Fini la flûte maigrichonne, terminé le verre à vin ventru, exit la coupe au col béant. Vive le verre 870, mis au point en exclusivité pour Moët & Chandon, afin de maîtriser l’effervescence des bulles, d’exhaler les arômes et le goût. En un mot, « sublimer » le champagne.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû
Cela faisait longtemps que Benoît Gouez, chef de cave depuis 2005 chez Moët & Chandon, cherchait le verre idéal pour apprécier les arômes et les goûts de ses vins, mais aussi maîtriser leur effervescence, à savoir l’explosion des bulles et leur ascension. Ayant lu les publications du « maître ès bulles », l’universitaire et chercheur Gérard Liger-Belair, il le contacte. Les deux hommes décident d’associer Gérard Lehmann, verrier rémois, et Gérard Basset, l’un des plus grands sommeliers au monde, à leur quête. Les quatre experts entament une série de dégustations de Moët & Chandon Impérial Brut, cuvée signature de la maison. Ils utilisent un large éventail de verres, de la flûte traditionnelle au classique verre à vin, puis enregistrent méticuleusement leurs émotions en fonction du contenant. Parfum, aspect, saveurs, goût : tout est analysé et scrupuleusement annoté.
La 3D à la rescousse de la science
À l’issue de ces séances, au vu des remarques des uns et des autres, Gérard Lehmann conçoit sur ordinateur un verre pour étudier l’effervescence. Il calcule la profondeur de la pointe (là où le pied entre dans le bol), la largeur du bol, l’inclinaison, avant de lancer la production 3D pour obtenir un maximum de prototypes en un temps record. Benoît Gouez et Gérard Liger-Belair disposent ainsi d’échantillons remarquables. Dès lors, à partir de nouveaux calculs, d’observations visuelles prenant en compte la taille des bulles, leur trajectoire, leur vitesse, le verrier va dessiner le verre parfait pour une effervescence idéale. Celles-ci jouent un rôle essentiel dans la dégustation et l’appréciation d’un champagne. Leur intensité détermine la concentration des arômes libérés lorsqu’elles éclatent. Ainsi, une pointe entrant profondément dans le pied facilite la naissance de chaque bulle pour rappeler la vivacité du chardonnay. Un bol à la courbe très arrondie, avec une large surface de versement, libère les arômes du pinot meunier, tandis qu’une partie haute, lisse, souligne la structure élégante du pinot noir – les trois cépages de l’Impérial. À partir de ces prototypes 3D, quelques verres sont soufflés bouche afin de valider les qualités du verre par la dégustation cette fois, avant de lancer une production à grande échelle, en cristal mécanique, afin d’obtenir des verres très légers et d’une grande finesse. « Ces verres, développés en exclusivité pour la maison Moët & Chandon et tous ses champagnes, s’inscrivent dans la continuité de mon travail. Ils le paraphent avec élégance », se réjouit Benoît Gouez.
Verres 870 Moët & Chandon, en vente à la boutique Moët & Chandon à Épernay (20 avenue de Champagne, 51200 Épernay) et prochainement sur la plateforme clos19.com.
Pourquoi ce nom ?
C’est un hommage aux savants calculs du professeur Liger-Belair, qui a observé que 12 cl de champagne Moët & Chandon Impérial Brut versés dans ce verre généraient 870 000 bulles, 30 % plus fines que dans un autre contenant. Ainsi, les qualités du champagne s’expriment vite, permettant de savourer le vin sans attendre. Deux gravures signent le 870 : une couronne et un minuscule point pour repérer la hauteur idéale de service, soit 12 cl. Les études ont porté sur le Moët Impérial Brut, mais le 870 est adapté à toutes les cuvées.
Article paru dans le numéro 167 de Résidences Décoration.
