Cuisine ouverte : 11 aménagements qui se fondent dans le décor

Intégrée au reste de la maison, elle ne fait souvent plus qu’un avec le salon. Comme un caméléon, elle en adopte les codes et parvient à se fondre totalement dans le décor.

Texte Olivier Waché

Le phénomène n’est pas tout à fait nouveau : depuis bien des années maintenant, voire des décennies, la cuisine s’est peu à peu confondue avec le salon – c’est le cas aujourd’hui dans plus d’une habitation sur deux. Appelé au départ « cuisine américaine », cet agencement faisait alors référence à l’esprit d’ouverture de l’après-guerre, inspiré de l’american way of life. En France, on trouve ce concept dans les projets des années 1950 de Le Corbusier, Charlotte Perriand ou Pierre Jeanneret, au sein d’appartements bon marché, peu onéreux en construction et en aménagements afin de servir le plus grand nombre. Aujourd’hui, si la question économique n’est pas l’argument principal de la cuisine ouverte, il n’en reste pas moins que cette tendance continue à se développer. Par esprit de convivialité et par souci d’optimisation de l’espace, cette pièce n’en finit pas de se décloisonner. D’ailleurs, il ne s’agit plus tant de l’ouvrir sur le reste de la maison, mais plutôt de la faire disparaître parmi l’agencement intérieur, en faisant en sorte qu’elle se fonde dans le décor. Et pour cela, les cuisinistes ne manquent pas de bonnes recettes…

Changement de paradigme

Le décloisonnement de la cuisine a engendré une véritable modification dans sa conception même. Ainsi, faire tomber les murs (ou ne pas les construire) a conduit à une refonte du mode de rangement et de l’organisation. Moins de cloisons signifiant moins de possibilités d’y suspendre ou d’y adosser des meubles, ceux-ci ont pris d’autres formes, comme l’îlot, véritable star de la cuisine moderne. Fonctionnel, esthétique, servant aussi bien de coin repas que de lieu de préparation ou de cuisson, il est devenu un symbole de cet esprit d’ouverture. Avantage de taille, il offre un espace aux multiples possibilités d’activités et crée un point central entre la cuisine et le salon attenant.

Si les colonnes, meubles bas et hauts sont toujours d’actualité, de nouvelles typologies de mobilier ont également fait leur apparition. Adoptant les codes de la salle à manger, la cuisine se dote de vitrines qui permettent d’exposer sa plus belle vaisselle. Étagères et niches se sont elles aussi imposées, en écho à la bibliothèque. Les colonnes de rangement se décollent du mur pour proposer des agencements en free standing, posés au beau milieu d’une pièce, servant autant à stocker qu’à offrir un séparateur d’espace, comme un cloisonnement qui ne dirait pas son nom. Désormais, télétravail oblige, c’est même le bureau qui s’installe dans la cuisine, soit de manière permanente avec un coin dédié, soit dans une version temporaire avec un plateau amovible ou escamotable, par exemple. Une façon d’investir différemment l’espace lorsqu’il n’est pas utilisé. 

Unité de façade

L’ouverture au reste du logement induit également une mutation stylistique de la cuisine. Puisqu’elle ne se cache plus derrière une porte, elle doit se montrer sous son meilleur jour. Un gros effort a donc été mené par les cuisinistes pour renouveler le genre, et certaines marques font même appel aux talents de designers de renom. Les portes et les façades se mettent au diapason de la pièce à vivre, et les fabricants proposent des modèles qui créent une unité entre les divers espaces. Les professionnels quittent le champ strict de leur univers pour développer des gammes de petit mobilier destiné au salon, à l’entrée, afin d’accompagner cet esprit de total look. Bref, les frontières s’abolissent tant sur le plan du style que de l’espace. Cette porosité est telle qu’il est parfois difficile de distinguer la cuisine du reste de l’agencement ! D’ailleurs, des systèmes de portes coulissantes permettent aujourd’hui de masquer la zone cuisine comme s’il s’agissait d’un placard, lorsqu’elle n’est pas en fonction.

L’électroménager concerné

Le matériel technique suit le mouvement. Ouverture signifie exposition aux odeurs de préparation et de cuisson mais aussi au bruit. Les fabricants planchent donc sur des solutions permettant de cuisiner sans déranger, avec des appareils silencieux, des hottes limitant les désagréments… Ils y associent une note de style, en déclinant matériaux et looks, et développent des gammes qui se font discrètes. Les tables de cuisson combinées avec une hotte sont un exemple de cette quête menée pour intégrer au mieux l’électroménager. Et lorsque faire disparaître l’équipement n’est pas possible, il reste une solution : assumer, en déclinant des appareils (fours, caves à vin, machines à café…) coordonnés entre eux, dans des habillages en phase avec le mobilier qui les accueille.

01 – TOTAL LOOK.

L’élégante teinte sourde « Nano Claystone » des façades sans poignées de cette cuisine habille aussi le salon et la salle à manger attenants. L’unité est parfaite dans cet espace ouvert, rythmé par les colonnes en pose libre.« Eolis », Schmidt.

02 – VEINÉE.

L’architecte d’intérieur américaine Nina Magon signe cette collection de six coloris marbrés qui s’ajoutent à la palette Dekton®, comme ce modèle « Awake » qui s’invite avec élégance sur l’îlot de cette cuisine ouverte. « Onirika », Cosentino.

03 – Esprit scandinave.

L’organisation en parallèle des meubles bas et de l’îlot délimite la zone de préparation ouverte sur l’espace repas attenant. La bonne idée ? Proposer un habillage identique sur les murs, en bois clair, qui dissimule le rangement. « Bossa » chêne clair, Leicht.

04 – ÉLÉGANCE.

L’immense îlot fait office de transition entre le salon et la cuisine. Pour atténuer la présence de celle-ci, un pan de mur est revêtu de vitrines éclairées qui offrent rangement et espace d’exposition. « Pure », SieMatic.

05 – GRAND BLANC.

Pour cette cuisine « Way Materia » de Snaidero, le plan de travail a été travaillé dans une unité de ton avec les façades des colonnes. Une intégration parfaite qui fait oublier l’aspect technique de l’agencement. « Calce Bianco », Laminam.

06 – PURETÉ.

Tons chauds et matériaux précieux (noyer, marbre blanc de Lasa et finition métal Dust) caractérisent cette cuisine. Imposant, l’îlot reste léger avec son plan de 12 mm d’épaisseur et est coordonné à la bibliothèque qui fait la liaison avec le salon. « Frame Marmo – Blade Edge », Modulnova.

07 –  VUE D’ENSEMBLE.

Plus qu’une cuisine seule, Luca Nichetto a imaginé un système complet d’ameublement pour créer des espaces coordonnés dans toute la maison, mais aussi une gamme d’assises
et de lampes à associer. « Jeometrica », Scavolini.

08 – ESSENTIEL.

Noyer Orlando foncé et noyer Regia clair au menu de cette cuisine authentique, accompagnée par une vaste table accueillante « D’assi » Be Natural en prolongement de l’îlot. Un agencement sobre au caractère affirmé. « Origines », Arthur Bonnet.

09 – EXERCICE DE STYLE.

Cet espace salon et cuisine joue la carte de  la coordination, pour une impression de sérénité. Les effets marbre noir associés aux façades Fenix® beige Arizona garantissent une unité de ton que les touches de laiton viennent réveiller. Perene.

10 – DOUBLE EMPLOI.

Issue de la gamme « Emotions », cette cuisine dispose d’un plan de travail coulissant qui transforme facilement un espace de préparation en table haute, pour partager un moment
de convivialité. « E6.90 Roble Torrefacto », Porcelanosa.

11 – SCULTURAL.

Dans cet impressionnant espace, l’îlot se pare de fines rayures tracées dans le quartzite brésilien couleur sable, qui lui donnent une allure folle. « +Segmento », Poggenpohl chez Brotteaux Cuisine.

Article paru dans le numéro 166 de Résidences Décoration.

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