Le designer britannique est toujours en quête d’apprentissage et de nouveaux challenges. Sa passion du moment ? L’aluminium ! C’est avec lui qu’il conquiert un nouveau terrain de jeu : le monde extérieur, avec ses contraintes mais aussi ses infinies possibilités !
Texte Anne-Louise Sevaux
Une idée en tête
Cela fait dix ans que Tom Dixon rêve de concevoir une chaise en métal. Une chaise qu’il a maintes fois imaginée, essayée, construite et déconstruite. Parfois belle, mais trop lourde ou trop chère. Parfois pratique, mais manquant de confort. Après avoir voyagé à travers l’Europe, de l’Italie à la Norvège, il a finalement créé la chaise qui correspond à sa vision : Groove !

Rêve d’extérieur
Et c’est à l’extérieur que Groove prend vie. Une première pour Tom Dixon.
« La pandémie a poussé tout le monde dehors, même les Anglais, sourit-il. À nous, les designers, de nous adapter à ces changements de mode de vie. » De plus en plus, on s’installe dans les parcs, les jardins, sur les terrasses de restaurants ou parfois simplement sur un trottoir pour profiter du soleil. Groove est conçue pour être mobile, empilable et résistante aux éléments, répondant ainsi aux besoins des utilisateurs qui cherchent à vivre aussi dehors.

Partout et pour longtemps
Avec ses courbes, ses couleurs et son dos en arc-en-ciel, Groove semble déjà être une pièce iconique. L’avenir le dira ! Mais Tom Dixon espère bien la voir s’inviter dans tous les extérieurs, et même dans les intérieurs. « Cela pourrait aussi bien être une chaise pour le restaurant d’un musée, le Café de Flore, le jardin du Luxembourg ou un intérieur industriel. »
Il ne souhaite pas limiter son modèle à une seule esthétique, mais au contraire, jouer avec les harmonies et les contrastes. « Elle peut s’adapter à différents styles et environnements. »
La décoration par la matière
« Le point de départ de ce modèle, c’est vraiment la taule ondulée et les rainures, explique le designer. Cela crée une décoration naturelle, intégrée à la structure de la chaise. » Cette approche de la matière rappelle certains des modèles les plus emblématiques de la maison Dixon. « C’est vraiment quelque chose auquel je tiens. »
Actuellement, sa passion côté matière, c’est l’aluminium. Mais il a également dévoilé à Milan, en avril, une collection de tapis et coussins. Une première pour le designer ! Ces créations uniques sont toutes fabriquées à la main par des artisans du nord de l’Inde.

Et d’autres explorations sont déjà en cours : « Je m’intéresse notamment aussi au papier mâché et au liège. »
La lumière réinventée
Chez Tom Dixon il y a des inventions toujours, mais des transformations aussi, parfois. Comme la nouvelle version de la lampe Melt, signée Tom Dixon et désormais disponible pour l’extérieur. Une révolution ? Pas tout à fait, lorsque l’on sait que son fabricant est spécialisé dans les lampadaires. « Je n’ai jamais eu de problème à imaginer cette lampe à l’extérieur. » Le destin de Melt était-il donc tout tracé ? Peut-être. Mais c’est surtout la transformation du monde de l’éclairage qui a fasciné le designer. « Lorsque j’ai vu arriver ces petites lampes d’extérieur portables, j’ai trouvé ça formidable ! On revient ici à une façon d’éclairer très ancienne, où l’on se déplace avec la lumière, comme avec des bougies. On détache la lumière des murs et des plafonds. » Quelle joie pour le designer ! Ce retour à une liberté d’éclairage, rendue possible par les batteries et les ampoules, lui ouvre un nouveau terrain de jeu. « La technologie permet de changer la société et la façon dont nous habitons. C’est passionnant !

Les rencontres esthétiques
Son objet culte à lui ? Le secrétaire de son arrière-grand-mère. « C’est la seule chose que j’essaierais de sauver si la maison brûlait. C’est un meuble de style Boulle qu’elle a acheté chez un antiquaire », raconte Tom Dixon. Un objet qui traverse les époques et s’adapte à tous les styles, c’est ce qui intéresse particulièrement le designer. « Il est très important pour nous de créer des objets qui durent, et cela notamment, d’un point de vue environnemental. »
Et preuve, s’il en fallait une, du succès et de la longévité de ses créations ? « Aujourd’hui, je vois mes objets dans des magasins d’antiquités, et ils se marient parfaitement avec des pièces qui ont 200 ans ! C’est amusant et intéressant, on voit qu’on entre alors dans un nouveau cycle. »

Cinq dates clés
2002 :Tom Dixon fonde son entreprise éponyme.
2004 : La S-Chair, designée par Tom Dixon et lancée par Cappellini en 1989, acquiert une place permanente au Museum of Modern Art, à New York.
2015 : Sortie du luminaire Melt, un best-seller immédiat.
2017 : Tom Dixon dessine Le Drugstore sur les Champs-Élysées à Paris.
2025 : Le designer dévoile sa première collection pour l’extérieur : Groove.
Article paru dans le numéro 182 de RD – Résidences Décoration.




