En courant entre les gratte-ciel de Hong Kong, mais aussi sur les collines et les plages alentour, Elsa la Nîmoise, décoratrice, artiste, se nourrit des couleurs, des vibrations, de l’atmosphère de la cité-État, qu’elle injecte dans ses œuvres.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Harold de Puymorin, DR
Pourquoi avoir choisi Hong Kong ?
Originaire d’Aubord, village du Gard, près de Nîmes, je caressais deux rêves, vivre dans une mégapole, New York en tête, et peindre. Après mes études à l’IFIDEC, école parisienne, spécialisée dans le trompe-l’œil, je suis rentrée à l’atelier de Lucien Tourtoulou, réputé pour l’originalité, la qualité de ses panneaux décoratifs, ses textures. En trois ans, j’ai beaucoup appris, autant côté technique que relationnel. Puis, sur un coup de tête, j’ai acheté un billet simple pour Hong Kong, ville de tous les possibles. Débarquer seule avec ma valise n’a pas été facile. J’ai été surprise de constater qu’ici personne ne soucie de son intérieur, la preuve : il n’existe aucun magazine de décoration. Les gens fortunés délèguent à des décorateurs le soin de tout choisir, mobilier et œuvres d’art compris. Un avantage pour moi artisane et artiste à la fois. J’ai percé grâce à des architectes, des designers de renom qui m’ont associée à des chantiers, et m’ont acheté des œuvres.
La texture est-elle essentielle pour vous ?
Enfant, j’aimais déjà les textures, le relief. Mon père, entrepreneur, m’offrait des pans de mur pour que je puisse projeter mes mélanges. Je continue en privilégiant les enduits à base de chaux, les feuilles de cuivre, d’or, les pigments naturels, les peintures acryliques. Un rien chauvine, je m’approvisionne en France pour l’or et les feuilles d’or, de qualité incomparable.
Diriez-vous de votre art qu’il est métissé, mixant les cultures françaises et hongkongaises ?
Absolument ! Hong Kong et mes voyages en Asie exercent une forte influence sur mon art, sur ma palette de couleurs, les matériaux utilisés. Mon style s’est libéré, il est plus éclectique, plus audacieux. J’assume d’être tout à la fois peintre, décoratrice et artiste. Je suis capable de mener à bien de gros chantiers de décoration et en parallèle de me consacrer à mon travail personnel, de monter des expositions. Ma plus grande fierté : que de belles maisons françaises, comme Louis Vuitton ou Diptyque, par exemple, ayant découvert ici mes réalisations, m’associent à des projets en Asie comme en Europe.
Votre carnet de commandes ?
Outre la prochaine exposition de mes dernières compositions, de gros chantiers : l’hôtel Capella à Taïpei, la nouvelle banque de Natixis, multinationale financière française à Sydney, un triplex de grand luxe au 55e étage dans les Mid-Levels, un quartier résidentiel de Hong Kong, entre Victoria Peak et Central. Mais aussi de très beaux projets en France, encore confidentiels.
ET New York, alors ?
Qui sait ? Pour le moment, je savoure ma vie à Hong Kong, d’autant que mon fils y est né.
Les 6 dates marquantes d’Elsa Jeandedieu
2006 : Début à l’atelier Lucien Tourtoulou, à Paris, spécialisé dans les panneaux décoratifs.
2009 : Installation à Hong Kong.
2013 : Décor pour le défilé Chanel Singapour.
2015 : Ouverture de son studio à Hong Kong.
Juillet 2023 : « Reminiscence », première exposition de ses œuvres personnelles.
2024 : Premier projet de boutique pour Louis Vuitton.
Article paru dans le numéro 179 de Résidences Décoration.
