Shangri-La Le Touessrok, la cabane devenue 5-étoiles

C’est une histoire vraie… presque à dormir debout ! Ce qui serait un comble dans cet hôtel légendaire de l’île Maurice, qui, sous la houlette de Gregory Coquet, son directeur, poursuit son ascension.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû

L e 30 octobre dernier, pieds nus dans le sable pour la plupart, VIP, clients fidèles depuis des années, et même un membre du gouvernement, balayé quelques jours plus tard par les élections, fêtent la réouverture du resort de la côte est, « havre tropical élégant et vibrant », comme le définit son directeur général.

Difficile lorsque de la mer, ou d’un parachute ascensionnel, on contemple le palace des sables d’imaginer qu’entre ces entrelacs d’îlots s’élevait, il y a quarante-huit ans, un hôtel tout simple doublé d’un restaurant tenu par Jacqueline Dalais et son mari Cyril. Grâce au bouche-à-oreille, à l’excellence de sa table et à son ambiance familiale, le Touessrok attirait déjà les « vedettes », Jacques Brel en tête. Astrid, la fille de Jacqueline, raconte, émue, « les soirées avec le grand Jacques qui, plus que tout, appréciait les massages de sa mère qui soulageaient ses maux de dos ». En 1976, des raisons personnelles contraignent les Dalais à vendre. L’ex-cabanon, avec son emplacement exceptionnel, sa renommée bien assise, trouve vite acquéreur. Une compagnie sucrière remporte la mise. Son intention : bâtir le premier hôtel de luxe de l’île. Projet ambitieux déroulant une centaine de chambres où, très vite, souverains britanniques, actrices et acteurs américains ou encore sportifs renommés viennent décompresser, jouer au golf, pêcher au gros, jouir de la douceur de vivre mauricienne.

Jacques Brel adorait venir se faire chouchouter par les Dalais, Jacqueline en tête, une vraie personnalité. © DR
Une des chambres de l’îlot Corail avec sa grande terrasse regardant l’océan Indien et une des plages. © DR
Vue aérienne dévoilant la configuration du 5-étoiles bordé de part et d’autre par le sable et l’océan. © DR

La force du 5-étoiles : ne pas s’endormir sous ses palmiers, entre ses six plages et son parc de 34 hectares sur lesquels veillent Sultan, jeune jardinier, et son équipe d’une trentaine de personnes replantant des espèces peu gourmandes en eau. « Le monde évolue de plus en plus vite, l’univers du tourisme de luxe n’échappe pas à cette règle, explique Grégory Coquet, le directeur de l’établissement, natif de l’île. Nous devons devancer les envies de nos clients pour les surprendre, les fidéliser. » C’est pourquoi l’hôtel, qui compte pas moins de 102 chambres, 65 suites et 3 villas, porte une attention particulière à la gastronomie, au bien-être, aux expériences exclusives, aux petits détails qui rendent le séjour unique, inoubliable. « Pour cela, nous nous appuyons sur nos racines, notre culture, notre volonté de faire rayonner notre île, notamment à travers des événements tels que le Festival du film féminin, que nous organisons chaque année », poursuit le directeur.

Pour mettre en lumière l’artisanat et les produits locaux comme le rhum étiqueté La Bourdonnais, ils peuvent également compter sur Colin Field, qui pendant trente ans régna sur le bar Hemingway du Ritz Paris. Ce bartender hors norme vient plusieurs fois par an revoir les cartes de cocktails du palace, former ses équipes et dialoguer avec ses clients. Avec pour seule devise « offrir des instants de bonheur ».

Coco’s, une déco souvenir

© DR

Enturbannée, Asmaa Said, designer, décoratrice, créatrice du Cabinet ODD Duck de Dubaï, s’empresse de peaufiner, côté bar, le décor du Coco’s. Base line de son studio : « raconter l’histoire des lieux ». Ça tombe à pic sur cette plage de Trou d’Eau Douce où, en 1915, Henri Wiehé, planteur de cannes à sucre, assemble un cabanon pour se reposer le dimanche. Son épouse, d’origine bretonne, le baptise en mémoire d’une petite île des Côtes-d’Armor, Tu-es-Roc. Instruite de cette histoire, Asmaa la traduit à sa façon en accrochant un lustre magistral, superpositions de coquillages, en choisissant des tissus Élitis, Pierre Frey, Perennials aux teintes océanes et aux motifs tropicaux, des poufs Paola Lenti et des chaises en bois du suar de Bali. Puis en posant sur le comptoir d’amusantes lampes dont les abat-jour frangés coiffent un dodo, oiseau symbole de l’île, disparu il y a 300 ans, victime de la voracité des hommes, friands de sa chair savoureuse.

Article paru dans le numéro 179 de Résidences Décoration.

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