Un penthouse élégant sur les toits de Milan

Andrea Tartaglia et Gilles Massé travaillent dans la mode et le design. Parfaitement intégrés dans la capitale lombarde, ville créative où ils sont devenus de véritables personnalités, ils nous accueillent dans un appartement à leur image, où ils aiment se reposer mais aussi recevoir leurs nombreux amis…

Texte Marie Godfrain / Photos Filippo Bamberghi

C’est une denrée rare que s’arrachent les amoureux de la cité lombarde… Alors lorsqu’Andrea Tartaglia et Gilles Massé ont visité leur appartement au dernier étage avec terrasse du quartier de Porta Venezia, dans le nord de la ville, ils se sont dit qu’ils devaient donner une réponse vite. Très vite. « Nous cherchions depuis si longtemps que nous avons instantanément su que c’était le bon lorsque nous l’avons vu », se souvient Andrea. « Porta Venezia est un quartier multiculturel, très vivant et créatif, vibrant de restaurants, de bars et lieux culturels et historiques. Avec les palais Liberty, Art nouveau, et années 1930, période de construction de notre immeuble. Et surtout un des poumons verts de la ville, avec le parc Indro-Montanelli, notre spot de jogging dès que l’on peut », poursuit Gilles.

FLUIDITÉ. À la fois salon, cuisine et salle à manger, la pièce de vie est un résumé de l’histoire du design. Dans le coin repas, une table de Matthew Hilton pour De La Espada en noyer américain, chaises de style indonésien Polspotten et suspension vintage « Sputnik » de Stilnovo. Le côté salon est un modèle d’art de vivre avec la platine vinyle Radiofonografo, de Brionvega, dessinée en 1965 par Achille et Pier Giacomo Castiglioni, sur laquelle écouter les disques depuis le canapé « Magnum » (Flexform) sous l’éclairage bienveillant du lampadaire « Arco » des frères Castiglioni pour Flos.
CAFÉ COMPTOIR. L’îlot signé Henrytimi sur lequel Gilles prépare et partage de copieux petits-déjeuners sur des tabourets « Morph bar » de Zeitraum. Le vase boule en laiton est une création du designer Michael Anastassiades, un ami de Gilles.

« Nous avons imaginé une maison parfaite pour recevoir des amis pour l’aperitivo ou des dîners, mais aussi pour se reposer et travailler. Une maison qui nous ressemble » Gilles.

IMMACULÉS. Devant les fenêtres en verre cathédrale d’époque, une collection de vases blancs issus de plusieurs provenances : Venini, Nason Moretti, Ikea, brocantes…
EN MIROIR. La symétrie, une valeur chère à Andrea, s’épanouit devant le coin cheminée du salon, renforcée par les suspensions de Michael Anastassiades, les deux fauteuils années 1930, le guéridon en laiton et le miroir chinés chez un antiquaire italien. Les gravures sont signées de l’artiste allemand Klaus Karl Mehrkens. La cheminée en travertin a été dessinée sur mesure par Andrea.

L’appartement n’avait pas bougé depuis sa construction, il était donc composé de nombreuses petites pièces. Andrea et Gilles ont conservé le schéma originel dans la partie privée, avec la chambre, la salle de bain principale et le dressing, mais ont tout ouvert sur la terrasse, dans la partie à vivre, pour faire un espace unique depuis la cheminée du salon jusqu’à la cuisine. Une grande pièce de 120 m2, comprenant des zones dédiées au repos avec l’ensemble des divans en vis-à-vis, avec un espace de lecture devant la cheminée, un peu isolé, prolongé par le coin canapé puis la salle à manger et cuisine, finalement assez éloignées tout en étant intégrées.

ASSOCIATION LIBRE. Le goût sûr d’Andrea et Gilles leur offre la liberté de mêler époques et styles dans un esprit « retour de voyage ». Ici, du mobilier collection vintage Ikea, inspiration années 1950, un tronc de palmier La Maison Marseillaise, un vase façon Art déco, en peau de raie et bronze de chez R&Y Augousti, des souvenirs variés et des gravures illustrant La Divine Comédie, de Dante, chinées en France.

Depuis qu’Andrea et Gilles se sont installés dans cet appartement en février 2012, ils lui ont apporté de nombreuses modifications au fil des ans, notamment lorsqu’ils ont pu l’agrandir pour créer une chambre d’amis indépendante.

APRÈS-GUERRE. Une console française des années 1940 en parchemin sur laquelle sont posées deux lampes des années 1950 issues d’une boutique de mode milanaise, avec au centre un tigre vert en porcelaine chiné en brocante par la grand-mère de Gilles.

Des lignes épurées et un plan d’étage fluide, où des objets vintage se mêlent à de la création contemporaine pour produire une atmosphère chaleureuse. La cuisine-salle à manger ouverte se prolonge sur leur terrasse noyée dans la végétation, été comme hiver. « Les fêtes et les dîners italiens sont synonymes de bonne chère, de bons vins et de conversations interminables avec des amis : les meubles doivent être en adéquation avec cet esprit. Mais ce qui est important au-delà du décor lui-même, c’est l’ambiance de la maison, car nous y passons beaucoup de temps. » Une oasis de calme et de verdure dans une ville animée, qui est leur terrain de jeu. « Nous avons refait toute la décoration mais conservé les moulures du plafond de cet appartement qui était vraiment “fatigué” lorsque nous l’avons acheté », explique Andrea. Ensemble, ils ont dessiné leur nid et des éléments sur mesure comme la cheminée, faisant de cette maison la combinaison de leurs deux personnalités. Pour Andrea, ce qui comptait, c’était « le design mais surtout les harmonies de couleurs, qui véritablement font l’atmosphère. Je ne veux pas qu’une teinte prenne le pas et perturbe le reste. » Il a aussi beaucoup travaillé sur la symétrie des pièces, à l’image des deux fauteuils années 1930 du salon, provenant d’un bateau de croisière de l’époque. « Nous avons beaucoup d’objets de cette décennie et de la suivante, comme le lion en porcelaine émaillée et la console sur laquelle il est posé », montre Andrea. Quant à Gilles, il a sourcé de nombreuses pièces contemporaines, lui qui est amené à rencontrer fréquemment des designers de par son métier. Il a aussi ramené des souvenirs de ses séjours à l’étranger. « Il y a beaucoup de nos voyages ici, des tissus, des œuvres, des pièces de designers internationaux devenus des amis avec le temps, entre Tokyo, Buenos Aires, Londres, Le Cap… Même si le mobilier contemporain reste majoritairement italien, nous y avons intégré des pièces vintages, principalement françaises, lors de nos virées aux puces et brocantes entre Paris et le sud de la France », explique Gilles, confortablement installé dans le salon de cet appartement spacieux mais intime. « C’est un esprit très italien de confort et de qualité, dans les matériaux et tissus, une ambiance où tout le monde se sent tout de suite à l’aise et chouchouté. Ce n’est pas intimidant comme certains lieux créés artificiellement par des professionnels. » Un lieu d’autant moins intimidant qu’ils l’ont émaillé de certains souvenirs familiaux, objets décoratifs, meubles et luminaires… auxquels ils sont très attachés et qui matérialisent ce dialogue transalpin qui leur tient tellement à cœur.

HARMONIE. La salle de bains, un espace épuré, où l’on retrouve la même gamme chromatique que dans le reste de l’appartement, une sensation renforcée par le mur en marbre italien, le tapis en chevreau confectionné sur commande et la baignoire de Philippe Starck pour Kaldewei.

« Nous vivons à Milan depuis de nombreuses années, mais cet appartement est notre quatrième projet. Nous avons donc eu le temps de roder nos goûts et envies en matière de décoration. »

DOUCEUR. La chambre à coucher principale avec des lampes suspendues dessinées par Michael Anastassiades. Le lit a été conçu par Andrea et Gilles, fait sur mesure en Italie, les draps proviennent de Zara Home (leurs préférés) et la couverture en vison de Pellicceria Cioni à Florence fabriquée à partir de pièces du patrimoine de Gucci, où Andrea a longtemps travaillé, sur lequel est posé un jeté traditionnel en alpaga rapporté d’un récent séjour en Argentine.
L’immense terrasse est conçue sur le même modèle que l’appartement avec un coin pour se reposer et un espace de convivialité. C’est un havre de paix où la nature est omniprésente, « notre poumon vert personnel », se réjouit Gilles Massé.

Andrea Tartaglia et Gilles Massé : le mariage de la mode et du design

Avec leur profil créatif, il était évident qu’Andrea (à gauche) et Gilles n’avaient pas besoin d’un décorateur pour s’occuper de leur appartement. Né à Rome en 1967, Andrea Tartaglia a suivi des études à l’Accademia Costume e Moda de la capitale italienne avant de collaborer avec Calvin Klein puis Gucci et, depuis peu, chez Louis Vuitton comme directeur du développement et de l’Atelier prêt-à-porter Femme. Sa réserve naturelle est équilibrée par l’énergie phénoménale de son conjoint, Gilles Massé, né en 1964 à Marseille. En 2014, après 10 ans au sein de la boutique milanaise La Rinascente, il est devenu directeur de la plateforme e-commerce Wallpaper*STORE. Plus tard rebaptisée FrankBros, celle-ci propose le meilleur du mobilier et de la décoration du monde entier.

Article paru dans le numéro 175 de Résidences Décoration.

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