Une demeure authentique en Provence

Dans la campagne de Ramatuelle, ce domaine exploité il y a peu encore par un couple d’agriculteurs conserve, grâce à ses nouveaux propriétaires et à l’architecte décorateur David Granata, son élégant cachet d’origine.

Par Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Nicolas Anetson

Restaurateurs au cœur du vieux village de Saint-Tropez et parents de deux enfants, ils ne rêvaient que de tranquillité, de calme pour se ressourcer le soir et les jours de fermeture. Pas question donc d’acheter leur résidence principale sur le port trop bruyant et où l’immobilier flambe. Lorsqu’on les informe que des exploitants agricoles à la retraite envisagent de vendre leur domaine perdu dans la campagne de Ramatuelle, ils se rendent sur place.

Pour rappeler la proximité de Saint-Tropez et suggérer la mer, le décorateur a choisi en pièce maîtresse du salon le fauteuil « UP 50 » rayé de Gaetano Pesce pour B&B Italia. CéramiqueIngrid Granata ; photo personnelle ; table ronde chinée à Marrakech.

Et découvrent une ferme du xixe siècle en pierres, entourée de vignes et de terrains maraîchers ouvrant sur le prestigieux vignoble du Château des Marres. Un joli chemin dessert et borde la propriété. Exactement ce qu’ils recherchent, l’authenticité, la nature, la sérénité, à dix minutes du centre de Saint-Tropez. Avant de signer l’acte d’achat, ils contactent David Granata, fondateur du cabinet tropézien Oreka Architecture pour dresser un état des lieux et envisager une réhabilitation.

Autour de la piscine à débordement perchée sur une restanque, sofa et sièges outdoor « Borea » by Piero Lissoni pour B&B Italia ; tables L’Atelier 55 François Dumas ; tabouret et panier chinés au Maroc.

« Le bâti classé nous contraignait à conserver certains éléments sans y apporter la moindre modification, notamment les ouvertures et la façade de pierres donnant sur le chemin », explique David Granata qui aime mener un chantier de A à Z, du gros œuvre à la décoration. Soucieux de s’inscrire dans le cadre législatif tout en sauvegardant l’aspect rural de la demeure, l’architecte envisage, en accord avec les acheteurs, de construire, cachée, une extension avec la piscine à l’arrière de la maison, et de laisser une partie du vaste terrain, plus d’un hectare, en garrigue. « Nous avons décidé de jouer les jardiniers sans recourir à un paysagiste, en plantant des fleurs simples et des essences provençales uniquement près de la villa. »

Ouverte sur le jardin, la cuisine, véritable cœur de la maison, s’anime du matin au soir.

Il décaisse donc le terrain conçu à l’origine pour permettre l’accès des charrettes et des engins agricoles au moment des vendanges et dessine quelques restanques peu profondes pour le structurer. Sur l’une d’elles, il construit la piscine à débordement.

Sur un sol en béton industriel réchauffé d’un tapis marocain, table réalisée sur mesure, tabourets et chaises Charlotte Perriand. En arrière-plan, table haute de David Granata en rose de noyer et marbre de Carrare de la maison Ragnini à Mougins.

Dès le début du chantier, la propriétaire s’investit à fond. Un bonheur pour David Granata. « Nous étions sur la même longueur d’onde, échangeant en permanence, discutant, chinant ensemble bon nombre d’objets pour décorer les 250 m2. »

Souhait numéro un de Madame, redistribuer les pièces autour d’un axe central : la cuisine dining-room communique avec le salon et la bibliothèque. « Les couples trentenaires et quarantenaires aiment les intérieurs fluides, contemporains, sans emphase, les open spaces faciles à vivre où l’on reçoit en toute simplicité», précise d’expérience Granata.

Dans le salon, le blanc du canapé « Camaleonda » de Mario Bellini pour B&B Italia et la table basse « Œil » en orme, dessinée par Pierre Chapo en 1965, apportent une touche de design contemporain.

Architecte et clients étant Tropéziens ou de la région proche, ont, pour les travaux et la décoration, favorisé les artisans et commerçants alentour. « Nous avons écumé l’Atelier 55 de François Dumas mais aussi les antiquaires, les brocanteurs et les boutiques, de Saint-Tropez à Cogolin. »

Devant la bibliothèque sur mesure, fauteuil « Elda Chair » dessiné par Joe Colombo en 1963, en cuir et fibres de verre ; tabourets Charlotte Perriand, le tout chiné à L’Atelier 55 François Dumas.

David Granata a aussi récupéré à La Croix-Valmer des feuillets anciens pour certains sols et de vieilles poutres pour les plafonds, privilégié le béton industriel poli, plus résistant, plus étanche, et œuvré à l’ancienne, sans placo, sans laine de verre, dans une démarche écologique et saine. Les propriétaires, voyageant fréquemment au Maroc, ont glané objets, tapis et petit mobilier à Marrakech. « Né à Hyères, je me suis vite inscrit professionnellement dans la mouvance de Jean-Pierre Blanc de la Villa Noailles, tentant sur tous mes chantiers de concilier l’esthétique, l’art et l’écologie. » Ici, le site s’y prêtait à merveille.

Ouvrant sur le jardin et propice aux longues siestes, l’une des cinq chambres, dite chambre d’été. Parure de lit Sable d’Or à Cogolin, céramique et poteries Ingrid Granata. Dessin et litho, œuvres personnelles des propriétaires.

Pour conserver à la propriété son caractère de mas agricole, le jardin a été repensé avec beaucoup de simplicité par l’architecte et ses clients, semé uniquement de plantes et fleurs champêtres et laissé pour partie à l’état originel. Autour de la piscine, meubles de la maison belge XVL Home Collection.

Epaulé par ses douze collaborateurs, David Granata, créateur du cabinet tropézien Oreka Architecture, s’est spécialisé dans la réhabilitation et la restructuration de bâtiments anciens. C’est lui, d’ailleurs, qui a mené le chantier de l’hôtel de la Ponche à Saint-Tropez, avant que n’intervienne le décorateur Fabrizio Casiraghi.

Article paru dans le numéro 159 de Résidences Décoration.

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