Une villa d’architecte sur les collines du lac de Garde

L’architecte d’intérieur Kristina Pulaeva rêvait de s’installer dans une villa captant de toute part l’infini. Sur les collines du lac de Garde, en Italie, elle a trouvé son « perchoir ». Et l’a aménagé à l’aune de ses envies.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Piero Ottaviano

«La villa Emerald, c’est tout simplement ma maison, celle où j’ai emménagé en famille, avec mes deux enfants adolescents et mon mari sur la rive sud du lac de Garde. Celle où on se retrouve tous lorsque l’un rentre de ses chantiers, l’autre du lycée, le troisième du collège. » Arrivée de Saint-Pétersbourg en Italie il y a 17 ans, Kristina Pulaeva a été conquise par cette région et ce lac aussi grand qu’une mer intérieure avec ses couleurs reflétant le ciel. Quoi de plus idyllique, excitant, que d’imaginer son propre lieu de vie, son refuge, après en avoir créé tant pour des clients ? « Un vrai bonheur, un paradis. Même si, ayant entrepris les travaux en plein Covid, nous avons un peu vécu l’enfer. »

EFFETS SPÉCIAUX. Pour créer une impression de continuité et « estomper » les murs, des dalles de céramique Laminam ont été posées au sol, à l’intérieur et à l’extérieur. Canapé Flexform, tables basses Rimadesio, luminaires Bocci, tableau signé Marinella Senatore.

L’émotion transpire à fleur de voix, à fleur d’yeux lorsque Kristina raconte « on chantier », son sweet home. Une sacrée aventure pour Piero Boffa, son architecte de mari, de construire, sur un terrain pentu, les fondations puis les murs. Pour ce faire, il s’est entouré d’experts et a dessiné une villa en boomerang, bâtiment épousant le relief sinueux des collines alentour, donnant sur le jardin, la piscine et le solarium, découvrant le lac tout en préservant l’intimité de ses habitants.

ENTRACTE. Pause dans le salon aux immenses baies donnant sur le lac, le jardin et la piscine. Buffet suspendu bordeaux Rimadesio, bibliothèque faite sur mesure, éclairage Bocci.

« Créer ensemble notre résidence principale, en mariant avec doigté architecture et design, a été un double plaisir, un enchantement, l’alliance parfaite de nos connaissances et talents respectifs. Piero veillait sur le gros œuvre en lien avec les techniciens, les paysagistes, tandis qu’avec Elio Sereno Home nous contactions les éditeurs de meubles. » Tous les deux ont suivi le même fil conducteur : que l’intérieur et l’extérieur se confondent, ne fassent qu’un à l’œil. Pour y parvenir, ils ont usé d’astuces : privilégier des baies vitrées cassant les frontières, mais aussi, idée de Piero, poser le même revêtement dedans et dehors, des dalles de céramique Laminam, tout à la fois esthétiques et résistantes. De grandes plaques, semblables aux pans de pierre utilisés de tout temps pour les plus belles constructions italiennes. Un matériau à l’aspect flatteur de la soie mais à la solidité du béton armé.

VESTIAIRE. Après un plongeon dans la piscine, se rincer dans la salle de bains invités. Vasque à poser Delina en terrazzo crème, miroirs et meubles sur mesure.

Derrière sa façade blanche, la Villa Emerald déploie désormais sur 600 m2 living, salon-salle à manger, cinq chambres et sept salles de bains. Dans le sous-sol se côtoient salle de projection avec home cinéma, cellier avec cave à vins et garage. « Parce que nous aimons recevoir nos amis, amoureux – et un rien envieux parfois – de notre vue et de notre environnement, nous avons développé de grands salons communiquant avec la salle à manger et la cuisine. C’est une option conviviale et pratique, un panneau coulissant à l’intérieur du mur permettant de fermer ou non cette pièce. » Elle rêvait d’une maison parfaite, et a donc veillé au moindre détail : l’installation d’une cheminée à vapeur d’eau Faber dont les flammes réchauffent l’atmosphère, et d’éclairages Bocci, maison de design canadienne, développés dans le même matériau mais de formes et de couleurs différentes, sans rompre l’harmonie. Tous les quatre fanatiques d’art, ils ont sélectionné des œuvres qui leur tenaient à cœur, souvent d’artistes amis, comme touche finale.

PROJECTION. L’escalier elliptique monte jusqu’au rooftop et descend en sous-sol, pour desservir le home cinéma, le cellier et le garage. Œuvre lumineuse de Roberta Bertazzini.

Surprise ultime, le toit cache une terrasse très plate, invisible, qui par temps clair révèle en panoramique la péninsule de Sirmione, avec au loin la silhouette de Vérone, et plonge dans le jardin méditerranéen planté par Cherubini, paysagiste local, kaléidoscope en dégradés de verts, d’oliviers, d’orangers, de rosiers, de bougainvillées, de palmiers dont les parfums se superposent au fil des saisons. 

GROS PLAN. En forme de boomerang, la Villa Emerald a été imaginée par Piero Boffa, architecte et mari de Kristina. Piscine et jardin Building Group. Au sol, dalles de céramique Laminam résistant au soleil, au choc et aux moisissures.

Kristina Pulaeva

Le design est sa passion. Pour décrocher son master à Milan, elle a étudié son évolution, sa « psychologie », la façon dont il agit sur nos sentiments, nos humeurs, dont il nous stimule et nous déstresse. Pour elle, l’architecte d’intérieur est un créateur d’espaces, de bien-être, qui doit permettre à chacun de s’approprier, d’évoluer à l’aise entre ses murs. En travaillant avec des grandes maisons de design italiennes, pionnières, elle a affiné ses connaissances, acquis son propre style, qui s’exprime dans la Villa Emerald. Elle a choisi d’être free-lance pour se frotter à différents projets architecturaux, mais aussi flirter avec le design, le lifestyle et la mode.

Article paru dans le numéro 170 de Résidences Décoration.

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