Comme un yacht de luxe à quai sur l’île de Saint-Barthélemy

À Pointe Milou, adresse la plus prisée de Saint-Barth, Katia Terrassoux, décoratrice et propriétaire du Christopher, boutique-hôtel cinq-étoiles, a poudré de touches orangées et roses, la villa Saba dessinée par l’architecte Johannes Zingerle.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Hugo Allard

Saint-Barth… une île qui n’avait rien pour elle, avec son relief volcanique tourmenté, ses collines chavirées, ses paysages balayés par les vents, et sa terre stérile, asséchée. Ses seuls trésors, la timide gentillesse de ses habitants débarqués de l’ouest de la France, au moment de la Révolution pour tenter d’y survivre, quelques baies cachées d’une lumineuse beauté et son inaccessibilité qui la rend précieuse, rare. Bref, peu d’atouts, jusqu’à ce qu’un certain David Rockefeller la découvre à la fin des années 1950, tombe sous son charme rustique et y construise une villa délirante, traçant mine de rien la « ligne » New York – Saint-Barth. Ainsi commença l’invasion touristique, qui s’amplifia dans les années 2000. Aujourd’hui, les autorités, et les autochtones vaille que vaille, tentent de la juguler, de la discipliner. Il n’empêche, quelques spots restent toujours des refuges tranquilles, privilégiés, telle la Pointe Milou sur laquelle s’est implanté, il y a quelques années, au raz de l’eau et des roches noires, le Christopher, cinq-étoiles intimiste, à l’écart de la folie, des excès, des débordements de celles et ceux qui ne voient en Saint-Barth qu’une immense boîte de nuit… battant son plein aussi le jour. Katia Terrassoux, femme d’affaires influente, créatrice du Studio K & T Design, propriétaire, avec son mari, depuis 2009, du Christopher, choie, embellit en permanence son hôtel, alliant ses talents de décoratrice, à ceux de l’architecte Johannes Zingerle. Ensemble, ils viennent de terminer la Villa Saba, sur un terrain en hauteur, indépendant et bien isolé de l’hôtel tout en pouvant bénéficier à l’envi de ses services et de ses installations, dont un superbe spa Sisley, élu année après année, le plus beau des Caraïbes, et le restaurant du chef français triplement étoilé Christopher Coutanceau.

« Quand Katia Terrassoux m’a parlé de ce projet de villa exceptionnelle, j’ai immédiatement été partant, enthousiaste même, explique Zingerle. J’ai étudié le terrain de fond en comble pour en tirer le meilleur parti, puis projeté les plans afin que la demeure, grâce à la déclivité se fonde dans l’environnement et que, de toutes les pièces, les cinq chambres en premier lieu, la vue soit “wahou” avec se découpant sur l’horizon, les îles de Chevreau, Frégate, Toc Vers et la sœur mi-française, mi-hollandaise, Saint-Martin. » La maison de six vastes pièces n’occupe que 290 m2 sur les 1 480 m2 de superficie du jardin. Pour mieux encore la protéger de son entourage, Katia Terrassoux a demandé à un paysagiste de planter de nombreux arbres, palmiers doubles, arbres du voyageur, bougainvilliers, cocotiers, fougères, dracaena, etc., qui se mêlent aux lauriers et aux herbes de la pampa. Une entrée en matière végétale lorsqu’on emprunte à pied le chemin desservant Saba.

Trois idées fortes émises par Katia Terrassoux, approuvées et mises en musique par Johannes Zingerle. Que l’intérieur et l’extérieur s’inscrivent dans la continuité, ne fassent qu’un, chacun passant du salon à la piscine, et vice versa naturellement. Que les matériaux, le mobilier design, s’accordent avec des éléments traditionnels que l’on retrouve dans les cottages créoles – des vérandas, des avant-toits, des plafonds aux poutres apparentes peintes en blanc, des hautes fenêtres et des touches de couleurs vives, orange Hermès, rose fuchsia, volées aux fleurs alentour : becs-de-perroquet, ou heliconias, flamboyants, amarantes, fleurs de curcuma. Et, qu’on y soit de passage pour quelques jours ou qu’on s’y installe plusieurs mois, Villa Saba soit une maison facile à vivre, une bulle de bonheur comme l’ont souhaité son architecte et sa décoratrice. Un chez-soi qu’on peut louer, sans se préoccuper de rien d’autre que de son bien-être.

NAGER, ADMIRER. De belle taille, 16 m de long, la piscine en pierre du Zimbabwe permet de nager à l’envi et de se repaître à l’infini de la mer des Caraïbes. Mobilier outdoor, Gommaire. © Hugo Allard
LIRE, ECOUTER. Au salon… Bibliothèque en noyer réalisée sur mesure. Canapé, fauteuils, console, PH Collection. Sur la table basse, bougie Baobab, beau livre, St. Barths, éditions Assouline. © Hugo Allard
PRÉPARER, DÉGUSTER. Une cuisine-salle à manger ouverte sur le large. Au sol, grès cérame, effet travertin. Électroménager, Gaggenau. Suspensions, Forestier. Table, chaises et bar, Silvera. © Hugo Allard
S’ÉVADER, IMAGINER. De sa chambre scrutant la mer des Caraïbes, rêver de prendre le large. Plafond typique des maisons saint-barthinoises. Chevet, fauteuil, PH Collection. Panneau en tête de lit incrusté de nacre, fait main. Bout de lit et rideaux, tissus Silva. © Hugo Allard
DISCUTER, TRINQUER. Dans le grand living que prolonge la terrasse, les hôtes se retrouvent au bar, pour un petit café le matin, une citronnade à midi, un ti-punch ou un planteur le soir. Comptoir, tabourets design, Silvera. © Hugo Allard

Johannes Zingerle, architecte de la villa Saba

© DR

Johannes Zingerle est le fondateur du studio Design Affairs, Gustavia Saint-Barthélemy. De la maîtrise d’œuvre au design, son agence réalise avant tout, dans une démarche humaine, des projets à l’échelle de l’île, intégrés dans le paysage, semblables à des oasis. Son mentor : François Pécard, architecte local qui lui a donné sa chance en 1995. Ses inspirateurs : Tadao Ando, Le Corbusier, Mies van der Rohe, Oscar Niemeyer, mais aussi pour leur travail tropical, Studio KO et MK27.

Article paru dans le numéro 182 de RD – Résidences Décoration.

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