L’architecte Vincent Van Duysen a rendu transparente et lumineuse cette ancienne maison de maître du début du siècle dernier pour mettre en valeur une remarquable collection d’art contemporain.
Par Philippe Seulliet
Haute et étroite, comme la plupart des maisons citadines belges, cette demeure bruxelloise est le fruit de la réunion de deux bâtiments sur le flanc d’une colline au panorama urbain exceptionnel. « L’abbaye de la Cambre en contrebas, de hauts immeubles des années 20 à la silhouette très Metropolis sur une butte à l’horizon, c’est le plus beau tableau qu’on puisse con – templer ici », explique James, le propriétaire, issu d’une famille d’esthètes, amateur passionné d’art contemporain, grand voyageur aux quatre coins du monde, qui fut à 24 ans le plus jeune galeriste de son pays. Mille mètres carrés sur neuf niveaux En 1996, il demande à Vincent Van Duysen, un de ses cousins, de transformer la construction inférieure, d’anciens ateliers, en galerie, et celle du haut, un hôtel de maître divisé en appartements, en son propre domicile.
En 2004, ayant cessé son activité de marchand, il fait de nouveau appel à Vincent Van Duysen pour réunir l’ensemble en une seule habitation de près de mille mètres carrés, propice à exposer une collection de toiles, de dessins, de sculptures, de vidéos s’enrichissant sans cesse, acquise sur des coups de coeur et réunissant les plus grands noms internationaux, comme Matthew Barney, Larry Clark, Mark Bradford, Franz West, Mona Hatoum, Wolfgang Tillmans, Kara Walker, Mattias Faldbakken, Sam Durant.
« Je voulais un maximum d’ouvertures pour laisser entrer la lumière naturelle et mettre en valeur mes accrochages », explique notre hôte, qui a passé beaucoup de temps avec l’architecte pour aller à l’essentiel, dans une simplicité qui n’exclut pas le luxe des matériaux. Avec les deux sous-sols transformés en salles de repos, de gymnastique et de pro jection, on compte neuf niveaux. Dans l’entrée principale, la grille en fer forgé 1900 d’origine a été doublée de battants en marbre de Calacatta, formant un sas ouvrant sur le vestibule, la cuisine et la salle à manger. L’escalier d’origine, couvert de moquette gris foncé, grimpe au salon-bibliothèque, où James aime méditer en compagnie de Jefke, son schnauzer, entre une toile immaculée de Jim Hodges et deux oeuvres plus sombres d’Ugo Rondinone, un masque ténébreux et un ciel noir ponctué d’étoiles.
Un goût certain pour la perfection Les marches mènent ensuite à la chambre et à la salle de bains, puis enfin à l’appartement des amis, aménagé en duplex. Depuis le rez-de-chaussée, un autre escalier, de marbre cette fois-ci, descend d’abord vers un bou doir doublé d’un vestiaire et de toilettes, donnant accès à la terrasse-jardin en teck, qui fait également office de toiture pour l’aile inférieure. Celle-ci est composée, de haut en bas, d’un salon d’hiver, d’un bureau- pièce d’exposition et d’un lieu d’installations donnant sur une ruelle, parallèle à celle où l’on est arrivé. « Durant les quatre ans de travaux, il y eut une très bonne collaboration entre nous, con clut James. Vincent est très fort pour créer des volu mes et épurer les choses. Il s’intègre et ne s’impose pas. » l