dort sous une fresque représentant Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Marilyn et James Dean.

Ses autres passe-temps sont la musique, de Chopin au rappeur 2Pac, pour laquelle il a installé un système de sonorisation dernier cri, et les bons crus, dont plus de trois cents bouteilles sont sagement alignées derrière la vitre d’une cave à vin. « Je me suis souvenu de la maison toute noire de Serge Gainsbourg, conclut-il, et j’ai réalisé que cette couleur convenait parfaitement aux épicuriens. »

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