Fondatrice de Maison Sarah Lavoine, architecte d’intérieur mais aussi designer d’objets pour embellir le quotidien, la belle blonde à la voix rauque colore la vie comme ses réalisations.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photo de couverture Francois Roelants
Votre signature, votre style ?
Au départ, j’avais l’ambition de proposer quelque chose de légèrement différent. Nous sortions des années 1990. Les intérieurs avaient peu de personnalité, de couleurs. Le total look était courant. J’ai pris le contrepied. La couleur et la lumière sont devenues ma signature. Elles sont mon burin et mon marteau pour sculpter l’espace. Concevoir un intérieur relève de l’intime. Mon mantra : le beau fait du bien. J’y crois et je tiens à ce que les espaces et les objets soient élégants, chaleureux, provoquent une émotion. Je veille aussi à ce que chacun puisse s’approprier mon univers.
Vos réalisations en cours ?
L’une des plus intéressantes, un atelier d’artiste transformé en appartement familial avec une vue imprenable sur Paris et une lumière magnifique. Mais je suis aussi fière que les concepts imaginés pour les Cafés Joyeux, cafés-restaurants solidaires qui emploient et forment des personnes en situation de handicap, ainsi que pour la Fondation des Hôpitaux de Paris, en aménageant des espaces pour les soignants, continuent d’essaimer. Dans mes dossiers à venir : un hôtel, des bureaux, un restaurant et des résidences privées.
Votre plus beau projet ?
Chacun de mes projets est spécial, mais si je devais en choisir un, ce serait le prochain ! Ma plus belle réalisation reste cette entreprise Maison Sarah Lavoine, qui grandit tous les jours, notamment côté -architecture d’intérieur, et s’étend à l’international.
Un projet un peu fou, dont vous rêvez ?
Développer un petit groupe d’hôtels serait une continuité parfaite pour Maison -Sarah Lavoine : recevoir « chez moi » ! Mais j’ai déja eu la chance de travailler sur des -projets -audacieux, tel le siège L’Oréal Luxe à Levallois-Perret. Notre signature chaleureuse et colorée a convaincu, donné vie à des bureaux où l’on se sent bien.
Votre premier chantier ?
Une sublime maison rue Mouffetard, dans le 5e arrondissement de Paris. Ses propriétaires m’ont fait confiance alors que je démarrais. Nous avions les mêmes envies, les mêmes goûts.
La plus belle architecture au monde selon vous ?
J’admire l’architecture classique française, les immeubles parisiens du XVIIIe siècle, mais aussi l’élégance des bâtiments contemporains de Tokyo. J’ai eu la chance de dormir au Benesse House Oval à Naoshima, et je suis toujours émue par les réalisations de Tadao Ando, qui, à Paris, a métamorphosé en musée sublime la Bourse de Commerce.
La couleur que vous n’utilisez jamais ? Et celle que vous aimez ?
Je ne m’interdis aucune couleur. J’aime les mélanger et joue rarement la carte du monochrome ou du blanc. J’éprouve un penchant net pour le bleu, mais aussi le jaune curry, témoin de mon goût pour les tonalités de l’Inde et de ma passion pour le Maroc.
La forme qui vous inspire le plus ?
Les tracés organiques, qui apportent de l’harmonie. Quoi de plus inspirant que la nature ? Je m’en nourris au quotidien, elle ne me lasse jamais. J’apprécie les lignes épurées, notamment la triple rayure, l’une de mes signatures, qui souligne les espaces et rythme les volumes.
Jamais sans votre carnet de croquis ou sans votre smartphone ?
Jamais sans mon smartphone ! J’y note mes idées, prends des photos de détails qui m’inspirent. Mais avant tout, jamais sans ma mémoire. Je garde tout en tête. Cela m’empêche souvent de dormir.
Un dîner en tête-à-tête avec un/une confrère/consœur : lequel, laquelle ? Pourquoi ?
J’aurais adoré passer une soirée avec Luis Barragán, architecte mexicain décédé en 1988… Pour son amour de la couleur, sa façon particulière d’habiller les volumes, sa capacité à créer de l’émotion, et surtout sa vision.
Réincarnée, vous redevenez Sarah Poniatowski ?
Sans hésitation ! Je me lève chaque matin pour faire un métier qui me passionne. Je n’arrête jamais, et suis très entourée. Depuis toujours, j’ai mon noyau dur, une équipe fidèle. Si c’était à refaire, je ne changerais rien. Ou presque… même si j’ai le sentiment de ne pas passer assez de temps avec mes enfants, mon socle.
Votre objet fétiche ?
Les miroirs. Ils ajoutent de la lumière, de la profondeur à n’importe quel espace, tout en étant de très belles pièces décoratives.
Les repères de Sarah Poniatowski
2002 : Création de mon studio d’architecture et de décoration intérieure.
2011 : Ouverture de ma première boutique rue Saint-Roch, à Paris.
2012 : Création de ma marque Maison Sarah Lavoine, passage de l’espace à l’objet.
2016 : Ouverture du flagship entre deux places parisiennes iconiques, celle des Victoires et celle des Petits-Pères.
2016 : Réalisation de mon premier hôtel, le Roch Hôtel & Spa.
2023 : Ouverture de la première boutique à l’étranger, à Bruxelles.
Article paru dans le numéro 173 de Résidences Décoration.