À Dallas, un univers incomparable

Terminée fin 2023, il ne restait plus qu’à décorer cette maison pour une grande famille, à Highland Park, gros village près de Dallas. Avec, comme consigne, un design joyeux, atypique. Une grammaire que possède par cœur Joshua Rice qui marie hier, aujourd’hui et demain.

Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Robert Stai

Partir d’une feuille blanche et s’entourer d’une équipe solide, pour construire leur première maison, démarche d’un jeune couple texan. Lui, directeur financier, elle, professeure de yoga, avec quatre enfants de moins de cinq ans et l’intention d’agrandir encore leur tribu. Acheter un terrain d’angle où trône un immense chêne centenaire, à Highland Park à l’est de Dallas, au Texas, quartier tranquille et urbain avec ses espaces verts, ses belles villas, ses boutiques smart, ses restaurants et ses bars. Choisir des architectes, le cabinet SmithArchitects capable tout à la fois de jongler avec cette configuration complexe et sensible à l’écoresponsabilité, utilisant des matériaux durables et raffinés, tels que le calcaire gris, les panneaux de bois inclinables pour régler la température en fonction du soleil, le stuc, etc. Les maîtres d’œuvre ont projeté 500 m2 habitables sur
1 100 m2 de terrain, dont 500 m² de verdure. Ils ont opté pour un plan réfléchi sur trois niveaux avec les espaces de vie à la fois en contrebas et au rez-de-chaussée ouvrant sur l’extérieur cuisine, arrière-cuisine, salon, salle à manger, suite parentale et sa salle d’eau, salle multimédia, bureau, studio de yoga, vestiaire et buanderie. Et, au premier étage, découvrant la cime des arbres, un immense living-room, quatre chambres avec chacune leur salle de bains.

Contacter, le gros œuvre terminé, Joshua Rice, designer d’intérieur pour aménager la coquille élégante en son grand jardin avec arbres et piscine en vis-à-vis. Une feuille de route précise : créer une atmosphère calme, lumineuse, ancrée dans son époque par son design décalé et joyeux, une maison facile à vivre, pas un musée. « Ma base de départ, confie Joshua Rice, le calcaire gris utilisé par les architectes pour les murs extérieurs et intérieurs. Cette base m’a donné le “la”, m’incitant à poser du marbre “Ceppo” gris foncé sur les sols du salon, les plans de travail de la cuisine, sur quelques meubles du living-room. Puis, composant une palette de teintes discrètes, naturelles, terreuses, plutôt sombres permettant ensuite de jouer sur la lumière. Une palette en harmonie avec ces matériaux de construction pour concevoir une maison contemporaine, sophistiquée. Mes jeunes clients, enthousiastes, ouverts à mes propositions, ont vite adhéré à l’idée de marier des meubles édités en série limitée au siècle dernier, le xxe, avec des pièces de designers actuels pour personnaliser au maximum leur demeure, la rendre unique, ajouter de la profondeur, du caractère, qu’il s’agisse de l’éclairage sculptural ou du mobilier conçu sur mesure, afin qu’avec leurs enfants ils se l’approprient facilement. » Dès l’accord signé, Joshua et son équipe dessinent, cherchent, fouinent pour que chaque espace de la maison soit exceptionnel. Armoires, baignoires, lavabos en pierre, béton, marbre, en premier plan. « Mes clients sont de grands fans de design moderne mais aussi de vintage et de technologie, mes passions. Mon studio a ainsi imaginé en 3D le carrelage demi-rond de la salle de bains, fabriqué ensuite par la même entreprise italienne que celle qui développe une collection de meubles en pierre, Pibamarmi à Arzignano, en Vénétie, en relation avec une maison de Los Angeles. » Le bois joue aussi un rôle important, du stratifié Fenix gris chaud aux parquets aux lattes larges en chêne clair du mur lambrissé en chêne fumé, au chêne clair de la suite parentale contrastant avec les carreaux japonais bleu foncé et le marbre islandais sombre.

« Le chantier s’est déroulé sans heurts car mes clients me connaissaient bien, étant mes voisins avant d’acheter leur terrain. Et, conscients de l’enjeu ils se sont appuyés à la fois sur le cabinet SmithArchitects pour la conception de la maison, mon studio pour l’aménagement intérieur, Randy Kienast de Kienast Homes et Paper Kites, paysagistes, pour le jardin. J’ai pour ma part associé à mes réflexions le consultant Jared Gaspar, expert en œuvres d’art. » Malgré le Covid qui a freiné l’aménagement – le gros œuvre était juste terminé en mars 2020 – et entraîné une flambée du prix des matériaux, les propriétaires ont tenu bon. Et, quatre ans après la pose de la première pierre, nous avons trinqué tous ensemble, devant la façade si jolie, les enfants à nos côtés. Heureux du résultat.

PASSÉ RECOMPOSÉ. Dans le salon, hormis le canapé Saint-Germain de Jean-Marie Massaud pour Poliform, le vintage domine : chaises Scimitar en cuir des années 1960, Fabricius Kastholm ; fauteuil Rokato de Gebroeders Jonkers Noordwolde, 1970 ; table en pierre de Giulio Lazzotti pour Mageia, 1981 ; lampe Abatina par Afra et Tobia Scarpa pour Flos, 1980 ; table pliante en palissandre par Poul Hundevad, 1960.
PASSÉ SIMPLE. Autour de la banquette BLR en cuir sang de bœuf et noyer de Joshua Rice, table en marbre vert de Jader Almeida, chaises Jumbo d’Olof Ottelin, 1958, et table basse en céramique de George Greenamyer pour Vladimir Kagan, 1964.
PASSÉ ANTÉRIEUR. La table en verre texturé Botón de Bonaldo et la suspension Wireline de Formafantasma pour Flos lient les époques. Chaises sculptées à la main dont en bout de table Artona de Afra et Tobia Scarpa, 1975. Sculpture en bronze de Bill Barrett, 1989.
FUTUR PROCHE. Le meilleur du design en marche. Banc de lit Brera Guglielmo Ulrich pour Poltrona Frau. Lit Faruk de Duxiana. Tables de chevet Lake par BDDW, lampes Edna en albâtre de Simone & Marcel.
SUBJONCTIF PRÉSENT. Points forts de cette salle de bains, les luminaires en marbre conçus par Joshua Rice avec Pibamarmi et en complément quelques modèles en laiton massif de CVL Luminaires, fabricant français.
PLUS-QUE-PARFAIT. Luminaires dessinés par Joshua Rice pour Pibamarmi. Carrelage mosaïque émaillée japonaise et plomberie, le tout Watermark Designs (Brooklyn), boiseries en chêne blanc, lavabo en pierre reconstituée, appliques du studio mexicain Bandido.
CONJUGAISON… harmonieuse des escaliers style gradins en chêne massif blond, des murs en pl
âtre et de la rampe en acier. Le tout réalisé sur mesure par le studio de Joshua Rice avec des architectes.
POINT FINAL. Sur la cheminée en granit texturé et laiton noirci, triptyque dégoté sur un marché aux puces, en verre moulé vintage, verrier tchèque inconnu. Imposant pare-feu Afra et Tobia Scarpa.
PONCTUATION. Détail de la menuiserie séparant la salle à manger du salon en contrebas, réalisée sur mesure par Joshua Rice, mêlant verre fumé, chêne fumé et éclairage caché. Au premier plan, chaise vintage d’Olof Ottelin.
CONJONCTION… de coordination pour égayer le marbre islandais, dans la salle de bains de la master suite, tabouret de coiffeuse recouvert d’une soie brodée très texturé de Lawson-Fenning, Californie.

Joshua Rice, designer d’intérieur 

Joshua Rice se présente comme « designer d’intérieur ». Diplômé en design d’intérieur de la Texas Christian University, il ouvre son studio à Dallas en 2007. Il travaille avec ses cinq collaborateurs, à 95 % pour des chantiers résidentiels haut de gamme. Son concept : aller au-delà des tendances éphémères pour créer des espaces purs, fonctionnels, raffinés. Son leitmotiv : « L’amertume de la mauvaise qualité persiste longtemps après que la douceur du petit prix est oubliée. » Il aime le maximalisme moderniste de Hannes Peer et de Vincenzo de Cotiis.

Article paru dans le numéro 180 de RD – Résidences Décoration.

Inscription à notre NewsletterInscrivez-vous pour être informé en avant première et recevoir les offres exclusives !