Francis Sultana, « Pour moi, les plus beaux intérieurs sont intemporels »

Esthète, ouvert sur le monde et curieux, Francis Sultana est tout à la fois architecte d’intérieur, designer, éditeur de mobilier et d’objets, directeur artistique et PDG de la galerie David Gill.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû

Son métier
Pour lui, la décoration est plus lifestyle que jamais : un architecte d’intérieur qui réussit est capable de lire l’espace et son objectif, pour être utilisé de la meilleure façon possible. Vient ensuite une attention particulière au client. « Il faut savoir comprendre sa façon de vivre, observer ses habitudes, pour saisir ses envies, ses besoins. Pour moi, les plus beaux intérieurs sont intemporels. Ils expriment un sens classique de l’élégance. Ainsi, je n’aime pas mélanger sur une même surface des motifs trop chargés. Je cherche toujours à créer une harmonie entre les éléments afin qu’ils dialoguent entre eux », explique Francis Sultana.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Francis Sultana a signé la décoration de son propre manoir du xviiie siècle. Ici, le grand salon, où il aime recevoir avec son ami galeriste David Gill.

Son style
Il est cosmopolite, international. Du résidentiel à, très récemment, l’hôtellerie, c’est la création d’une esthétique qui le définit. Il aime fusionner les -exigences d’un espace domestique avec des œuvres d’art visuel, des sculptures, des installations souvent gigantesques. Son amour pour la nature transparaît dans une grande partie de son travail. « Je viens de créer une collection en bronze, “Lady Chatterley”, fantasmée, comme une forêt magique, romantique. Ma précédente collection, “Marie-Françoise”, s’inspirait de ma maison de Gozo, à Malte. Les palmiers demeurent ma signature Je projette des feuilles de palmier semblable à des ondulations de bronze sur les pieds de table, de bureau, de lit, etc. »

Dans la villa d’une cliente, sur la Côte d’Azur, Francis Sultana a placé une console Mattia Bonetti, provenant de son showroom londonien. Sa sobriété souligne le tableau très coloré.

Ses matériaux
Celui qui a sa prédilection est le bronze, qu’il utilise beaucoup. C’est sa griffe. Il adore aussi les tissus couture, le cristal de roche, la marqueterie de paille et la dorure. Son studio s’efforce de mettre en valeur les savoir-faire artisanaux de toute l’Europe et du Royaume-Uni.

Dining room d’un pavillon de chasse dans le Herefordshire, revisité par Francis Sultana. Chaises design des années 1920, Bernard Boutet de Monvel. Lustre acheté chez un antiquaire local.

Ses plus belles rencontres
Les personnes qui l’inspirent professionnellement, clients comme artisans. Il a ainsi créé de nombreuses collections en collaboration avec plusieurs de ses fournisseurs préférés. Lorsqu’il conçoit un meuble, il place toujours l’esthétique au centre. « Il doit être fabuleux à voir, surprenant au toucher, mais il doit aussi être fonctionnel. J’ai besoin, pour cela, d’échanger avec certains artisans pour que ça “marche”. Et ils sont vraiment capables de faire des pièces magnifiques et pratiques à la fois. Je ne recherche pas nécessairement les personnes qui évoluent dans mon milieu, mais les personnes qui se préoccupent de la marche du monde, de ce qui les entoure, des esprits curieux, investigateurs. »

Les repères de Francis Sultana

2018 : nommé ambassadeur culturel à Malte. « Je suis né à Gozo, donc cela m’a touché et m’a permis de soutenir de nombreux projets dont la création du nouveau musée, le MICAS, qui ouvrira l’an prochain », explique-t-il. 

2019 : anniversaire des 10 ans de création du Studio Francis Sultana,
basé à Londres. 

Été 2023 : l’ouverture de « son » premier hôtel, La Palma, Oetker Collection, à Capri. Ci-dessous, le hall et ses fresques au plafond. 

Article paru dans le numéro 169 de Résidences Décoration.

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