Sur une plage brésilienne de rêve, l’architecte sud américain Isay Weinfeld a posé entre sable et jungle, un bungalow moderne à la blancheur éclatante et aux formes linéaires très pures.
La nature est si présente dans la vie quotidienne au Brésil que le design joue constamment avec. Mobilier signé, claustra, sols, le bois est ici partout.
A moins de 100 kilomètres de l’effervescente São Paulo se trouve un sanctuaire tropical que les habitants appellent « la perle de l’Atlantique ». Sa végétation luxuriante et ses rubans de sable blanc font de Guaruja, une destination de week-end ultra prisée des Paulistes. Quelques privilégiés se font même bâtir des propriétés de rêve avec accès direct à la plage… tout comme ce couple installé à New York, qui a confié le projet à Isay Weinfeld, maître incontesté du luxe à la brésilienne. Le starchitecte a relevé le défi et conçu une résidence au style discrètement opulent, qui met en avant des matériaux précieux (pierre et bois exotiques) et des meubles de grandes signatures, patiemment chinés au Brésil et en Argentine. Synonyme d’élégance et de raffinement, la patte Weinfeld, c’est aussi une approche chaleureuse du modernisme qui l’a rendu célèbre un peu partout dans le monde à savoir des lignes pures, le recours exclusif à du bois local et le souci de la fonctionnalité.
Welcome to lost paradise !
« Nous adorons ses constructions blanches et pures auxquelles il sait comme nul autre apporter une sensation de chaleur naturelle », explique le propriétaire, un homme d’affaires qui a laissé carte blanche à Isay Weinfeld. L’homme décrit ce site comme « le paradis perdu », un emplacement qu’il a mis trois ans à découvrir pour en faire « le lieu de détente par excellence où passer du bon temps en famille et entre amis ». La seule exigence formulée à l’architecte était que le futur havre de paix de 875 mètres carrés soit bâti en utilisant un minimum de matériaux et qu’il laisse parler la nature. Face aux sublimes nuances de bleu et de vert de l’océan, la maison est formée de deux boîtes rectangulaires blanches placées l’une sur l’autre et entourées de plantes tropicales. La terrasse du niveau supérieur vient servir de toit protecteur à celle placée juste en dessous qui communique de plain-pied avec le jardin via de simples grandes baies vitrées. La piscine joue la transition avec la plage située à un jet de pierre : « un choix entre eau douce et eau salée qui permet à chacun de se relaxer à sa manière », comme l’explique le propriétaire.
Le mobilier, moderne, a été personnellement choisi par l’architecte comme ces canapés et ottomans découverts dans le magasin de Laura Orcoyen, à Buenos Aires lors d’un voyage en Argentine. Paire de fauteuils « Diz » de Sergio Rodrigues en bois d’eucalyptus. Cheminée ultra-minimaliste en acier conçue par Isay Weinfeld. Tout au fond, on aperçoit les lampes « Bubble » de George Nelson pour Howard Miller.
Inspirations orientales revisitées
Isay Weinfeld s’est inspiré des origines arabes de son client et a incorporé tout le long de l’étage où se trouvent les cinq chambres, un moucharabieh. Ce dispositif de ventilation naturelle est constitué d’éléments en bois tourné assemblés selon un plan géométrique et qui forment un grimage serré. Outre l’effet esthétique indéniable, ce claustra oriental se pare de multiples vertus. La réduction de la surface produite par le maillage accélère le passage du vent tout en filtrant la lumière du soleil mais sans obscurcir la vue. De la même façon que la plage et la jungle alentour offrent un beau contraste, les textures jouent aussi des contraires à l’intérieur de la maison : les tons chauds des panneaux de bois qui couvrent le mur entier de la pièce à vivre s’opposent de manière heureuse à la fraîcheur de la pierre au sol.
Cet équilibre permanent recherché (et trouvé !) entre sophistication et humilité mais aussi architecture et nature inscrit cette réalisation d’Isay Weinfeld dans le droit fil du modernisme tropical.
Le raffinement préside à la décoration de ce cabanon de plage pour Robinson de luxe. L’architecte a composé avec la pierre, la végétation et du bois recyclé issu de la forêt amazonienne pour mieux fondre la villa dans la nature environnante. Devant la piscine, on aperçoit deux fauteuils en bois d’eucalyptus « Mole » signés Sergio Rodrigues, un designer né à Rio de Janeiro. Encore et toujours du bois pour la chambre à coucher agrémentée d’une terrasse à l’ombre d’un moucharabieh.
Texte par Danielle Miller & Claire Bossu-Rousseau – Photos Richard Powers
Publié dans Résidences Décoration numéro 118