Oubliez le minimalisme et l’uniformité ! La décoratrice Ornella Abouaf nous ouvre les portes de son appartement de la banlieue ouest de Paris. Un lieu aux combinaisons audacieuses, où se mêlent pièces design iconiques, meubles dessinés sur mesure, belles matières et explosion chromatique.
Par Marie-Maud Levron / Crédits photographies : ©Yann Deret
Sortir de sa zone de confort pour se renouveler : c’est le pari qu’a fait Ornella Abouaf en quittant le milieu de la mode pour se lancer dans de grands projets de décoration et d’architecture d’intérieur. Pour son propre lieu de vie, elle a jeté son dévolu sur un bel appartement des années 1960 de 145 m2, situé à Neuilly-sur-Seine. Lors de sa première visite, il avait une tout autre physionomie : « De la tapisserie épaisse recouvrait sols et plafonds, il y avait uniquement deux chambres mais une grande cuisine », raconte-t-elle. Ornella a tout de suite senti que l’endroit, baigné de lumière grâce à de nombreuses fenêtres, permettait d’envisager une certaine radicalité.
« J’ai tout remodelé pour ne garder que le parquet ! » s’amuse-t-elle. Pour s’adapter au rythme de la vie de famille, l’espace a été totalement métamorphosé : la circulation des pièces a été repensée, et de grands rangements ont été disséminés un peu partout.
Après cinq mois de travaux, le logement se compose désormais d’un grand séjour-salle à manger, d’une cuisine indépendante, de quatre belles chambres pour chacun – le couple et ses enfants – et de salles de bains pour les petits et les grands. « J’avais envie d’une pièce de vie avec de beaux volumes, et surtout d’une cuisine séparée d’où l’on peut toutefois apercevoir le salon. Même si j’adore les pièces de vie décloisonnées, je cuisine souvent pour ma famille ! Je voulais vraiment éviter de voir le désordre dès que je rentre chez moi », explique la décoratrice. Pour réinterpréter le décor de ces espaces bien définis, tous les parquets ont été déposés puis reposés sur une chape en béton coulée. Les matériaux, la quincaillerie haut de gamme et la palette de couleurs ont été soigneusement sélectionnés. Avec pour toile de fond l’esprit seventies, l’époque Art déco et une atmosphère méditerranéenne, chaque pièce raconte une histoire et convoque des assemblages audacieux. Ainsi, l’entrée qui manquait d’éclat a été mise en scène avec un nouveau sol en terrazzo coloré et une longue banquette plaquée de noyer.
Dans le séjour, la peinture verte Ressource des grandes bibliothèques du séjour a été sciemment choisie pour créer un décalage avec les moulures classiques de la pièce.
Quant à la cuisine, elle se distingue par le dialogue saisissant entre un plan de travail en granit noir du Zimbabwe et une table laquée dont les pieds font référence aux formes géométriques du groupe Memphis.
Un peu partout, l’allégresse transparaît à travers une profusion de teintes qui s’égrènent au fil des pièces, avec des notes roses, jaunes et terracotta, véritables échos aux intérieurs du Sud qu’Ornella aime tant.
Une évidence quand on connaît la joie de vivre et l’univers de la collection de vaisselle de cette créative, qui avoue : « J’ai besoin de couleurs pour m’approprier l’espace. » Le ton est donné, notamment dans sa salle de bains rose glamour, ou sur le mur derrière sa tête de lit, recouvert d’aplats de couleurs rayonnantes.
Pour habiller l’ensemble, elle a dessiné beaucoup de meubles qu’elle a fait confectionner sur mesure, associés à des pièces iconiques ou chinées aux puces de Saint-Ouen, et à une sélection faite chez des éditeurs contemporains très en vogue, comme cette série de chaises de l’architecte d’intérieur et amie Laura Gonzales, ou les lampes des dernières collections de The Socialite Family.
Décidément, la jeune femme a su réveiller cet appartement vieillot, mué depuis en lieu de vie ultra-déco, à l’abri du tumulte de la ville.
Article paru dans le numéro 162 de Résidences Décoration.