Le Brutalisme, quand la nécessité dicte l’architecture

Le brutalisme a connu son apogée entre 1950 et 1980. Matériaux bruts, palette minimaliste et recherche de fonctionnalité pure ont inspiré aux architectes des projets qui, pour certains, sont reconnus comme patrimoine mondial. 

Texte Cécile Olivéro

1947… ou un peu avant

La Seconde Guerre mondiale a laissé derrière elle un paysage de désolation dans de nombreuses villes européennes. Il faut se montrer efficace et reconstruire vite, avec peu de matériaux disponibles. L’austérité va dicter l’architecture des bâtiments publics comme privés. Le brutalisme répondra à ces besoins urgents en allant à l’essentiel et en gommant toute notion d’ornement.

Protagonistes

Un quatuor d’architectes voit son nom associé au brutalisme. Le Franco-Suisse Le Corbusier imagine, dès 1947, la « Cité radieuse », à Marseille. En 1958, le couple britannique Alison et Peter Smithson réalise la Hunstanton School. Quatre ans plus tard, Marcel Breuer, Américain d’origine hongroise, signe le siège de l’Unesco, à Paris. 

Plus proches de nous, Oscar Niemeyer (la Bourse départementale du travail de la Seine-Saint-Denis), Rudy Ricciotti (le Mémorial du camp de Rivesaltes), Tadao Ando, Herzog & de Meuron… s’inscrivent tous dans une « nouvelle vague » brutaliste.

Philosophie

Comme en réaction au style des beaux-arts, le brutalisme milite pour une recherche de la fonctionnalité pure, dénuée de tout artifice. Les constructions sont massives, les façades en béton jouent l’austérité, le gris devient la norme. L’heure est à l’égalité sociale, en opposition avec les prétendues références bourgeoises et leur décorum.


Avec « Fusto Oval Coffee Table III », Marialaura Irvine réinvente la table pour Forma&Cemento : plateau ovale, pieds emblématiques de la collection Fusto, le tout en ciment.

Matériaux

« Marcel », issu de la Creative Collection de Glamora, fait référence au néobrutalisme avec ses jeux de clairs-obscurs géométriques.

Le béton brut, privilégié pour sa rudesse, symbolise le brutalisme. Certains architectes, dont les Smithson, utiliseront aussi la brique et l’acier. Aujourd’hui, le néobrutalisme
est tendance et inspire les designers : Marie Michielssen et ses lampes ou ses pots, Renate Vos et ses luminaires, toutes deux pour Serax, Marialaura Irvine et son mobilier pour Forma&Cemento, ou encore Glamora et ses revêtements muraux ton sur ton.

Iconique

© Ville de Marseille

La « Cité radieuse », commencée en 1947 et terminée en 1952, a fait son entrée au patrimoine mondial de l’Unesco en 2016. Avec elle, Le Corbusier a développé le concept d’unité d’habitation et théorisé les cinq points d’une architecture révolutionnaire : les pilotis, le plan libre, la façade libre, le toit-terrasse et la fenêtre en longueur.

Pour aller plus loin

À travers 250 portraits d’architectes, 200 bâtiments et 350 photographies, Owen Hopkins offre un large panorama de projets brutalistes à travers le monde.  On y retrouve les grands maîtres en la matière et on découvre aussi ceux, moins connus, que l’Histoire a oubliés.

Les brutalistes. Les plus grands architectes du brutalisme, d’Owen Hopkins, éd. Phaidon, 59,95 €

Article paru dans le numéro 169 de Résidences Décoration.

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