Sophie Lacroix « Mon travail s’appuie sur l’ambiguïté intérieur/extérieur »

Rigueur technique et respect profond pour l’excellence à la française : des bases solides pour une jeune femme bien dans son temps. Pour preuve, la levée de fonds auprès de protagonistes du monde de l’art et de la finance qui lui a permis de se lancer… Inédit !

Texte Élodie Declerck

Votre formation ? 
En 2017, alors étudiante à Penninghen, j’ai reçu le prix « Nouveau Talent du design » à la Paris Design Week. Deux ans plus tard, j’obtenais mon diplôme et mon premier emploi puisque Patrick Gilles (du duo Gilles & Boissier, NDLR), que j’ai eu la chance d’avoir dans mon jury, m’a repérée. J’ai passé deux ans très formateurs à ses côtés, sur des projets résidentiels internationaux. 

Votre signature archi ? 
Mon travail s’appuie énormément sur l’ambiguïté intérieur/extérieur. Pour y parvenir, j’ai mes constantes : des matières nobles, des couleurs chaudes, de la texture, une empreinte forte parfois jusque dans les murs, sans toutefois être trop littérale. Et bien sûr, l’apport de la lumière avec laquelle j’aime jouer. 

Avec la complicité de l’ébéniste Robin Poupard, Sophie signe une collection d’objets en marbre et noyer pour la table du petit déjeuner du palace Four Seasons Hotel George V. 

Vos projets en cours ? 
Après 10 mois de travaux, je viens de terminer le restaurant méditerranéen Siena, place du Marché-Saint-Honoré. Je mets la dernière touche au club-house du Rugby Club toulonnais et suis en plein chantier du beach club du Manko Athens, en Grèce. Les prochains challenges dans mon carnet de commandes ? Un autre restaurant à Paris, place de la Bourse, et quelques projets résidentiels encore secrets à Prague. J’en dois certains à mon réseau de collectionneurs, d’esthètes, de personnes qui ont cru en moi via cette levée de fonds. C’est vraiment une boucle vertueuse. 

« Avec Siena, j’ai voulu qu’on voyage en Toscane », confie Sophie, qui a tout pensé, du mobilier en cannage et velours aux décors pluriels, tantôt lumineux avec des fresques florales en bas-relief, tantôt intimiste et feutré avec force miroirs et éléments en bronze. 

Un projet un peu fou dont vous rêvez ?
Être missionnée pour un boutique-hôtel au bord de la mer. Ayant vécu une partie de ma vie à Toulon, je suis très attachée à la Méditerranée. La mer est un Graal, j’aimerais pouvoir retranscrire mon rapport aux éléments. 

La plus belle architecture au monde, selon vous ? 
Les lieux sacrés. J’ai une admiration folle pour la construction dédiée à la spiritualité de façon générale. L’objet de mon mémoire de fin d’études était une église pour athées. J’aime l’idée de croire sans appartenir.

Élément de la collection « Iris » (composée aussi d’un guéridon et de deux luminaires), cette table basse est une pièce unique, sculptée dans l’orme et l’acier inoxydable. 

Votre objet fétiche ? 
Mon tote bag A3 ! Il s’agit en fait d’une pochette grand format réalisée par Robin Poupard, mon ami ébéniste qui travaille -aussi le cuir. Moi qui suis toujours encombrée, elle me permet de transporter mes plans en toute sécurité.

Les repères de Sophie Lacroix

1995 : naissance de Sophie, qui passe son enfance entre Toulon et Bruxelles où vit son père. 

2017 : encore étudiante, elle fonde sa première maison d’édition de mobilier, R&L Studio. 

2019 : diplômée de l’École supérieure des arts graphiques Penninghen, elle est recrutée par Gilles & Boissier.

2021 : à 25 ans, elle fonde Bureau Lacroix grâce à une levée de fonds. 

2023 : collection de pièces d’arts de la table, restaurants… l’architecte multiplie les projets, avec l’objectif de « créer du décor pour les gens ».

Article paru dans le numéro 171 de Résidences Décoration.

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