« C’est dans les anecdotes qu’on trouve les meilleures idées » Alexandre Danan

Spécialiste des rénovations de lieux d’hospitalité, Alexandre Danan travaille de façon confidentielle pour et avec les groupes hôteliers les plus prestigieux. Ce qu’il aime ? Les histoires, les familles, les endroits uniques. Il écoute beaucoup, retient tout et consigne ses croquis dans des carnets. Il conseille et suggère, pour que ces établissements emblématiques se réinventent et pour que la vie y suive son cours.

Texte Anne-Louise Sevaux

L’architecte de famille
Alexandre Danan est comme un médecin de famille. Il œuvre aux côtés du père d’abord, puis du fils, du frère, et de leurs enfants après eux. « Faire le pont entre les générations, c’est aussi faire le pont heureux entre les bâtiments anciens et contemporains. » S’il réalise des résidences privées, c’est surtout pour la rénovation d’hôtels qu’il s’est fait connaître. Il crée du lien entre les envies des uns et les besoins des autres, en conservant toujours l’âme et l’histoire du lieu. Il ne néglige jamais les impératifs d’un projet réussi et s’attache autant à l’humain qu’aux murs.

Alexandre Danan est architecte d’intérieur et décorateur. Il est notamment spécialiste de la rénovation d’hôtels de luxe. © Eleonore Chellini

Des groupes familiaux
Côté famille, il en connaît un rayon. Il a notamment travaillé avec le groupe Barrière sur des bâtiments historiques, comme le Normandy à Deauville ou le Majestic à Cannes. Plus intime mais tout aussi important à ses yeux, il « adore l’histoire de la famille Temimi, propriétaire d’un hôtel dans le XVI^e arrondissement de Paris depuis les années 1970. »

En 2013, quand Walid Temimi reprend les rênes du Belmont, il n’a que 24 ans et lance d’importants travaux de rénovation. « Il m’a fait confiance. On a eu des coups durs mais on s’est serré les coudes. Aujourd’hui, avec Walid et son frère Aziz, on entretient presque des liens familiaux. » Car l’architecte d’intérieur a également travaillé avec Aziz Temimi pour le projet très innovant Maison Mère, dans le IX^e arrondissement. Deux frères, deux hôtels, deux styles.

Pour rénover l’hôtel du Belmont, dans le XVI^e arrondissement parisien, l’architecte d’intérieur s’est inspiré de l’opéra Garnier. Ici, dans le bar, on observe notamment des banquettes avec un accoudoir unique. © DR

Ne cherchez pas le style Danan
Ce n’est pas le style formel qui importe à l’architecte décorateur, ce qui lui plaît, « c’est l’histoire ». L’histoire du lieu, du projet, du propriétaire. « Les clients viennent me chercher parce que je suis spécialiste de l’hôtellerie… Ils attendent mon attention et mon savoir. »

Alors Alexandre Danan ressort sa blouse de médecin de famille. Il « écoute au cœur » et retient chaque détail : « C’est dans les anecdotes qu’on trouve les meilleures idées. » Il conseille ensuite, sans jamais imposer. « Je ne veux pas de style, balaye-t-il. Je travaille avant tout au service de mes clients. »

La signature Danan est donc reconnaissable dans les détails : la maîtrise des proportions et des flux, l’expertise professionnelle, qui ne cède jamais à la réplique. Ce qui lui plaît, c’est lorsqu’à la fin du chantier « le client a l’impression que c’est lui qui a tout fait ».

Le showroom The Invisible Collection, à Londres. © DR

L’art de la rénovation
Une centaine d’établissements hôteliers créés ou rénovés plus tard, il n’y en a pas deux qui se ressemblent. Sa première rénovation d’hôtel date de 2000. Et quel hôtel ! Le Hilton Champs-Élysées, l’actuel Collectionneur Arc de Triomphe. Alexandre Danan n’avait que 25 ans et voyait déjà grand. Pourtant, il l’assure aujourd’hui : « En architecture d’intérieur, on est bon qu’à partir de 40 ans. Il y a tellement de choses à apprendre… » C’est donc tout naturellement qu’à 42 ans, en 2017, il remporte le MIPIM, à Cannes, pour la Maison Albar Hotels Paris Céline. Maison Albar, un autre groupe familial avec qui il continuera de travailler.

Réaliser des rêves
La suite est faite de projets passionnants pour Alexandre Danan. Ça se passe ici ou là, mais ce sont chaque fois des histoires qui le touchent : celle de l’Auberge de la Mère Poulard, au Mont-Saint-Michel ; celle du futur établissement du champion de MMA Francis Ngannou au Cameroun ; ou celle de ce château en Normandie, rêvé par un grand industriel du Havre qui a travaillé toute sa vie pour se l’offrir… Et pour l’architecte, tout cela, « c’est du même ordre, je réalise leurs rêves » !