Intégrer, sans pastiche, dans un quartier du cœur de ville, une maison familiale neuve en respectant le caractère ancien, les volumes, la hauteur et l’empreinte des demeures la jouxtant : un Exercice de style signé Sofia Mellah, de MEEJ Architecture.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Germain Herriau
Quatre enfants, un métier très prenant pour elle et lui. L’envie de souffler, de se retrouver en famille, dans une maison au calme tout en jouissant de Rennes, la bretonne qui bouge. L’opportunité d’acquérir un terrain, tout en longueur, courant entre deux demeures du début du XXe siècle donne des couleurs au rêve de ces jeunes parents, avec l’idée, d’emblée, de construire un lieu de vie lumineux, doté de grandes ouvertures et à la hauteur sous plafond conséquente.
Dans leur milieu de trentenaires, le nom de Sofia Mellah, à la tête du cabinet Meej, se chuchote. Ils se renseignent plus avant, prennent rendez-vous à son studio pour découvrir son travail. Première rencontre, premiers échanges. Le courant passe. C’est parti, juste avant que le Covid n’entre dans la danse, pour l’édification d’une demeure de 180 m2, sur quatre niveaux, s’adossant sur la maison voisine du côté est. Un bâtiment à l’implantation guidée par l’étroitesse du terrain, dotée, en rez-de-chaussée d’une grande pièce à vivre et, dans les étages supérieurs, des quatre chambres des enfants, d’une suite parentale et d’un bureau.
« J’ai joué cartes sur table, en expliquant que je n’acceptais que les projets où j’intervenais à la fois en qualité d’architecte DPLG, titre devenu depuis 2007 architecte HMONP ou DEA, et comme architecte d’intérieur, pour assurer une vraie cohérence, une harmonie, précise Sofia. L’avantage, c’est que mes commanditaires savaient où ils voulaient aller, s’investissaient à mes côtés, tout en se laissant guider, conseiller. Ils étaient à l’écoute. L’idéal ! »
Ses clients tenaient à ce que leur bien, extérieurement comme intérieurement, évoque le charme des villas familiales à l’ancienne, avec un jardin paysager, une piscine et des pièces aux beaux volumes. Pas question de design futuriste qui aurait juré dans l’environnement et auquel ils étaient insensibles. « J’ai donc puisé dans la palette des matériaux naturels, briques façonnées à la main, enduit à la chaux, parquet en chêne, moulures, corniches, rosaces, haussmanniennes, et décliné des tons doux, neutres, intemporels, soulignés de-ci de-là, notamment dans les chambres des enfants, de papiers peints panoramiques Les Dominotiers et Cole & Son. »
Parallèlement à la phase de gros œuvre, terrassement et béton, Sofia réfléchit à l’aménagement intérieur. « J’aime proposer à mes clients de belles pièces de mobilier, et en designer certaines sur mesure. J’aime aussi m’appuyer sur les services et les compétences de professionnels. » Elle travaille ainsi beaucoup en relation avec le concept-store rennais la Galerie M, bel espace installé dans une ancienne galerie d’art, près du Parlement, qui sélectionne le meilleur des créateurs, comme les luminaires et miroirs Maison Sarah Lavoine. « C’est important de pouvoir confronter ses idées, de visualiser en un lieu central un maximum d’objets, mais aussi de s’entourer d’experts capables de mettre en musique vos idées », explique l’architecte. Ainsi, les artisans des Mosaïques de la Vilaine ont exécuté avec brio la mosaïque qu’elle avait dessinée pour l’entrée, soulignant la porte arquée en chêne. Les équipes du cuisiniste Arthur Bonnet, quant à elles, ont su trouver les habillages des placards et de l’îlot central parfaits pour s’intégrer au salon ouvert, dont certains éléments se reflètent avec élégance dans la crédence-miroir du plan de travail, déjouant le piège d’une cuisine fonctionnelle, technique, ternissant l’ambiance de la grande pièce à vivre. De la même façon, la cheminée à gaz a été conçue sur mesure, mariage heureux de noyer verni, de briques à l’ancienne et de papier peint Elitis. Ainsi encore pour Phone, œuvre originale imaginée pour cette maison et cette maison seulement par l’artiste peintre Élodie Lechevallier.
Depuis quelques mois, la petite famille anime l’espace. L’été, profitant du charme verdoyant du jardin dessiné par Herboratum ; l’hiver, serrés les uns contre les autres sur le canapé vert imaginé par Sofia. Écrivant le premier chapitre d’un home qui, au fil des années, se chargera de souvenirs. Comme une villa de famille.
Sofia Mellah, MEEJ Architecture, Rennes
Meej, qui signifie « détails » en vietnamien, résume le positionnement de l’agence ouverte par Sofia Mellah, à Rennes, en Bretagne, après un long séjour au Vietnam à la fin de ses études. « C’est à Hanoï qu’il m’a semblé évident de concevoir tous les projets de façon globale, en assurant tout à la fois l’architecture, l’architecture d’intérieur, le design et la décoration. L’Asie a aussi renforcé mon goût pour les matériaux nobles, naturels. J’exerce avec passion ce métier dont je rêvais depuis l’enfance, suivant mon papa qui travaillait dans le bâtiment sur tous ses chantiers, avec tous ses artisans. »
Article paru dans le numéro 173 de Résidences Décoration.