Une maison de village italienne métamorphosée dans le Latium

À Nepi, au nord de Rome, une simple maisonnette a été métamorphosée en joyau vertical par l’architecte italien Massimo Adario. Lumière naturelle et matériaux haut de gamme créent à présent du contraste et de l’espace, en n’ôtant rien au charme fou du lieu.

Texte Julia Mincarelli / Photos Birgitta Wolfgang Bjørnvad / The Sisters Agency
Traduction-adaptation Élodie Declerck

Nepi est, à bien des égards, ce que l’on pourrait appeler un village italien typique. Située à une quarantaine de kilomètres de Rome, cette localité historique affiche fièrement ses maisons colorées et d’étroites ruelles menant toutes à « il Duomo », l’église de Santa Maria Assunta. Au cœur de ce cadre pittoresque, juste à côté de l’édifice religieux, se dresse une petite habitation d’allure toute simple, voire décrépite. Son secret bien gardé ? Elle a été entièrement restaurée par Massimo Adario, dont le sens du luxe discret imprègne le travail.

PITTORESQUE. Riche d’un patrimoine séculaire et d’une histoire tumultueuse, ce bourg du centre de l’Italie regorge de maisons aux murs décrépis et de vestiges médiévaux. Nepi reste aujourd’hui célèbre pour sa forteresse Rocca dei Borgia dominant la ville, qui hébergea Lucrèce Borgia.
VIBRATION ITALIENNE. Dans le salon, sol et murs se parent de la même pierre locale de Comiso. Devant le canapé en velours bleu dessiné par Rodolfo Dordoni pour Minotti, la table vintage de Raimondo Garau présente une collection de vases années 1950. Le tapis est conçu par l’architecte Massimo Adario d’après un design de Gio Ponti.

« À l’origine, la maison était sombre et multipliait les recoins et les volumes exigus. Le couple de propriétaires, qui accueille régulièrement ses enfants et ses petits-enfants, souhaitait “l’ouvrir” afin de la rendre plus fonctionnelle », se souvient l’architecte romain. Le projet est rapidement devenu une restauration de grande ampleur : toutes les cloisons ont été abattues pour permettre la restructuration totale du lieu ; seuls les murs extérieurs sont restés debout, renforcés par un squelette d’IPN en acier construit spécialement pour soutenir les trois étages. Surprise ! Une fois l’espace redistribué, la demeure de 200 m2 a même gagné près de 50 m2 de surface !

DOUCEUR ET DÉLICATESSE. Designé par Massimo Adario, le lit en palissandre semble flotter comme une sculpture dans la chambre. Les lampes proviennent de la boutique Fragile, à Florence, et au-dessus du lit s’accrochent deux photographies encadrées de Francesco Galli. Tout respire l’harmonie.
JEU DE CACHE-CACHE. Immédiatement, l’œil est attiré par la grande peinture murale signée Dan Rees, de la galerie T293. Elle éclipse totalement la cheminée en pierre au-dessous. Sur le côté, la large baie vitrée à battants s’ouvre complètement pour permettre l’accès au jardin de 300 m2

Désormais, « la disposition des pièces s’articule autour d’une spirale qui serpente à travers les différents étages », explique Massimo Adario. « Grâce à son alternance d’espaces ouverts et fermés, de zones d’ombre et de lumière, cette maison convient bien à une famille moderne qui souhaite à la fois passer du temps ensemble mais aussi préserver l’intimité de chacun. Par exemple, en levant les yeux depuis le salon, on peut voir le bureau puisqu’il s’agit d’un volume ouvert », précise-t-il. L’architecte a pensé chaque détail, mais surtout le lien, primordial, qu’il tenait à créer entre les espaces. Ainsi, l’ouverture entre le salon et la salle à manger présente un plafond en miroir et des plaques de métal réfléchissantes, qui créent un effet de perspective intéressant et rendent surtout la pièce plus grande qu’elle ne l’est réellement. Par ailleurs, cette astuce éclaire cette zone qui, sans cela, serait bien trop sombre. Autre bonne idée, « l’utilisation de plusieurs matériaux différents, qui donne de la profondeur à une pièce », révèle Massimo Adario, qui a conçu de nombreux éléments de décoration ensuite soigneusement positionnés pour rendre cet intérieur élégant et agréable à vivre. Mise en application concrète avec le salon, qui offre un accès direct au jardin de 300 m2 : cette pièce, de réunion mais aussi de passage, est revêtue d’un somptueux carrelage en pierre calcaire de Comiso. Tandis qu’au premier et second étages, l’architecte a joué le contraste avec des chambres et un vaste bureau qui arborent un joli parquet en bois foncé. Résultat : davantage de chaleur pour ces endroits privatifs de la maison. « Pour moi, la matière et le design sont très importants. J’aime jouer avec la forme des meubles et rendre une pièce plus sophistiquée en quelques mouvements. Cette maison de Nepi est un bel exemple de la façon dont les deux vont de pair », sourit Massimo Adario.

GALERIE DES GLACES. La salle à manger se reflète dans le miroir du plafond, rendant la pièce plus grande et lumineuse. Table à manger par Massimo Adario, chaises « Cab » par Mario Bellini pour Cassina, buffet « Carlos » chez Horm, lampe « Taccia » signée Achille et Pier Giacomo Castiglioni pour Flos, estampes « Mastequoia » de la galerie Federica Schiavo, vase de chez Flair, à Florence. 
PALIER DE DÉCOMPRESSION. Au premier étage, le bureau prend des airs de salon de détente ou de musée privé, avec son lit de repos signé Moroso et ses six gravures « Mastequoia » provenant de la galerie Federica Schiavo. Sous l’escalier en pierre qui mène au second, de gigantesques vases de chez Flair, à Florence. 

Lors de la conception de pièces décloisonnées, il est important d’avoir des rangements intégrés : Massimo Adario a donc totalement fondu ces éléments dans les murs de chaque pièce. À peine visibles, si ce n’est par leurs poignées en métal, ces rangements spacieux sont une solution chic et ingénieuse qui participe à la fonctionnalité et au style épuré de l’ensemble. Surprise ultime dans le salon, où le placard intégré contient à la fois des toilettes pour les invités et un ascenseur caché, qui mène à la chambre du second étage.

SPECTACULAIRE À TOUS LES ÉTAGES. L’impressionnante bibliothèque de Pietro Russo s’intègre parfaitement dans la niche murale. Le fauteuil en velours vert vintage provient de chez l’antiquaire Alkimya. Deux marches en contrebas, dans le prolongement du salon, se trouvent la salle à manger et la cuisine.
MATÉRIAUX NOBLES. La suite parentale dispose de sa salle de bains privative, avec baignoire en pierre conçue par Massimo Adario. Le pan de mur cache des placards aux portes en cuir : un dressing chiquissime, lui aussi imaginé sur mesure par l’architecte. 

En clin d’œil au passé et aussi pour ne pas rompre avec l’esthétique du village, l’escalier extérieur d’origine a été conservé. Mais c’est finalement ce qui rend d’autant plus surprenante l’entrée, ensuite, dans ce repaire à la hauteur sous plafond impressionnante et au design ultra-contemporain.

Massimo Adario

Issu d’une famille d’entrepreneurs, cet architecte né en 1970 à Rome a posé les jalons d’une carrière internationale dès ses études, réalisées en partie en Espagne. Après avoir obtenu son diplôme en 1998 à l’Università di Roma-La Sapienza, Massimo Adario a ainsi fait ses armes au sein de cabinets d’architecture romains, mais aussi à Madrid, Amsterdam et Maastricht. Fort de ses expériences multiculturelles, il signe un retour aux sources en 2007 en établissant sa propre agence, Massimo Adario Architetto, dans sa ville natale. Depuis, il livre des projets variés, privés ou publics, dans toute l’Italie mais aussi à Los Angeles, Beyrouth ou Rio de Janeiro.

Article paru dans le numéro 169 de Résidences Décoration.

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