Sur la péninsule côtière du Monte Argentario, la Villa Cacciarella, vêtue de marbres, scrute la mer et le village de pêche en dégradés d’ocre de Porto Santo Stefano. L’autre Toscane !
Texte Anne-Marie Cattelain-Le Dû / Photos Camilla Glorioso
Villa Cacciarella, une de ces demeures d’exception, qui outre leurs superficies, plus de 500 m2 pour celle-ci, bénéficient tout à la fois d’un emplacement extraordinaire, d’un concept architectural et d’un design intérieur très personnalisés. À deux heures exactement en voiture de l’aéroport de Rome, sur la côte toscane, encore préservée, cette propriété hissée sur la péninsule du Monte Argentario avançant dans la Méditerranée, dévoile un paysage marin, d’îles et de côtes, inondé chaque soir par le soleil couchant. Une villa au calme mais à quelques minutes à pied du port de pêche de Porto Stefano dont les maisons traditionnelles, teintes de safran et d’ocre, se blottissent dans les ruelles convergeant vers les quais et la mer. C’est cette atmosphère encore authentique de village, cette position stratégique, qui ont d’abord séduit les propriétaires, convaincus ensuite par les proportions et le potentiel de la demeure, leur intention première étant de la louer pendant les périodes où ils ne l’occupent pas. Un sacré pedigree, qui plus est, puisqu’elle a été imaginée en 1968, par Michele Bönan, l’architecte de l’un des plus beaux hôtels d’Italie, Il Pellicano, lui aussi dominant la situation sur les falaises de Porto Ercole, de la presqu’île de Monte Argentario. Beaucoup, beaucoup d’atouts, avec un petit bémol, une décoration datée, vieillissante, d’où, pour la rénover précautionneusement, le choix de Vicky Charles, décoratrice d’intérieur réputée, qui aime et connaît bien cette région de l’Italie.
L’idée première de l’élue, amoureuse de cette région, inspirée par le style et l’histoire de la Villa, la doter de tous les codes de l’art de vivre à l’italienne des années 1970, en intégrant les éléments de confort contemporain. Côté déco, elle a largement puisé dans les papiers peints et les textiles de Zak+Fox, maison fondée par Zak Profera, un de ses amis proches. Puis a choisi une palette de marbre aux teintes invraisemblables. Vicky Charles a ainsi tenu à sélectionner, parfois en se rendant dans les carrières, tous les blocs de marbre : le Diaspro, brun, que l’on ne trouve qu’en Sicile, pour la cheminée, Blue Macaubas brésilien, avec ses nuances infinies de bleus, pour les salles d’eau et de bains, et le marbre vert Albachiara du nord de l’Italie, l’Ombra di Caravaggio, de Serbie, veiné de rouge, pour la cuisine principale. Elle a aussi écumé les salles de ventes, les boutiques d’antiquaires et surtout le Mercante in Fiera de Parme, le plus grand marché d’antiquités d’Europe qui se déroule deux fois par an, pour trouver du mobilier et des luminaires vintage en harmonie avec l’architecture de la Villa.
Elle s’est tout autant souciée, au cours de ce chantier qui a duré trois ans, du petit jardin, le dessinant en restanques, créant des espaces distincts, dont un avec la piscine chauffée et l’autre avec une pergola végétalisée, ombragée, découvrant la Méditerranée. La vue, l’horizon une des grandes obsessions de Vicky qui a repris tous les plans en ce sens, agrandissant toutes les fenêtres, abattant ou déplaçant des cloisons. « Ainsi à l’origine, explique la décoratrice, à l’entrée de la maison, un mur occultait totalement le panorama. L’abattre a été ma première décision, affirmant fermement mes intentions. Et ça a tout changé. De même, j’ai allongé et élargi la terrasse ouvrant sur la cuisine pour qu’on puisse admirer la Corse et la Sardaigne. Je voulais vraiment que la Villa respire l’Italie, les vacances très dolce vita mais sans chichis, avec des suites faciles à vivre, deux cuisines, une principale pour préparer les repas, l’autre plus modeste pour grignoter, se retrouver sans tralala à n’importe quel moment de la journée. Et une salle de sport pour les addicts, qui ne se satisfont pas seulement des sports nautiques, des randonnées, mais qui veulent profiter de ces pauses hors du temps pour sculpter leur corps à l’image de Phœbus. »


une glycine prolonge cet espace.





La Villa Cacciarella, huit chambres, se loue, via The Thinking Traveller, agence ne proposant que des biens et des prestations d’exception. thethinkingtraveller.com
Vicky Charles, Studio Charles & Co.

Après avoir dirigé pendant 20 ans le studio de design de Soho House, marque d’hôtellerie, de restaurants et club haut de gamme, Vicky crée en 2016 à New York le Studio Charles & Co, avec deux bureaux à Londres et en Italie. Vingt personnes travaillent à ses côtés, sur des projets d’envergure, résidentiels en majorité. Elle avoue détester les tendances, ne pas les suivre, refuse d’être cantonnée à une esthétique unique, concevant un design sur mesure en fonction des clients, de l’architecture, des paysages. Pierres naturelles, bois et cuirs sont ses matériaux de prédilection parce qu’ils ont une âme et vieillissent bien.
@charlesandcostudio sur Instagram.
Article paru dans le numéro 183 de RD – Résidences Décoration.




