Vincent Darré « J’aime bien quand il y a des fautes de goût »

C’est dans son bureau du 7e arrondissement que Vincent Darré, décorateur-designer inclassable, nous a accueillis, nous offrant un sourire lumineux comme ses créations et une tasse de thé Earl Grey réconfortante. Rencontre avec un homme aussi passionné que passionnant, que l’on pourrait écouter parler décoration pendant des heures.

Texte Cédric Choukroun

Quelques rues séparent votre bureau de votre domicile. C’est un hasard ?
Pas du tout ! Je suis né à Paris et j’y vis. Mon bureau est en fait mon ancien logement, et il est resté décoré tel quel ; j’habite à deux pas, dans le 7e arrondissement également. J’aime ce quartier où tout le monde se connaît. Mon appartement est comme une véranda dans une petite rue privée. Je suis entouré de verdure car il donne sur le jardin de l’ambassade d’Italie. C’est très agréable parce que, même si j’aime Paris, j’ai besoin d’être dans un endroit calme.

Comment est votre intérieur ?
Très « dessiné » ! D’ailleurs, quand Isabelle Adjani est venue chez moi, elle m’a dit : « On a l’impression de rentrer dans l’un de tes dessins. » Ma cuisine est peinte comme une tente à rayures. Il y a des caryatides sur les murs. Dans ma chambre, j’ai opté pour un papier peint que j’avais conçu pour Au Fil des Couleurs. C’est très différent de mon bureau, où j’ai mélangé mes collections de toutes les époques avec d’autres créations.

Haute en couleur
Quand on ouvre la porte de son bureau, le ton est donné. Même s’il sait  que le rouge « rend fou », Vincent Darré a choisi cette couleur pour l’entrée.

Vous qui avez œuvré pendant vingt ans dans la mode, que vous apporte la décoration que vous ne trouviez pas dans le vêtement ?
Lorsque je travaillais pour des marques, mes créations n’étaient pas personnelles car je devais rentrer dans leur ADN. Aujourd’hui, je suis mon propre patron et je suis libre. J’ai un univers un peu particulier, et un côté « artiste fou », c’est ce que les gens viennent chercher quand ils font appel à moi. Quand je décris mon travail, je sais exactement ce qu’il est, et il m’est personnel. Il fait partie de moi.

Ça fait le bzzz
Issue de la collection capsule Vincent Darré x Monoprix de 2021, cette lampe abeille illustre toute la créativité et la fantaisie du designer.

Vous êtes sans cesse sur plusieurs projets en même temps. Où trouvez-vous l’inspiration ?
Je pars du principe que les projets les plus différents sont les plus excitants. Quand on fait appel à moi pour décorer un endroit, je ne me répète jamais. À chaque fois, ce sont de nouvelles aventures, et je les prends comme des exercices de style. J’ai encore tellement d’idées à concrétiser. J’ai une sorte de bibliothèque pleine de petits Polaroid que je sors quand je pense que cela peut convenir au projet. Par exemple, pour la collaboration avec les papiers peints de Gournay, j’ai pu réaliser des choses que j’avais en tête depuis longtemps, inspirées par des gravures des xviie et xviiie siècles sur la métaphysique.

Classicisme et modernité
Dans une pièce de son bureau, posés sur une console de sa collection « Ossobucco », un photophore de Jensen côtoie une tête de statue XVIIIe. Au mur, une sculpture récupérée sur une façade et peinte en blanc.

Votre pièce préférée ?
C’est une main que mon arrière-grand-père a rapportée du Tonkin. Elle était chez mes grands-parents, puis chez mes parents. Et quand je suis parti de chez eux, je l’ai prise avec moi. C’est le seul objet qui me suit partout. En plus, elle tient un pinceau, et je trouve que ça me représente bien car je suis toujours en train de dessiner.

Article paru dans le numéro 165 de Résidences Décoration

Inscription à notre NewsletterInscrivez-vous pour être informé en avant première et recevoir les offres exclusives !