Architecte de formation, le créateur de Paper Factor a remis au goût du jour le papier mâché. Un matériau très écologique fait de bandelettes de papier, assemblées avec de la colle et auxquelles on mêle souvent des morceaux de textile. À Lecce, dans les Pouilles, fief de l’atelier, les statues des églises, portées à bras d’homme lors des processions, sont en papier mâché. Grâce à son inventivité, sa recherche de matières et matériaux nouveaux, Riccardo collabore avec les plus grands designers.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le dû
Son métier
« Mon travail est créatif et technique, évoluant constamment vers la recherche, le développement de nouveaux matériaux dérivés de la cellulose, un métier de passion pour les matières, un acte créateur, une manipulation, une synergie entre la main et la machine. Avec Paper Factor, j’ai signé des projets pour des maisons de mode, de design, des résidences privées, des institutions… Ainsi, je travaille actuellement avec le studio parisien GGSV, de Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard, sur une œuvre pour la villa Médicis à Rome. »
Sa signature
« Paper Factor est une longue histoire née il y a huit ans après une phase d’étude et de préparation de dix ans de Barcelone à New York avant de revenir en Italie. J’ai hérité de cette passion pour la matière pure de ma mère, fondatrice du Centre de restauration du papier, spécialisé dans les fibres et membranes. Aujourd’hui, je crée des matériaux spécifiques, sur demande. L’ADN artisanal du Made in Italy est essentiel chez Paper Factor. L’homme joue le premier rôle dans l’acte créatif à condition qu’il comprenne la matière et que celle-ci le suive, qu’elle s’adapte à son propos. »
Ses outils
« Après plusieurs années de travail, d’errance et d’erreurs, je me sers principalement de machines mises au point pour la cuisine, la pâtisserie et la menuiserie. Je cherche, j’évolue. »
Ses matériaux
« Il y en a tellement que j’aime : bois, métaux, pierres, matières malléables, matériaux naturels. Tout dépend de la façon dont ils réagissent à la découpe, au traitement, à l’assemblage, à la juxtaposition, à la lumière, à l’ombre… Actuellement, je m’intéresse à la récupération des matières premières, teste des incrustations, des associations complexes. Il existe une infinité de combinaisons qui élargissent le champ des possibles. »
Sa plus belle rencontre professionnelle
« Honnêtement, aucune en particulier. C’est un cheminement professionnel de Florence à Paris, des Pays-Bas à l’Espagne, aux États-Unis. Il est indéniable, cependant, que les échanges avec certains maîtres et artisans m’ont donné des clés, ouvert des horizons. J’ai une formation d’architecte puis j’ai évolué de façon parfois inattendue. »
Ses réalisations, les projets qui lui tiennent à cœur
« Parmi les projets qui m’ont passionné : un appartement privé à Central Park avec Suchi Reddy, architecte indo-américaine, mais aussi “Le voyage recommencé”, une exposition de pièces de haute joaillerie Cartier mise en scène à Florence par Patricia Urquiola, les “Dezeen Awards” de Bentley, “Gabrielle Chanel, Fashion Manifesto”, rétrospective des œuvres de la couturière au Victoria & Albert Museum, à Londres, avec le studio Robert Storey. Des collaborations et des créations très complexes qui, toutes, représentaient de nouveaux challenges. Mais le client le plus exigeant, le plus rigoureux de Paper Factor, c’est moi ! J’adore relever des défis, voyager, apprendre. C’est ma raison de vivre. »
Ses dates marquantes
« Plutôt des rendez-vous incontournables, le Salon du meuble de Milan, Art Basel, La Biennale de Venise, Dubai Design Week… »
Article paru dans le numéro 175 de Résidences Décoration.