Perché au vingtième étage d’une tour de l’East Village, sur la très branchée première avenue, cet appartement vitré livre la ville de toutes parts. Défi de Sarah Poniatowski : le rendre chaleureux.
Texte Anne-Marie Cattelain Le Dû / Photos Will Ellis et François Darmigny
« Quand j’ai été contactée par cette famille fran- çaise venant de s’installer à New York avec ses enfants et d’acquérir un appartement de 250 m à Manhattan, j’étais super excitée, heureuse de retrouver cette ville et d’y signer un intérieur dans l’un des quartiers que j’affectionne le plus. Je ne les connaissais pas du tout et l’idée de passer du temps avec eux, d’échanger, me transportait. Bim, catastrophe ! Je devais partir mi-mars 2020 pour terminer le chantier au milieu de l’été. Le Covid s’est mis en travers de mon chemin, une réelle frustration », se souvient Sarah Poniatowski, aussi connue sous son ancien nom d’épouse, Lavoine.
Il a fallu improviser, faire preuve d’imagination. Les visioconférences, les Zoom ont remplacé tant bien que mal les contacts physiques avec les propriétaires et les entreprises intervenantes. Et jusqu’à ce jour, elle n’y est pas allée. Elle s’est contentée de vidéos et de photos. Heureusement, le brief était précis : rendre chaleureux, convivial ce lieu entièrement vitré qui, certes, offrait une vue exceptionnelle, mais que le manque de murs rendait impersonnel et froid. L’extérieur damant le pion à l’intérieur…
C’est encore avec émotion que la décoratrice parle de cette expérience, même si le résultat final répond parfaitement aux souhaits de ses clients et à ce qu’elle avait imaginé. « J’attends de trinquer dans le salon et de m’imprégner des lieux pour me dire que j’ai rempli mon contrat », dit-elle. Pour créer un cocon personnalisé qui permette à tous les membres du foyer de se sentir à l’aise mais aussi de recevoir des amis, des relations professionnelles, Sarah Poniatowski a choisi dans son nuancier des couleurs douces et fortes à la fois – l’amande, le vert thé de Chine, le rose poudré, souvent soulignés par des plinthes noires.
Elle a multiplié les poufs, les lampes et les miroirs, a associé assises rondes en velours, canapés intimes et grande banquette « Jacob », idéale les jours de réception. Et comme l’absence de murs interdisait d’accrocher le moindre cadre ou tableau, la décoratrice a privilégié les pièces de mobilier fortes, les objets, les vases, les luminaires.
Puis elle a réchauffé les baies vitrées en les parant – lorsque c’était possible – de bois comme le noyer. « J’ai invité Paris à New York, et cela fonctionne à merveille. Les deux villes les plus magiques au monde font leur show et se marient dans cette demeure avec intelligence » conclut-elle. Une touche de romantisme, une touche de folie… Magique !
Sarah Poniatowski
Autodidacte mais largement inspirée par sa maman décoratrice, Sarah Poniatowski a réalisé son premier chantier il y a 20 ans. Forte de son succès, elle a lancé sa propre marque, Maison Sarah Lavoine, pour éditer du mobilier, des accessoires, et créer des ambiances. Aujourd’hui sa « petite entreprise » compte 100 collaborateurs et s’installe aussi à l’international.
Reportage paru dans le numéro 165 de Résidences Décoration.