À Malibu, une maison d’été au style mid-century modern

En réinventant un style moderniste tout en courbes et matières naturelles pour une famille fan de glisse, Kelly Wearstler donne une nouvelle vie à cette cabane de plage. So chic !

Texte Catherine Cornille / Photos The Ingalls

La célèbre architecte d’intérieur californienne Kelly Wearstler aime mettre en tension les styles et les époques, les matières brutes et précieuses. Investir une maison historique de 1953 de style moderniste, qui rappelle les constructions de Rudolph Schindler avec son esthétique japonaise traditionnelle, toute en bois et claustras, représentait donc un challenge passionnant pour cette adepte du design rétro français et italien des années 1970. Respect et inspiration obligent. « Je connaissais déjà cette maison, car un ami voisin m’y avait emmenée il y a quelques années, juste pour y jeter un coup d’œil. C’était un bijou d’architecture. Une magnifique cabane de surf », se souvient Kelly. Oubliée sur la plage de Malibu, elle avait appartenu à l’acteur américain Carroll O’Connor et était inhabitée depuis des années. Séduite à l’époque par cette demeure restée dans son jus, à l’emplacement unique – les pieds dans l’eau – et au plan ouvert très agréable à vivre, la décoratrice est, bien plus tard, mandatée pour la rénover par un couple de Los Angeles. Les travaux sont réalisés en 2020 et la transforment en une maison d’été dédiée au surf. Afin de préserver l’intégrité architecturale du bâtiment, Kelly a tenu à conserver tous les panneaux muraux en bois de cyprès couleur miel. Cette nuance dorée chaleureuse habille les salles principales mais aussi les pièces d’eau. « J’ai gardé tout ce que je pouvais, y compris les appareils électroménagers de la cuisine et de la salle de bains. Cela contribue à la valeur et au charme de l’endroit. En revanche, j’ai enlevé l’ancienne moquette et l’ai remplacée par du jonc de mer. »

ÉCRIN MORDORÉ. Le mobilier ton sur ton laisse parler les murs lambrissés, appliques et suspension d’origine. Canapé vintage. Fauteuils danois « Hoop Lounge », design Illum Wikkelsø, Orange Furniture. Table ronde Aschberg Magnuson, Aybar Gallery.
DEDANS-DEHORS. L’ancien solarium transformé en salle à manger s’ouvre sur la plage. Une série de cache-pots californiens du milieu du XXe siècle et d’autres contemporains accueillent des plantes grasses qui donnent une allure exotique à ce dîner d’été.
RÉTRO ET FONCTIONNELLE. La belle facture de la cuisine tout en bois est préservée. Ses nombreux tiroirs et ses étagères suspendues la rendent facile à vivre. Des clautras d’origine s’escamotent côté salon, tandis qu’un service en céramique artisanal se fond dans le décor.
TOUCHE FÉMININE. Une table ronde d’exception en marbre vert, création datant de 1987 designée par Mario Bellini, sert de point central au bureau lambrissé de bois. Des chaises dépareillées chinées participent à la décoration ainsi que les feuillages des plantes tropicales.

Le vintage et le contemporain écrivent un nouveau chapitre pour les lieux. Broad Beach révèle une harmonie de tons terreux et rustiques et un mélange de styles, convoquant Isamu Noguchi, une table en marbre de Mario Bellini ou encore les dernières collections de mobilier brutaliste de Kelly. Son credo : « Concevoir des meubles, des éclairages et des tapis est similaire à la création d’œuvres d’art. Ils doivent communiquer entre eux et avoir un caractère distinctif. Lorsque j’imagine un meuble, je veux qu’il soit sophistiqué, élégant et luxueux mais sans compromettre le confort. Il s’agit de trouver l’équilibre parfait entre la forme et la structure, la matière et la couleur. » Une sélection de pièces vintage très « Mid-century modern » apportent un supplément de texture et d’originalité à la décoration, à l’instar de tables basses en mosaïques écailles de tortue. Car Kelly, non contente d’être une créatrice avant-gardiste, se révèle en outre être une grande chineuse, qui parcourt l’Europe à la recherche de raretés. Cette habituée des antiquaires JF Chen, Garde Shop ou Pat McGann, mais aussi des puces de Clignancourt, à Paris, stocke dans son entrepôt du sud de Los Angeles des pépites qu’elle a choisies pour ses différents chantiers, des mélanges audacieux en tête.

Enfin, pour cette maison de vacances, la designer a privilégié des assises basses, pour mieux contempler l’océan, l’autre atout incontestable. Les vastes chambres ont une vue grand format sur la plage. « J’ai voulu créer une conversation entre le dedans et le dehors, avec une sélection de couleurs discrètes, beige, brun, qui mettent en valeur les tons naturels. »

LUMINEUX ET COSY. Le salon est tourné vers le Pacifique, que l’on aperçoit à travers les larges baies vitrées. On vient ici même en hiver profiter de soirées devant la cheminée. Le canapé arrondi et la méridienne « Soriana », dessinés par Afra et Tobia Scarpa en 1970 pour Cassina, côtoient un fauteuil d’Ignazio Gardelia, Digamma, 1957, ainsi que la chaise longue « 2750 » de Dan Johnson, 1950. Table basse en souche d’arbre, vintage. Lampadaire vintage, 1950, design Mitchell Bobrick.
TON SABLE NACRÉ. Une touche glamour dans cette chambre tapissée d’une étoffe soyeuse beige doré. Le linge de lit blanc et écru, Hawkins New York, est rehaussé de coussins ethniques en laine. La table de chevet est drapée de tissu retenu par un cordage, avec une lampe à l’abat-jour en papier mâché. 
BERCÉ PAR LES VAGUES. Une chambre avec vue sur la plage. Un siège du designer américain facétieux Ryan Belli fait son cinéma devant la fenêtre. Une touche d’humour, cher à Kelly, qui aime bien surprendre. 

En collaboration avec le paysagiste Art Luna et la pépinière locale Inner Gardena, Kelly Wearstler a introduit des plantes tropicales autour du bâtiment afin de brouiller les frontières entre l’intérieur et l’extérieur. Un jardin exotique pour un dépaysement assuré. On vient ici pour vivre en symbiose avec le Pacifique, happé par les vagues… et l’appel du surf.

Kelly Wearstler

© Joyce Park

Fondatrice et directrice du studio qui porte son nom depuis 1995, cette designer californienne émérite est spécialisée dans l’aménagement de complexes hôteliers, commerciaux et résidentiels. Après des années d’expérience dans les décors sur les plateaux de tournage et après avoir relooké les logements de stars comme Cameron Diaz, elle a créé sa griffe de mobilier et d’accessoires de décoration, et noué des partenariats avec des marques comme Arca pour Art Basel 2022, fournisseur mondial de pierre naturelle, de carrelage et de bois haut de gamme. Pour sa dernière collection de mobilier, « Morro », Kelly s’est inspirée des meubles bas japonais du milieu du siècle dernier, en y ajoutant une touche de modernité, des détails subtils. Un style novateur, des lignes courbes et des textures luxueuses font sa signature.

Article paru dans le numéro 171 de Résidences Décoration.

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