La lampe 1013, petit bijou de sobriété

Texte Aurélien Jeauneau

Le luminaire italien tient encore haut la barre de la modernité dans l’inconscient collectif. La France, pour autant, n’est pas en reste, et ses fabricants et designers ont su, sur la seconde moitié du XXe siècle, offrir une gamme étendue de lampadaires, lampes à poser ou plafonniers élégants, pertinents et fonctionnels. L’entreprise historique française Disderot, qui représente les heures glorieuses de l’éclairage français, était en demi-sommeil depuis les années 1980. La voilà de nouveau (très) active en renouant avec ses collections et le savoir-faire français.  

Héraut de la modernité

Pierre Disderot.

Pierre Disderot (1920-1991) est un ingénieur français qui lance son atelier de fabrication d’éclairage au sortir de la guerre, en 1948. Tout à la fois créateur et concepteur, il travaille d’abord sur des luminaires empreints d’un classicisme bourgeois qui faisait le goût de l’époque, pour s’orienter ensuite, par appétence personnelle, vers la modernité : en 1951, il fait la rencontre de deux jeunes créateurs français, Michel Mortier et Pierre Guariche, avec qui il conçoit son premier catalogue, qui va révolutionner le luminaire français des années 1950. Aux créateurs les lignes nouvelles, à Pierre Disderot l’expertise technique du « savoir éclairer ». Ainsi l’ampoule n’éblouit jamais, le métal se pare de couleurs vives, le laiton est verni ou patiné, et les verres opalins qui faisaient fureur dans la décennie précédente sont délaissés au profit de l’abat-jour en tissu, et bientôt de toutes les matières plastiques qui diffusent la lumière.

Ses propres modèles

Mais Pierre Disderot continue de développer ses propres modèles, dont la lampe à poser 1013, dessinée en 1955, composée d’une tige en laiton coiffée d’une coupole en aluminium laquée pour diffuser la lumière sur la surface de travail. Ce petit bijou technique tout en sobriété sera décliné la même année en applique, percée ou non, et vingt ans plus tard, en lampadaire halogène so eighties.

En seconde main

La lampe de Pierre Disderot est un classique de l’éclairage français des années 1950 qui a très bien résisté aux assauts du temps : le laiton verni a souvent bien vieilli et les laques d’époque sont assez robustes. Grand succès d’édition, la lampe 1013 a ses collectionneurs. Les pièces du créateur sont recherchées pour leurs dessins très aboutis et la qualité de leur réalisation, déjà reconnue à l’époque. Dans les années 1980, l’une de ses dernières appliques, qui reprend la coupe en aluminium de la 1013, équipera presque toutes les mairies de France – on la trouve quelquefois sur les marchés d’antiquités. Il faut ouvrir l’œil ! La lampe 1013 reste un modèle pointu qui s’achète au-delà de 2000 euros en galerie.

Article paru dans le numéro 177 de Résidences Décoration. 

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