En voyant la maison ruinée datée de 1925, année de naissance de sa grand-mère bien aimée, l’émotion foudroya Miriam Frowein, décoratrice. Devenue propriétaire, elle lui redonna belle allure.
Par Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Bénédicte Drummond
«Je suis amoureuse de l’architecture Art déco et des demeures en stuc blanc. Après avoir visité, avec mon mari, une soixantaine de maisons dans la région d’Antibes, lorsque nous avons vu cette villa flanquée sur la colline, nous avons quasiment pleuré d’émotion. Elle était en piètre état mais nous sommes tombés sous son charme, raconte encore émue Miriam Frowein. C’était la maison de nos rêves. Apprendre qu’elle datait de 1925, année de naissance de ma grand-mère maternelle adorée, a été un plus. Comme un signe du destin. Et puis elle jouissait d’une situation exceptionnelle, au début du cap d’Antibes, promesse de belles et longues randonnées. » Seul regret de la famille Frowein : ignorer son histoire, le nom de son architecte, de ses habitants passés. En examinant le cadastre, ils ont seulement relevé qu’à un moment l’immense terrain avait été loti. Succession ou revers de fortune ?
« Pour poursuivre l’histoire de la villa, nous avons conservé les cheminées d’origine, le parquet centenaire du salon, les poutres les plus belles, une partie du carrelage et une tour avec vue à 270 degrés. »
N’empêche, l’acte de propriété en main, avec l’architecte niçois Luc Svetchine, la rénovation démarre sur les chapeaux de roue. Après avoir recensé les points forts de la propriété : sa vue sur Cannes, ses hauts plafonds, ses belles portes-fenêtres, sa tour perchée au troisième étage et son jardin, la future villa se dessine avec un rez-de-chaussée totalement repensé pour que la lumière y pénètre de toutes parts, alors qu’il était un peu enterré. La piscine est déplacée derrière la maison, en hauteur, au calme.
« À l’intérieur, qui est mon domaine, ma première idée, avec mon beau-frère, a été de créer un nouvel escalier reliant le rez-de-chaussée au premier étage et de souligner davantage encore le côté Art déco en posant au sol du marbre noir et blanc, en rénovant les parquets d’origine, les hautes plinthes et les portes à panneaux. Ensuite, pour lui apporter de la modernité, nous avons joué sur une palette de bleus, de blancs, avec quelques touches de jaune et de noir. Et nous avons chiné des objets, des meubles, en particulier à L’Isle-sur-la-Sorge, une manne. J’y ai dégotté des trésors. »
Très vite, la Villa Blanche, c’est son nom désormais, retrouve son élégance. Et, avec ses six chambres et ses salles de bains, devient le rendez-vous de la famille, des amis. « Nous y séjournons à Pâques, en mai, tous les mois d’été. Et nous la fermons en octobre. Nous trouvons toujours des proches pour nous accompagner. Ici, nous tissons des souvenirs, nous profitons de la lumière qui varie au fil des saisons. Nous passons des heures sur la terrasse à refaire le monde, au jardin à contempler les fleurs, à nous imprégner de leurs parfums. Mon mari et moi adorons jardiner et cuisiner. Un plaisir, en France, le pays de la gastronomie. Nous nous approvisionnons au marché d’Antibes auprès des petits producteurs de toute la région. »
La villa retrouve son lustre d’antan avec sa petite tour au troisième étage, et regarde Cannes et les montagnes. Un de ses atouts majeurs, outre sa vue, est son jardin bien dessiné et planté de nombreux oliviers en pleine forme.
« Une maison pour rassembler famille et amis pour créer des souvenirs, entre balades alentour, déjeuners sur l’herbe, dîners au clair de lune, plage et farniente autour de la piscine. »
Quant au jardin, il embaume au jour tombant. « Là encore c’est une affaire de famille. Avec mon beau-frère, tout en conservant les oliviers quasi centenaires, nous l’avons repensé. L’idée nous est venue en transplantant un gros palmier, mal situé. Nous lui avons trouvé un emplacement idéal et imaginé tout autour un petit espace planté de cactus. Dans le jardin provençal, en juin, l’odeur entêtante de la lavande entre en compétition avec celle, un rien citronnée, des roses blanches et celle, sensuelle, du jasmin. Autour de la piscine, bananiers, palmiers éventails, yuccas transportent à Miami, dans le quartier Art déco, celui des artistes. Histoire de voyager en restant chez nous. Sur la Côte d’Azur. »
Miriam Frowein Interiors
Miriam a ouvert en 2018 son studio de design, décoration, sourcing et édition d’objets en série limitée, avec son beau-frère Benni Frowein. Elle travaille avec sa petite équipe en priorité sur des projets résidentiels haut de gamme tant à Londres qu’à Ramatuelle ou en Suisse, où elle achève un très grand chalet. Un père allemand et une mère décoratrice d’intérieur d’origine persane ont façonné son goût pour les belles choses. Et l’ont incitée, après son diplôme d’avocat en droit immobilier et financier, à monter sa propre structure.
Article paru dans le numéro 177 de Résidences Décoration.