Si Nancy s’impose comme la capitale française de l’Art nouveau, le mouvement est international et protéiforme. Il s’affranchit de la symétrie des lignes et leur préfère les courbes, les hommages à la nature et à la femme.
Texte Cécile Olivéro
La date clé
1890 en France, trois décennies plus tôt en Angleterre. Outre-Manche, le mouvement Arts & Crafts préfigure l’Art nouveau, et William Morris en sera la figure émergente. Dans l’Hexagone, il est associé à la Belle Époque (1890-1914) et, avec lui, fini les notions d’arts majeurs ou mineurs. Symbole d’un art décoratif inspiré par la nature, il rend aussi hommage à la femme et se veut accessible à tous.
Protagonistes
L’Histoire retient surtout deux noms : l’architecte Hector Guimard et l’industriel, maître verrier, ébéniste et céramiste Émile Gallé. D’autres, comme Louis Majorelle, René Lalique ou Eugène Grasset, apporteront leur pierre à l’édifice. Lors de l’Exposition universelle de 1900, ils s’illustreront grâce à des œuvres mettant en lumière un savoir-faire artisanal en même temps qu’une maîtrise parfaite des courbes et des arabesques.
Iconiques
Les édicules signés Hervé Guimard, emblématiques de la capitale et témoins de l’architecture Art nouveau. Pour réaliser les bouches d’entrée du métro parisien, fermées ou ouvertes sur les côtés, Guimard utilise de la fonte de fer pour la structure, de la pierre pour les soubassements et du verre pour la toiture. Dans un autre registre, les créations d’Émile Gallé sont également emblématiques du mouvement. Lampes, vases ou coupes témoignent de l’expertise du maître verrier dans l’art de la marqueterie sur verre.
Philosophie
Avec cette bague « Portrait de femme et lys », qui marie l’or et l’ivoire artificiel, Lalique représente deux de ses sources d’inspiration.
« La symétrie n’est nullement une condition de l’art, comme plusieurs personnes affectent de le croire ; c’est une habitude des yeux, pas autre chose », affirme Hector Guimard. Lui milite pour un univers esthétique sensible, voire sensuel. Il privilégie les courbes au détriment des lignes droites. Émile Gallé fondera, dès 1901, l’école de Nancy et fera de sa ville natale la capitale de l’Art nouveau.
Matériaux
Ils sont multiples et variés, à l’image des protagonistes du mouvement : du fer forgé, du métal, du verre, du bois, du béton armé, de la pierre. Les architectes, décorateurs, ébénistes, maîtres verriers… les plient à leurs exigences de rythmes et de formes, reproduisant ce que la nature leur inspire, fleurs, feuilles ou insectes. Le sensible devient visible.
Pour aller plus loin
Classée au titre des Monuments historiques depuis 1996, la villa Majorelle (ou villa Jika), à Nancy, a été construite en 1901-1902 par Henri Sauvage, sur une demande de Louis Majorelle. Visiter la première maison entièrement Art nouveau de la ville permet d’entrer dans l’intimité du couple Majorelle. Prévoir 1 heure pour s’extasier devant l’escalier monumental, le lustre à décor d’algues de Majorelle-Gruber et bien sûr l’atelier de l’ébéniste et décorateur lorrain.
Article paru dans le numéro 170 de Résidences Décoration.
