Leur appartement, Hanni Gohr et Rune Glifberg l’ont voulu lumineux, coloré et international, à l’image de leurs carrières respectives. Sans pour autant céder aux sirènes d’un éclectisme trop débridé.
Texte Cécile Olivéro / Photos Line Klein
«Aujourd’hui, nous avons exactement l’appartement dont nous rêvions », clament en chœur Hanni Gohr et Rune Glifberg. Elle, ex-mannequin désormais artiste, participe à des collaborations déco avec de nombreuses marques. Lui, ancien skateur professionnel, a créé son studio de design. Ensemble, ils ont relooké entièrement cet appartement de 240 m2 niché dans une maison datant de 1867, située dans l’une des plus charmantes rues de la capitale danoise.
« Nos idées d’aménagement ont été largement guidées par la lumière. » C’est elle, en effet, qui a dicté la rénovation du lieu. Certains murs ont été supprimés, d’autres déplacés, pour fluidifier les circulations, agrandir les espaces et les ouvrir sur l’extérieur. La cuisine bénéficie de larges ouvertures donnant directement sur un balcon aux beaux volumes. Le salon, haut de plafond, a conservé ses poutres apparentes et ses fenêtres d’origine et, comme toutes les autres pièces, il laisse entrer le soleil qui, selon les heures de la journée, va contribuer à dynamiser ou adoucir les ambiances.
De là à parler de hygge, cette philosophie de vie typiquement danoise qui met le confort et le bien-être au cœur de chaque intérieur… Hanni et Rune évoquent plutôt une inspiration « Paris-meets-New York-meets-L.A. » et la recherche d’un style résolument international, qui s’affranchit de nombreux dictats pour aller à l’essentiel : leurs propres goûts. Eux adorent les couleurs, l’art et les plantes. Ils ont beaucoup voyagé, chiné et rapporté de leurs périples une impressionnante collection de bibelots colorés. Leur présence, parfois décalée mais toujours judicieuse, contrebalance le minimalisme du mobilier. De l’ancien et du moderne, du recyclé aussi, car le couple pense durabilité et affiche une véritable conscience environnementale.
Aussi la rénovation a-t-elle fait appel à des matériaux tels que le laiton, le bois ou le ciment. Un mix réussi de froid et de chaud, de dur et de doux. Les façades en chêne fumé des meubles de la cuisine adoucissent le plan de travail en acier et le sol en béton ciré. La couleur, à l’instar de la lumière avec laquelle elle joue parfois à cache-cache, insuffle de la joie au quotidien. En même temps qu’une bonne dose d’humour.
« Le rose que nous avons choisi pour le balcon n’est pas tout à fait la teinte idéale… Nous songeons à le repeindre chaque été. Ce pourrait devenir un concept amusant », glisse Rune. Totalement fan de cette couleur, Hanni n’a pas hésité à proposer un moodboard pour convaincre son conjoint de peindre en rose les marches menant au dernier étage. Ce qui fut fait et a, depuis, reçu un accueil plus que chaleureux sur Instagram et auprès des amis du couple. Pour aller jusqu’au bout de son idée, l’artiste a voulu que la cage d’escalier soit elle aussi recouverte de ce coloris, mais tempéré par du pigment blanc. Effet déroutant garanti ! Le visiteur a l’illusion que ce sont les marches qui se reflètent sur les murs. Pour le dressing de la suite parentale au sol en chêne, c’est du bleu qui a été choisi. Cette peinture délimite également le renfoncement des étagères et du banc ; indispensable pour qu’ils ne se fondent pas dans le mur immaculé.
Côté mobilier, les pièces des designers danois les plus réputés (merci Carl Hansen & Søn !) voisinent avec d’autres, issues de l’artisanat. « Le fait de savoir que les meubles ont été conçus et fabriqués par des hommes et des femmes véritablement dévoués à leur métier est très important pour nous. Les nombreuses heures consacrées à leur création apportent un supplément d’âme à notre intérieur », concluent Hanni Gohr et Rune Glifberg.
Hanni Gohr et Rune Glifberg
Le couple a vécu plusieurs années à l’étranger avant de regagner son Danemark natal. Très demandée pour des collaborations design, Hanni est reconnue pour l’originalité de ses collages. Son rêve ? Concevoir un beau livre pour enfants qui ferait aussi le bonheur des parents. Rune, quant à lui, a passé 10 ans en Californie, et s’il a abandonné le skate de haut niveau pour créer son studio de design, il s’investit pour intégrer la discipline dans les espaces urbains. Ce couple branché maîtrise l’art délicat de la rénovation et sait insuffler aux lieux une personnalité unique.
Article paru dans le numéro 172 de Résidences Décoration.