Depuis la région du Bugey, dans l’Ain, le groupe Roset tisse son empire familial autour de deux marques emblématiques de l’ameublement design et contemporain : Ligne Roset et Cinna. Une histoire qui s’écrit depuis 1860, entre création, ambition et tradition.
Texte Anne-Louise Sevaux
Un terroir solide et talentueux
Quand Antoine Roset fabriquait des cannes pour ombrelles, au milieu du XIXe siècle, imaginait-il que 165 ans plus tard, ses descendants feraient toujours vivre son atelier, niché à Montagnieu, au cœur du Bugey ?
Depuis, l’entreprise a bien grandi. Des cannes, elle est passée aux chaises, puis aux meubles contemporains. De fabricant, Roset est aussi devenu éditeur, puis distributeur.
Le groupe a conquis l’Europe et une partie du monde, et embauche aujourd’hui plus de 700 salariés. Tout cela, sans jamais quitter sa terre natale, au bord de la rivière.
« On est très attachés à notre terroir, raconte Antoine Roset, aujourd’hui co-directeur du groupe et arrière-arrière-petit-fils du fondateur. Il y a ici un côté solide et réconfortant, ainsi que de précieux savoir-faire, comme la couture ou la tapisserie d’ameublement. »
La cinquième génération
Si l’entreprise est restée fidèle à sa région, elle l’est aussi à son nom. Aujourd’hui, Antoine et son cousin Olivier Roset incarnent la cinquième génération à la tête du groupe. Ils perpétuent un héritage porté par leur grand-père, Jean Roset, figure charnière de l’histoire familiale. « Il a repris l’entreprise de son père, mais c’est lui qui l’a fait changer d’échelle », souligne Antoine.

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise contribue à la reconstruction nationale en fabriquant notamment du mobilier pour les collectivités. Mais le vrai tournant a lieu quelques années plus tard, lorsque Jean décide que Roset éditera désormais ses propres meubles.
À la fin des années 1960, Michel Ducaroy entre dans la maison et dans l’histoire. Il deviendra le premier directeur artistique du groupe, et signera en 1973 le désormais iconique Togo. Une pièce culte qui, depuis, n’a jamais quitté la production.

Ligne Roset et Cinna
La même année que le Togo, la marque Ligne Roset est lancée, suivie en 1975 par sa petite sœur Cinna. « L’objectif était de se créer une autoconcurrence, résume Antoine Roset. Cinna proposait alors une approche plus jeune, avec, à l’époque, des prix plus accessibles. » C’était aussi une façon de rester en mouvement : « Dans une entreprise familiale, il y a toujours un risque de s’endormir un peu. »

L’importance du design et de la création
Mais comment s’endormir quand la création est le moteur de tout ? Chaque année, de nouveaux modèles rejoignent les collections. « On ne vit que par la création, affirme Antoine Roset. Il y a toujours aujourd’hui cette volonté d’être à la pointe du design et de garder notre esprit créatif et impertinent. »
Créer, c’est aussi savoir revisiter. Depuis une dizaine d’années, les rééditions occupent une place croissante chez Roset comme chez Cinna. « Comme dans tous les cycles, on revient à ce qui a été fait auparavant. On aime cette pointe de nostalgie des années 1960-70. » Et comme on l’aime aussi, on en redemande !
Article paru dans le numéro 182 de RD – Résidences Décoration.




