Design Italien : 7 pièces incontournables

Voilà près de 80 ans que l’Italie tient haut la barre du design. Le made in Italy a le vent en poupe, et les raisons sont bonnes ! En imposant ses grandi classici flamboyants de la plus belle des manières à la terre entière, l’Italie dépasse de peu la France par un design sérieux qui ne se prend pas au sérieux. Tour d’horizon des pièces maîtresses à installer chez soi de toute urgence. Andiamo ! 

Texte Aurélien Jeauneau

Pourquoi le design italien est-il si désirable ? Référence incontournable dans le monde de la décoration intérieure, le voici depuis près d’un siècle qui mobilise toutes les fantaisies au service de l’habitat. Célébré pour son mélange unique de tradition artisanale et d’innovation moderne, c’est sa capacité à allier esthétique et fonctionnalité qui le rend, décennie après décennie, inimitable. Plus audacieux que le français, plus affirmé que l’américain et plus hussard que le scandinave, le design italien s’est taillé une place de choix sur la scène internationale. 

Les créateurs italiens sont reconnus pour leur talent à concevoir des pièces qui ne sont pas seulement belles, mais qui sont aussi pratiques, ingénieuses et confortables. Toute cette création se distingue par une approche pragmatique où chaque élément est pensé pour servir une fonction précise, tout en étant un objet d’art à part entière : penser un siège comme une sculpture ou une étagère comme un totem, chaque pièce est conçue comme une architecture à part entière. En partenaire de cette création exigeante, les éditeurs italiens sont aujourd’hui les plus puissants du secteur. Un duo gagnant qui a permis à l’Italie d’imposer son style, influençant non seulement l’industrie du mobilier, mais également la culture visuelle mondiale.

01 – LE CANAPÉ « CAMALEONDA »
1970, Mario Bellini, B&B Italia

L’architecte Mario Bellini, né à Milan en 1935, a inventé LE canapé modulable iconique des années 1970 : le « Camaleonda », avec des blocs de mousse houssés de 90 cm x 90 cm, est l’un des plus beaux canapés du xxe siècle. L’architecte s’attache ici à l’ergonomie et au confort, en veillant à ce que son canapé soit adapté aux besoins quotidiens tout en restant élégant. Déclinable en chauffeuse, méridienne et canapé droit ou d’angle, la standardisation pousse à avoir le bloc dos identique à celui du bloc accoudoirs. Cette création de Bellini est pensée pour offrir un confort optimal, tout en proposant une forme nouvelle. La réédition, proposée il y a maintenant deux ans par l’éditeur italien B&B et dans les proportions exactes de l’original, est déjà un classique de la marque. 

02 – LE FAUTEUIL « D.154.2 »
1957, Gio Ponti, Molteni&C

Gio Ponti (1891-1979) était un architecte italien génial : créateur de la revue Domus en 1928 dédiée aux arts, au design et à l’architecture, il est mandaté par de riches collectionneurs vénézuéliens pour construire une maison moderne sur les hauteurs de Caracas. Entre 1953 et 1957, Gio Ponti conçoit l’intégralité de la villa Planchart, et dessine le fauteuil « D.154.2 » pour l’occasion. Une assise basse, en corbeille, permet de s’y poser de plusieurs manières. À l’origine pensé pour une création spéciale, le voilà réédité à la faveur d’une collaboration des héritiers Ponti avec l’éditeur Molteni&C.

03 – LA LAMPE DE TABLE « ATOLLO » 
1977, Vico Magistretti, Oluce

Vico Magistretti (1920-2006) était un designer industriel italien qui a basé ses recherches sur les formes géométriques et le dépouillement quasi abstrait de l’objet. La lampe en métal « Atollo », parfait manifeste de ses recherches, est aujourd’hui encore fabriquée et distribuée par son éditeur historique, Oluce. Une histoire qui dure ! L’ampoule est invisible et l’abat-jour semble être en lévitation au-dessus de la base. Une réussite totale pour cette lampe dont la lumière d’appoint vaut aussi bien pour le plan de travail que pour le bureau.

04 – LA BIBLIOTHÈQUE « CARLTON »
1981, Ettore Sottsass, groupe Memphis

Il y avait foule, au Salon du Meuble de Milan de 1981, pressée autour d’un des créateurs italiens les plus en vue de son époque : l’architecte Ettore Sottsass (1917-2007) a plus de 60 ans lorsqu’il présente sa bibliothèque « Carlton » au grand public, accompagné d’un groupe de jeunes créateurs rassemblés sous le nom Memphis. Pas moins de 52 pièces seront pensées et produites, en rupture des questions pures de fonctionnalité de l’époque ! On pousse ici les matériaux et les couleurs pour ce château de cartes XXL. Le dernier grand manifeste du génie d’Ettore Sottsass, la bibliothèque « Carlton » est rentrée dans les collections françaises seulement deux ans après sa présentation. Icône de l’Italie post-moderne colorée !

05 – LA TABLE «BLEVIO»
1930, Ignazio Gardella, Molteni&C

Dans la série des trésors italiens découverts dernièrement, la table « Blevio » du moderne Milanais Ignazio Gardella (1905-1999) fait partie de ces témoignages précieux (et peu nombreux) de l’entre-deux-guerres qui nous racontent l’affrontement de deux courants : celui du monumental qui nécessite de facto de détruire l’existant pour exister, et celui auquel Gardella appartient, celui des défenseurs d’un passé à respecter dans lequel il faut se faire une place. Ses recherches et ses commandes tournées vers des sanatoriums et des centres médicaux lui donnent sans doute l’idée de dessiner cette table, initialement dédiée à un usage personnel. À près de 100 ans du dessin original, force est de constater
qu’il n’a pas pris une ride, et semble même jouer à l’avant-garde !

06 – LA LAMPE DE BUREAU « SNOOPY » 
1967, les frères Castiglioni, Flos 

Cette lampe de 8 kg dessinée par Pier et Achille Castiglioni (1918-2002), un an avant la mort de Pier, est autant un classique du design italien qu’elle n’appartient pas à un courant particulier : un ovni lumineux, plutôt drôle par sa casquette en métal laqué et sa base en marbre de Carrare dont la forme ferait penser à la posture du célèbre chien de bande dessinée. L’une des meilleures lampes de travail qui soit, la lumière est projetée indirectement sans éblouir et sa ligne ne rappelle aucun autre modèle connu. Le père des designers, sculpteur, est sans doute pour quelque chose dans le choix du marbre… Flos l’édite sans discontinuer depuis sa création, avec une seule modification notable, le variateur !

07 – MOBILIER D’EXTÉRIEUR « LOCUS SOLUS », 
Gae Aulenti, Poltronova puis Exteta depuis 2016

Rare femme architecte de son temps, Gae Aulenti (1927-2012) dessine un salon d’extérieur en 1964 en tube d’acier coudé, soudé et laqué qui n’a pas pris une ride. Immortalisé dans le film La Piscine de Jacques Deray avec Alain Delon et Romy Schneider, l’ensemble est coloré et moderne. Un temps distribué par Prisunic en France – et ressorti en partie par Monoprix il y a deux ans –, des pièces de la série « Locus Solus » ont été ressorties par l’entreprise italienne Exteta. Aujourd’hui, la très chic maison de couture Jacquemus s’associe aux héritiers de Gae Aulenti pour ressortir une version du bain de soleil dans une finition qui rappelle davantage Marseille que Milan !

Article paru dans le numéro 181 de RD – Résidences Décoration.

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