Benjamin El Doghaïli, « Le fonctionnalisme, oui, mais j’assume aussi le superflu! »

À la tête du studio de création des hôtels Mama Shelter, diplômé avec mention très bien de l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais, cet amoureux du pastiche et du postmodernisme se joue des codes.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû

Votre signature archi ?
Des projets pérennes, qui évitent le plus possible les tendances globales actuelles! J’aime l’idée que même dix ans après, cela semble nouveau. J’apprécie la fantaisie, les objets très dessinés – je suis architecte de formation – et, surtout, j’aime m’imprégner du contexte qui m’entoure. Le fonctionnalisme, oui, mais j’assume aussi le superflu, le décalé!

Diplômé d’architecture ultra-doué, Benjamin El Doghaïli s’est passionné pour la décoration en travaillant avec Vincent Darré.

Vos travaux en cours ?
Des hôtels Mama Shelter en pagaille! En commençant par Rennes, notre prochaine ouverture, dans quelques jours. C’est un lieu très ancré dans la culture bretonne, mais aussi dans la vie de la ville et de ses habitants. Suivront de près de nouvelles adresses à Dijon, Dubaï. Puis on s’envolera ensuite pour Casablanca, Tunis, São Paolo, Medellín… Mama Shelter s’étend, avec toujours le même concept : refléter l’âme des villes et s’en inspirer.

La Fábrica, à Barcelone, l’atelier multifonction de Ricardo Bofill, chef-d’œuvre postmoderniste absolu pour Benjamin.

Votre plus beau projet ?
À ce jour, le Mama Shelter de Rome, mon premier « gros bébé », dans le quartier Prati, non loin du Vatican, sur la rive droite du Tibre. À l’intérieur, 217 chambres sur deux bâtiments et une décoration délirante, loin des standards habituels. C’est un luxe de travailler dans un pays érudit comme l’Italie. Tout le monde a été fair-play sur ce projet d’une grande complexité. À voir absolument!

Même s’il aime tous ses projets Mama Shelter, celui de Rome, un gros-porteur de 217 chambres compliqué à réaliser, reste son préféré.

Un projet un peu fou ?
Il y a un rêve qui ne me quitte pas depuis que j’ai commencé l’architecture… un rêve d’étudiant! J’adore l’idée de signer un projet global façon début du xxe siècle, qui consiste à concevoir tout aussi bien la coque architecturale, en gros le bâtiment, mais aussi les couverts disposés sur la table, elle-même dessinée par l’architecte. Je souhaiterais aussi mener une réalisation au Japon, le pays de l’épure absolue.

Le nouveau Mama Shelter de Rennes, avec ses mosaïques Art déco comme celles essaimées dans la ville bretonne par Isidore Odorico dans les années 1920.

La plus belle architecture selon vous ?
Sans l’ombre d’une hésitation, la Fábrica, la maison-atelier de l’architecte Ricardo Bofill, dans une ancienne cimenterie près de Barcelone. L’architecte espagnol a décidé de réhabiliter ce bâtiment désaffecté en 1973. Il est devenu son cabinet mais aussi un centre d’expositions, de concerts… C’est un lieu très visionnaire, un bijou absolu, d’un goût sublime, qui comble ma passion pour le postmodernisme…

© Sympledesign

Votre objet fétiche ?
« Ran », une bibliothèque autoportante en métal noir de l’architecte et designer Carlo Forcolini, qui est le premier cadeau d’adulte que je me suis fait. Je la regarde toujours avec beaucoup de fascination. Je ne m’en lasse pas.

Les repères de Benjamin El Doghaïli

2001 : découverte du design dans un showroom de Toulouse, sa ville natale.

2011 : premier voyage au Japon. Il devient l’assistant du décorateur Vincent Darré pendant cinq ans.

2013 : diplôme d’architecture de l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais (ENSAPM).

2017 : arrivée au studio de design Mama Shelter, piloté par le designer Jalil Amor, dont il prend la suite en 2019.

Article paru dans le numéro 168 de Résidences Décoration.

Inscription à notre NewsletterInscrivez-vous pour être informé en avant première et recevoir les offres exclusives !