The Upper House, révolutionnaire ! 

Belle audace ! Imaginer à Hong Kong, il y a presque vingt ans, un boutique-hôtel de designers différent. Qui, depuis, année après année, figure dans la liste des meilleurs cinq-étoiles au monde. Un bouleversement dans le paysage hôtelier de ce territoire si particulier.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû

The Upper House, littéralement « la maison haute », escalade sur quarante- neuf étages une colline dominant la baie Victoria. Brief reçu fin 2005 par l’architecte britannique Thomas Heatherwick et par André Fu, designer et décorateur d’intérieur hongkongais : proposer en lieu et place d’une résidence vieillotte, un hôtel intimiste, élégant, calme et convivial à la fois. « Lors de ma première visite sur le site, explique André Fu, j’ai mesuré l’ampleur de la tâche et des défis à relever entre l’impressionnant escalator, les plafonds bas, le manque de volumes. Ces données m’ont contraint à penser différemment, à aborder ce chantier d’un œil neuf, en oubliant les notions propres au luxe asiatique il y a vingt ans. Mon idée première a été d’embarquer les hôtes dans un voyage ascensionnel de la rue, desservant l’hôtel, jusqu’au restaurant flottant dans le ciel. »

Le chantier démarre en 2007 après de nombreuses tractations et The Upper House ouvre en 2009. C’est ni plus ni moins une révolution, une curiosité, un ovni, alors qu’il n’existe à Central et Kowloon, que des palaces classiques de grandes chaînes. La façade brutaliste de Thomas Heatherwick, la discrétion du logo, l’absence de lobby, donnent le ton comme l’ascenseur rapide, en bois rouge évoquant les portes torii japonaises. Fu, Hongkongais, ayant étudié en Grande-Bretagne, adore marier l’Orient et l’Occident, apporter quelques touches romantiques à l’esthétisme japonisant comme les grands chandeliers ressemblant à des cierges accueillant les convives au dernier étage. Il dessine, sur mesure, avec méticulosité, les meubles, les tapis, les luminaires pour les 117 chambres et suites, aux proportions plus que confortables. Et pour le Gray, lounge bar et restaurant au 49e étage, désormais rendez-vous incontournable des happy few autochtones comme des visiteurs internationaux sensibles à la vue – extraordinaire – , à la décoration, à l’ambiance feutrée chaleureuse, aux cocktails et aux mets. Surtout, Fu avec la complicité et l’expertise d’Alison Pickett, l’une des curatrices les plus renommées d’Hong Kong, notamment en sculpture, constitue une collection unique de quelque 400 œuvres. Elles personnalisent The Upper House, deviennent sa signature. « Alison a choisi des sculptures très architecturales où l’ombre et la lumière interagissent. Ensemble, nous avons impliqué dans notre démarche, des artistes locaux tels que Man Fung-Yi, céramiste, qui a composé des œuvres pour l’ascenseur et le hall le desservant. Alison a approché l’artiste japonais Hiroshiwata Sawada, qui s’inspirant des reflets de l’eau et de la lumière du port a projeté “Rise”, impressionnante installation verticale s’étendant du 38e au 49e étage. Quant à moi, je suis toujours aussi touché par “Grain”, les deux sculptures en marbre de l’artiste taïwanaise Cynthia Sah posées à l’entrée de l’hôtel et en haut de l’escalator. Elles évoquent un visage s’inclinant vers le sol pour accueillir les invités dans la maison. »

The Upper House se patine, sans prendre une ride, avec grâce, conservant sa place de pionnier, aimantant plus que jamais les amoureux des endroits pas comme les autres. Jour après jour ils écrivent sa légende.

Le Gray, bar restaurant, au dernier étage donnant sur la baie Victoria, avec son lustre spectaculaire designé par André Fu est devenu the place to be des Hongkongais chics et trendy. © DR
Obsession du designer, la structuration de l’espace pour permettre à chacun, n’importe où dans The Upper House, de se sentir chez soi, de s’isoler. Une notion nouvelle en Asie du Sud-Est lorsqu’il a dessiné ce cinq-étoiles. © DR
Sacraliser les lieux, comme ici avec cette double rangée de lumières ressemblant à des cierges dans le couloir conduisant au restaurant. Important dans un territoire où la consommation à tous crins l’emporte sur la spiritualité. © DR
André Fu, comme tous les Hongkongais, est amoureux de son bout de terre natal dont il apprécie toutes les facettes, notamment la cuisine, telle que celle du Gray, résumé des influences chinoises et européennes. © DR
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Le luxe décalé, preuve par trois 

Des chambres immenses, dans un quartier, Admiralty, où les mètres carrés sont comptés. 70 m2 minimum dont 28 pour la plus petite salle de bains.

Pas de spa mais le 10x Longevity, lounge exclusif proposant un rituel bien-être segmenté entre relaxation et oxygénation dans un caisson hyperbare, sauna, bains froids, soins sous lumière infrarouge.

Pas de flotte de Rolls-Royce pour les clients, comme un autre palace hongkongais, mais une « écurie » de Lexus hybrides avec réseau Wifi.

Article paru dans le numéro 180 de RD – Résidences Décoration.

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