Yohan Cohen, décorateur, et David Atthar, directeur de Scavolini Store Paris, un duo d’amis, ont partagé idées et savoir-faire pour réinventer l’appartement du premier.
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Christophe Apatie
Rue Copernic, longue artère étroite du 16e arrondissement de Paris, le soleil ne caresse que les immeubles portant un numéro pair. Les autres demeurent désespérément à l’ombre. Quand Yohan Cohen et son épouse, qui vient de donner naissance à leur premier enfant, repèrent un appartement à vendre au troisième étage du bon côté de la rue, ils saisissent l’occasion au vol. Le bien, à la hauteur sous plafond vertigineuse – 3,10 mètres –, nécessite une sérieuse rénovation pour redonner belle allure à ses 90 m2 de conception très haussmannienne, mais ne comptant ni moulures, ni corniches.
Sans hésiter, le décorateur demande à son ami David Atthar, directeur de Scavolini Store Paris, spécialiste des agencements et des aménagements haut de gamme italiens, de l’accompagner dans cette aventure. Unir leurs compétences, confronter leurs idées, changer pour imaginer la future résidence du jeune couple, cela amuse les deux complices, les stimule. Ayant longtemps travaillé comme responsable de chantier pour une grosse entreprise de construction, Yohan a appris à déterminer rapidement la faisabilité d’un projet immobilier auprès des artisans, électriciens, plombiers, menuisiers, maçons. Dès la première visite, il note d’un œil aguerri les atouts et les défauts, et remarque avec satisfaction qu’aucun mur n’est porteur, que la lumière naturelle, stoppée nette dans sa course par certaines cloisons, n’aspire qu’à inonder et réchauffer chaque recoin, libérée de ses carcans.
La décision s’impose d’évidence : abattre tous les murs pour révéler la pureté originelle des lieux. David approuve ce parti pris fort et suggère, afin d’éviter d’encombrer l’espace avec des armoires et autres commodes, de dessiner sur mesure des rangements astucieux se fondant dans les murs restants. Chose dite, chose faite. Les cheminées passent aussi à la trappe. « Certes, c’est sympa les feux de bois, mais ce n’était plus le propos, et, surtout, ces foyers prennent de la place, colonisent des mètres carrés et compliquent sérieusement décoration et aménagement », justifie Yohan, qui ajoute : « En plus elles n’étaient ni stylées, ni esthétiques. » Out!
Reste à reconstruire, à s’approprier le moindre mètre carré, à l’exploiter avec intelligence. Une fois encore, les deux pros tombent d’accord pour créer, comme dans les appartements contemporains, une grande pièce à vivre regroupant salon, salle à manger et cuisine, sans autre séparation que des jeux de couleurs et de matières. « Je voulais que tout soit fluide, que la circulation soit facile, d’où l’idée de mettre du parquet blond en point de Hongrie partout, et de faire en sorte que, depuis la chambre parentale, le regard se projette dans le living-room. »
Il visualise quasi d’instinct le plan s’articulant autour de la pièce à vivre, complétée par une suite parentale avec une grande salle de bains courant sur toute sa longueur, et une chambre agréable pour leur fille, elle aussi avec sa pièce d’eau. « Nous avons investi dans l’essentiel : des matériaux de qualité, de jolis luminaires, des appareils ménagers haut de gamme, de belles salles de bains. Puis nous avons arbitré entre nos désirs et la réalité et avons choisi canapés, miroirs, rideaux… dans des enseignes aux prix raisonnables. »
Avec son épouse, ils ont écumé Maisons du Monde, Monsieur Meuble, Made.com ou Madura. « Avec un peu d’entraînement et un œil avisé, on y dégotte des pépites, des pièces de goût qui n’alourdissent pas l’addition », sourit-il.
Yohan Cohen
Longtemps responsable de chantier, en contact avec différents corps de métier, Yohan s’est spécialisé en agencement intérieur. Passionné de décoration, il travaille comme architecte pour Scavolini Store Paris.
Reportage paru dans le numéro 165 de Résidences Décoration