Franco-américain, esthète, après avoir étudié puis exercé sa profession d’architecte dans des agences parisiennes, puis assuré la direction de projets internationaux pour Cartier, L’Occitane, Clarins, notamment, il mène tambour battant son studio Gregory Taylor Design, affichant à son actif résidences privées, hôtels de luxe, boutiques, restaurants.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû
Français et Américain, un style « métissé »
Un style pas strictement « franco-américain » mais métissé car au fil des ans et des projets réalisés dans de nombreux pays, Taylor s’est nourri de leurs créativités. Sa sensibilité aux juxtapositions de matières, à leur patine, leurs ombres, son équilibre délicat entre exubérance et sobriété témoignent de ce métissage.
Architecte d’intérieur, une vocation
Enfant, Gregory dessine des maisons, imagine et assemble des maquettes. Étudiant à l’université, l’histoire de l’architecture l’interpelle. Il s’interroge sur la motivation de celles et ceux qui confient la réalisation de leur « chez soi » à un tiers. Cette incursion dans l’intime, la façon, ensuite, de s’approprier un univers, de l’habiter, le rendre sien, le touche. Il a trouvé sa voie, enchaîne études et stages pour devenir décorateur.
L’imagination, essentielle
Plus les exigences d’un client sont déraisonnables, plus les méninges tricotent. À la différence d’un artiste, l’architecte imagine son œuvre dans le cadre d’une série de contraintes : l’utilisation des espaces, le budget, les délais de réalisation. Cela semble paradoxal, mais la contrainte est souvent l’étincelle qui stimule l’imagination. Elle oblige à extraire de sa mémoire des bribes d’inspiration, des souvenirs stockés depuis trois jours ou trente ans, de les manipuler pour les transformer, les projeter dans les espaces, les pièces.
Un grand écart entre les projets résidentiels et les projets hôteliers
Ce sont des univers complémentaires, qu’on n’aborde pas de la même façon. Il y a beaucoup de différences entre les deux, à commencer par le fait que l’objectif d’un l’hôtel est de générer des revenus, d’être rentable. Les deux restent néanmoins cousins germains. Le décorateur s’amuse de constater que le particulier formule souvent ses demandes inspirées par des séjours dans tel ou tel hôtel dans le monde alors que bon nombre d’hôtels mettent en avant l’intention que l’hôte se sente comme chez lui. Malgré des écarts d’échelle, de site, d’usage, l’architecte doit, dans les deux cas, créer des lieux qui s’apprivoisent aisément, qui provoquent la surprise longtemps après en avoir franchi le seuil pour la première en fois. Aujourd’hui, après avoir dirigé des équipes de dizaines de personnes, Gregory, entouré de ses cinq collaborateurs, revendique une approche sur mesure, artisanale. Il aime à dire : « J’exerce ma profession comme un luthier après avoir été chef d’orchestre pendant des années. »
Un carnet de commandes bien rempli
Comme un inventaire à la Prévert défilent les chantiers en cours : un restaurant d’hôtel à Barcelone, deux maisons sur le bassin d’Arcachon, une installation événementielle à Dubaï, plusieurs boutiques à Antalya, en Turquie, à l’île Maurice et dans les Alpes italiennes. Mais aussi des contrats juste signés : la restauration d’une propriété au bord du lac Léman, la création d’un concept novateur de résidences hôtelières en France, un ensemble de villas à la Martinique, la rénovation d’un duplex endormi à Paris. Mais aussi l’édition prochaine de mobilier, d’objets, tout en caressant un rêve, un fantasme : décorer une demeure sur une île privée, de préférence en mer Égée.
Les 6 dates marquantes de Gregory Taylor
1986 : découverte de la France en intégrant l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles (Ensa).
1990 : diplôme d’architecture, University of Illinois Urbana-Champaign (États-Unis), puis retour et installation en France. Assistant de Michel Macary dans le cadre de l’emblématique projet « Grand Louvre » et de la construction de la pyramide.
1999 : directeur international d’architecture, boutiques Cartier.
2002 : directeur international d’architecture, Groupe L’Occitane en Provence.
2007 : directeur international d’architecture et design, Groupe Clarins.
2011 : fondation de l’agence Gregory Taylor Design Paris New York.
Article paru dans le numéro 178 de Résidences Décoration.