Le fondateur et associé principal de Spagnulo & Partners, cabinet d’architecture et de design d’intérieur, signe avec ses associés, Alessandra Carbone et Andrea Spagnulo, chacun des projets du groupe hôtelier Baglioni. Le dernier, Casa Baglioni, vient d’ouvrir ses portes à Milan.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû
Votre signature archi ?
Nous valorisons une éthique du design, qui n’est pas seulement une méthode, mais une façon de faire de l’architecture d’intérieur. Nous étudions les environnements et les espaces à partir d’une grammaire qui nous est donnée par les lieux. En ce sens, la tradition et l’Histoire sont des éléments constitutifs de tous nos projets.
Vos projets en cours ?
En ce moment, nous travaillons sur plusieurs projets, encore confidentiels, en Italie : à Milan, dans les Pouilles, en Toscane, en Ombrie et sur la côte amalfitaine. Ils sont très différents, mais leur dénominateur commun est l’étude minutieuse du lieu, et de sa culture matérielle et immatérielle. Ce sont des éléments qui nous ont toujours guidés dans notre conception des espaces.
Votre plus beau projet ?
Deux en fait, qui sont les derniers que nous ayons réalisés. Casa Baglioni, à Milan, résume ce que nous sommes et notre façon de concevoir. Nous y avons soigné chaque détail, en créant presque tout le mobilier, en sélectionnant les œuvres d’art, et en rendant hommage à notre propre ville ainsi qu’aux années 1960, période où les avant-gardes artistiques, après avoir inspiré la mode, se sont emparées du design. Le second, Palazzo Portinari Salviati, a été extrêmement intéressant, car c’était la première fois que nous étions confrontés à la restauration d’un monument aussi important architecturalement, et faisant autant partie intégrante de Florence.
Un projet un peu fou ?
Plus qu’un projet « fou », nous nourrissons un grand désir en tant que studio : alterner conception d’hôtels de luxe et expériences différentes, comme des projets dans le domaine de la coopération internationale. Dans le passé, nous avons ainsi travaillé sur un hôpital au Nicaragua et un centre d’accueil en Colombie, et nous aimerions bien pouvoir refaire quelque chose de semblable. Et, sur le plan personnel, mon rêve est de concevoir un bateau : la navigation est ma plus grande passion.
La plus belle architecture selon vous ?
Il s’agit de la fresque L’École d’Athènes, de Raphaël, dans la chambre de la Signature des musées du Vatican, une œuvre picturale et architecturale à la fois. C’est l’art racontant et rencontrant l’architecture.
Votre objet fétiche ?
Mon bateau à voile, où je me réfugie dès que j’ai un peu de temps.
Les repères de Federico Spagnulo
1955 : l’année du premier « concept spatial » de Lucio Fontana, date qu’il associe symboliquement à l’avant-garde artistique et qui marque un tournant crucial pour l’art contemporain. Une période fondamentale pour son esthétique d’architecte.
1988 : inscription à la faculté d’architecture de l’École polytechnique de Milan.
2004 : le Guggenheim de Venise accueille une exposition de son père, le sculpteur Giuseppe Spagnulo, dont les grandes œuvres en fer, très lourdes, sont transportées le long du Grand Canal. Un souvenir associé à son père et à sa passion pour l’art, qu’il lui a transmise.
2006 : début de la collaboration avec Baglioni Hotels, grâce à un concours pour un établissement à Budapest.
2016 : Spagnulo & Partners est fondé avec Andrea Spagnulo et Alessandra Carbone.
2023 : inauguration de Casa Baglioni, à Milan.
Article paru dans le numéro 169 de Résidences Décoration.