La chaise « C » de Marcel Gascoin : le chic esthétique des fifties

Texte Aurélien Jeauneau

À l’heure où la mode du bois et du cannage leur offre progressivement une place de choix dans nos intérieurs, souvenons-nous qu’il est une époque pas si lointaine où l’association des deux matières était réservée aux salles à manger des grands-parents ! La chaise cannée a connu un temps fort dans les années 1950, et le maître français du meuble moderne, Marcel Gascoin (1907-1986), a fourni aux arts décoratifs l’un de ses plus beaux modèles. La chaise « C », rééditée par l’entreprise danoise Gubi, est aujourd’hui encore un incontournable du design français.

Marcel Gascoin, père du design français 

Les années passent et sont parfois cruelles avec ceux qui leur ont donné leur éclat. Il aura fallu attendre les années 2010 pour que le travail de Marcel Gascoin soit de nouveau mis en lumière, grâce à la redécouverte des années 1950. Cet ébéniste de formation s’est intéressé très tôt au mobilier de série, plutôt rare durant l’entre-deux-guerres, et a permis l’accélération des recherches en la matière au moment où l’urgence était de reconstruire la France. En créant en 1948 une agence, unique à l’époque, dédiée au mobilier moderne, l’Aménagement rationnel de l’habitation et des collectivités (Arhec), il fédère autour de lui une armada d’assistants plus talentueux les uns que les autres. L’Arhec met le pied à l’étrier à de nombreux jeunes designers qui deviendront célèbres : Pierre Guariche, Michel Mortier ou encore Pierre Paulin seront de ceux qui ont suivi Marcel Gascoin et l’admiraient. 

Marcel Gascoin. © DR

La chaise « C »

Le mobilier de Marcel Gascoin est robuste et bien conçu. La technique est érigée en esthétique, et aucun ornement superflu ne vient troubler les lignes modernes. Les meubles de rangement, grande préoccupation de l’époque où les logements rapetissaient à la cadence des constructions d’immeubles, ont été révolutionnaires. Mais c’est une autre pièce de mobilier qui célèbre le génie du créateur : sa chaise « C ». Sur quatre pieds fuselés et massifs en bois repose une galette d’assise inclinée recouverte d’un cannage d’osier. Le dossier, traité en miroir, vient se fixer dans le prolongement des pieds arrière qui permettent de se basculer sans fragiliser l’ensemble ! Son succès commercial à l’époque n’a pas permis à Marcel Gascoin de pérenniser son agence, qui ferme ses portes en 1955. Maigre lot de compensation, sa chaise est aujourd’hui une icône !

En seconde main

Les modèles du créateur Marcel Gascoin sont difficiles à dénicher en brocante : identifiés, répertoriés, collectionnés, tous les meubles édités par l’Arhec sont rares et assez coûteux. La chaise « C » ne fait pas exception, c’est une pièce qui se trouve et s’achète chez les antiquaires à partir de 1 000 euros l’unité. De très belle fabrication à l’époque, la patine du chêne revêt une couleur miel très douce. On sera attentif à sa stabilité et à la solidité du cannage, surtout s’il est d’époque : le temps a passé et l’osier qui le constitue a pu sécher et devenir cassant. Adieu souplesse ! Pour ceux qui ne sont pas collectionneurs et préfèrent les rééditions, rendez-vous sur silvera.fr, qui les commercialise à partir de 799 euros, garantie dessin d’origine.

Article paru dans le numéro 178 de Résidences Décoration.

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