Le Bristol Paris, secrets de palace 

À deux pas du ministère de l’Intérieur et du palais de l’Élysée, le fleuron parisien d’Oetker Hotels souffle ses 100 bougies à pas feutrés. Comme Socrate, félin sacré de Birmanie, sa mascotte.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû

Si ce n’est le comptoir des concierges et la porte des ladies du lobby, s’ouvrant seule lorsqu’on approche, on se croirait dans une demeure de campagne chic, où chaque meuble, chaque objet, semblent à sa place depuis un siècle. Socrate, gagnant le jardin, entretient l’illusion. Cependant, on est bien faubourg Saint-Honoré, dans le 5-étoiles où le 5 mai 2011 vers 13 heures, fut fixée la première plaque Palace, label accordé pour la première fois en France, à huit hôtels prestigieux, dont le Bristol Paris. Pile à l’instant où Nicolas Sarkozy, président de la République, sort du 5-étoiles. Coïncidence ? Peut-être. Pas étonnante cependant puisqu’hommes politiques, footballeurs, écrivains, stars du showbiz, aiment séjourner quasi-incognito dans le 5-étoiles dont la discrétion est l’apanage. Exception, le soir après 23 heures, lorsque le bar chic aux portraits d’ancêtres se métamorphose en B.A.D., Bristol After Dark, sous la direction de Thierry Hernandez. Place aux clubbers, influenceurs, mannequins, stylistes, rockers, etc. Une assemblée qui ne surprendrait pas son premier propriétaire Hippolyte Jammet, héritier de nombreux cafés parisiens. Le Bristol, construit en 1816 place Vendôme, ferme 100 ans plus tard. C’est à ce moment-là que Jammet rachète le nom avec une idée bien précise. Il lorgne, faubourg Saint-Honoré, la propriété du comte Jules de Castellane pour bâtir un hôtel. Parvenu à ses fins, il rase la demeure pour ériger son palace qu’il baptise Bristol. Dès son ouverture en 1925, l’hôtel aimante le microcosme qui alimente les gazettes mondaines, asseyant sa réputation. Jammet ne cédera Le Bristol qu’en 1978, sollicité par les Oetker, industriels allemands qui n’achètent des hôtels que sur coups de cœur, le Brenners Park de Baden-Baden en Forêt-Noire en 1941, ou le Cap-Eden-Roc à Antibes en 1969. Le Bristol forme ainsi le trio de tête. La famille, les femmes, en particulier, mère, fille, puis belle-fille, le choient, s’occupant de la décoration des 90 chambres et 100 suites mais aussi de celle des restaurants qui participent à son aura. Grâce aux trois étoiles acquises par Éric Frechon en 2009, conservées par son successeur Arnaud Faye, cette année, Le Bristol s’inscrit, comme en 1925, dans le parcours des amoureux de Paris, Américains et Japonais en tête. Naturellement.

La suite Impériale, avec ses 320 m2 d’un classicisme à la française voulu par Maja Oetker et signée Pierre-Yves Rochon, séduit avant tout la clientèle étrangère, américaine en tête. © Claire Cocano
Chambre de luxe, catégorie « la plus simple » du palace, au style plus contemporain que rehausse un lustre de cristal. © Claire Cocano
Donnant sur le jardin, l’un des plus agréables d’un palace parisien, la façade s’égaie de rouge : rayures des stores, jardinières de géraniums. © Claire Cocano
La ravissante et romantique petite terrasse privée de la suite Honeymoon, pour un champagne, un petit déjeuner, un thé, en tête-à-tête. © Claire Cocano

Chats… c’est palace

© Claire Cocano

31 juillet 2014, midi. Cent journalistes parient, champagne à la main, sur tel ou tel rachat par le groupe Oetker. Trompettes, images d’un péplum sur grand écran, les interrompent. Porté, tel un palanquin, par quatre hommes sur un petit lit doré, un chat se planque sous le tulle du baldaquin. En fait, c’est une chatte, Kléopatre, sacrée de Birmanie, destinée à s’accoupler à Fa-raon, mascotte du palace depuis trois ans. La promise, qui jamais n’acceptera les avances du matou, porte un nœud papillon Goyard et une médaille en argent Christofle. Les invités, goguenards, l’ignorent vite, savourant croquettes de crevettes, terrine de maquereau, souris en chocolat, macarons chat, poissons tarte. Un canular ? Non ! Un coup de maître pour braquer les projecteurs sur le palace, la veille de l’ouverture du Peninsula Paris et de celle du Plaza Athénée, fermé pour travaux pendant plusieurs mois… Chat… c’est rusé !

Article paru dans le numéro 183 de RD – Résidences Décoration.

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