Belle, basque, et secrète avant tout

Elle joue les cachottières, laissant deviner entre pins, hortensias et fougères, l’océan et ses déferlantes. Avec en toile de fond Biarritz. Des atouts certains soulignés par la décoratrice Delphine Carrère.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Nicolas Mateus

Comment ce couple à la recherche d’une résidence secondaire aurait pu ne pas tomber amoureux, lorsqu’il la découvre, de cette maison planquée dans sa forêt de pins et son écrin de verdure, quasi léchée par l’océan Atlantique. Ou plus exactement de son emplacement, unique sur le plateau de Bidart, non loin de Biarritz. Une demeure balnéaire terrée dans un jardin extraordinaire de 2 300 m2, comme chantait Charles Trenet que prolonge une vaste pinède. Alors qu’importe que la villa soit mal conçue, étriquée, quelconque. Le coup de foudre est immédiat, l’envie de l’acquérir irrépressible. Madame et monsieur se concertent, et décident d’amorcer les démarches officielles pour la détruire et la reconstruire. Le jeu en vaut la chandelle.

AU VERT. Donnant sur le jardin, le salon est agréable en toutes saisons. Tables basses dk3, fauteuils &Tradition, canapé Flexform, cheminée à bois réalisée sur mesure en béton moulé, tapis Beni Rugs.
AU FEU. Belle idée, pour cette pièce orientée au nord, la cheminée ouverte des deux côtés jouant les séparations conviviales. Côté dining-room, meubles et luminaires chinés, tapis Kvadrat. Murs en béton peint.

Ainsi fut dit, ainsi fut fait, permis en main, les deux parents, nantis de trois adolescents tous plus sportifs les uns que les autres, commencèrent à rêver de leurs prochaines vacances. Prêts à chevaucher les déferlantes. Deux ans de travaux pour goûter au bonheur de rentrer chez soi.

AU SOLEIL. Salle à manger sur terrasse en terre cuite et émaillée, différents calepinages, de Cotto Etrusco – chez Toscane et Tradition, Paris. Mobilier Sempre.

Concevoir la maison et son implantation en fonction de sa double orientation. Développer le jardin au nord, côté océan, pour qu’il reste vert, ouvrir une terrasse au sud, côté campagne.

À L’OMBRE. Salon outdoor, propice au farniente, aux conversations. Adossée au mur, banquette en béton moulé adoucie par des coussins Élitis, le tout fait sur mesure.
À L’EAU dans la piscine réalisée par Enki Piscines en pierres Bali green. Jardin signé Michel Mendiboure, paysagiste basque qui a repensé aussi les accès en lauze de la Rhune.
À L’IDENTIQUE. Reconstruite entièrement pour des raisons techniques, la maison à un étage conserve les caractères architecturaux des villas basques alentour.

Revue, déplacée, hissée dans la partie la plus haute du terrain pentu, pour bénéficier d’une vue hors normes, la villa à l’origine riquiqui déroule désormais avec fierté ses 250 m2 et sa dépendance de 100 m2, invisible, intégrée dans la déclivité. Une maison qui s’anime de Pâques à la Toussaint et à l’improviste, lorsque l’envie de surfer titille les bras et les mollets de certains membres de la famille. « Nous avons été très vite parfaitement alignés côté déco et côté sobriété, praticité, confie Delphine Carrère, l’architecte d’intérieur choisie. La maison devait être facile à vivre, à ouvrir, à fermer, au gré des séjours des uns et des autres. » Certes les propriétaires avaient des idées bien arrêtées sur les couleurs, les matériaux, mais ont, avec bienveillance et confiance, adhéré aux suggestions et aux choix du studio ADC. « J’aime la précision du dessin, l’architecture et son rapport à l’homme, à qui elle est dédiée, les sensations qu’elle procure. Mes clients ont apprécié cette approche. Des clients de rêve, très réactifs, jamais envahissants ni pesants. »

À TABLE. Cuisine sur mesure, menuiserie Bidart à Anglet. Sol en béton ciré et terre cuite émaillée, meubles en bois texturé, suspensions en plâtre Paola Paronetto.

L’essentiel, favoriser la convivialité, faciliter la vie de tout un chacun en créant des espaces, comme la cuisine, qu’on s’approprie à tout moment ne serait-ce que le temps d’une pause-café.

AU FOURNEAU. En bout de table, bloc technique avec plan de travail en béton blanc moulé et cuisinière Smeg. Sur le mur, rangement colonne en tôle perforée.

Peu à peu la villa dévoile son nouveau visage, celui d’une demeure basque contemporaine, adaptée au mode de vie actuel, une maison maçonnée blanche, massive, un rien monolithique, avec des colombages, une toiture en tuiles à deux pentes, un mur pignon en pierre de Bidache grisée, veinée de bandes plus sombres, et de belles ouvertures pour profiter de la lumière et des couleurs du sud-ouest, du bleu et du vert entre autres, se gaver de nature sans l’entacher. Pour preuve les terrasses, certes généreuses, mais imaginées pour ne pas trop mordre sur l’environnement. « Pour garnir intérieur et extérieur, nous avons jonglé entre les meubles chinés de-ci de-là par la famille au gré de ses voyages notamment, quelques belles pièces design, du mobilier conçu sur mesure par mon studio ou pioché dans mon showroom. Nous nous sommes entourés d’artisans locaux, au savoir-faire légendaire, fiers d’interpréter de façon actuelle les symboles basques. »

À LA TOILETTE. Salle de bains de la master bedroom, sol en béton ciré, carreaux turquoise Cotto Etrusco, tablettes en noyer. Baignoire Agape Design, tabouret Pols Potten. Photo personnelle.

Donner du peps en invitant les couleurs atlantiques à coloniser les murs, à se déverser généreusement. Un moyen de tenir à distance la grisaille des jours
de pluie et d’enchanter la vie.

AU LIT. Parquet Arbony, showroom Entre-temps Biarritz, comme les tabourets Zana. Papier peint Le Monde Sauvage, tapis Van Ghent, commode et luminaires chinés, jeté de lit provenant du Grand Bazar d’Istanbul. Photo Sebastião Salgado.

Même démarche pour le jardin, qui péchait par manque tout à la fois de fantaisie et de rigueur. Michel Mendiboure, paysagiste à Bayonne, s’est appliqué à l’harmoniser avec la maison, à le replanter en priorité d’essences régionales, à redessiner les accès en lauze de la Rhune, sommet emblématique du littoral basquais, à implanter la piscine, en collaboration avec l’entreprise Enki Piscines pour qu’elle se fonde dans le jardin. D’où l’usage pour le revêtement du bassin de pierres Bali green, provenant de Bali, de couleur vert foncé, et les margelles en terre cuite, identique à celles des terrasses jouxtant la maison. Et qu’elle ne jure pas avec les eaux bleu profond de l’Atlantique.

Delphine Carrère, ADC Studio, showroom Entre-temps, Biarritz

Formée à l’école d’architecture d’intérieur de Toulouse, la décoratrice avoue enrichir son savoir tous les jours. Avec sa dizaine de collaborateurs, elle travaille sur des chantiers résidentiels entre Biarritz et le bassin d’Arcachon, mais aussi sur des hôtels, des restaurants comme le Jack The Cockerel, à Hossegor. Elle vient de livrer l’Hôtel de
la Plage, au village de l’Herbe, au cap Ferret, et l’hôtel Indarra à Arbonne, aux portes de Biarritz. Et termine une maison ancienne sur le Mimbeau, au cap Ferret, ainsi que plusieurs villas contemporaines à Anglet.

Article paru dans le numéro 178 de Résidences Décoration.

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